entre-deux lettres ² ◖࿓

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Sous le ciel rosé, mon regard ne pouvait plus se décrocher de sa couleur. Je me sentais comme le personnage principal d'un tableau.




— En plus de ses autres cadeaux, poursuivit Jungkook, je lui offrirai un album photos de nous deux. De nos onze ans à dix-huit ans. Ça m'a occupé toute la semaine, j'ai du mal avec tout ce qui est manuel.



Je souris, les mains dans les poches. Je l'avais remarqué.



— Et merci, pour le dessin. Il adore les personnages fantastiques et la « fée garçon »que tu as dessiné est super réaliste.



Si on enlevait le stress de rater que j'avais ressenti à chaque coup de crayon, dessiner pour quelqu'un m'a davantage motivé à m'améliorer et à tester d'autres styles.


On faisait route sur un trottoir longeant un pâté de maisons. C'était silencieux à cette heure-ci, aucun passant ne pointait le bout de son nez, comme si toute la ville semblait être déjà rentrée chez soi pour dîner.


Plus on s'approchait de l'immeuble et plus mes pensées tergiversaient... Les points dans ma tête allaient de mon inquiétude de l'inconnu à ma matinée psychothérapeutique.







— T'étais à Tomas Masaryk ? Ma question est bête vu que c'est le seul collège de la ville avec Sainte Anna.



— Tu y étais ?



— Je suis loin d'être catholique, mais mon père voulait que je reste dans le privé, j'étais fier qu'il me comprenne. C'est cool si on enlève les surveillants relous et les élèves racistes. Je me souviens qu'à la longue, le CPE a remarqué que Hoseok et moi sautons les prières du lundi matin. On a trouvé un arrangement qui était d'y assister sans chanter ; c'étaient les seules activités scolaires que je séchais. J'étais un bon élève avec plus de quatorze de moyenne de la sixième à la troisième, il sembla se moquer de lui-même. Tu me crois ?



— Oui.



Jusqu'à ce qu'on avance sans même que je sache où l'on se trouvait, il me confiait que son arrivée au lycée fut l'arrivée d'une dure période de rébellion, et que certaines choses avaient commencé à perdre de l'importance à ses yeux. L'école y compris.

J'entendais ce qu'il ne disait pas réellement. Vu la façon dont ses notes et son comportement ont chuté après seulement deux mois de vacances, la raison ne semblait pas être une crise d'adolescence passagère. Quand il m'en parlait, ça l'amusait, mais de mon côté, je restais de marbre en espérant qu'il avait été entouré et soutenu à cette période-là.

L'envie de faire une « pause-balançoire » sur sa dure journée de préparatif nous emmenait bifurquer vers un parc à côté de l'immeuble.




— Alors, tu étais à Masaryk ? reposa-t-il avant de mettre de la musique en fond sonore.


Je pianotais dans mes notes pour mieux répondre.


« Il y avait un collège qui proposait l'option art plastique dès la classe de cinquième. J'y suis allé au lieu de choisir un établissement de secteur. Ça m'avait intrigué et je pensais que ce serait une école sympa. Mais si ma grand-mère avait eu les moyens, elle m'aurait inscrite à Sainte Anna. »

Rose sont mes lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant