Rose sont mes lettres

𖣂 ᴍᴀᴛɪɴÉᴇ ᴅᴇ ᴘʀɪɴᴛᴇᴍᴘꜱ 𖠋

Au jardin de la maison kaki, les petits-enfants de Monsieur Melhoui s'amusaient à tournoyer des cerceaux autour de leur cheville. Le son harmonieux de leurs rires me touchait le cœur.

Du côté de la maison châtaine, la fille des voisins lisait un livre avec son chat atteint d'obésité depuis peu, Lexi, sur les genoux. Je me souviens quand plus petit, il venait toujours me rendre visite sans que je ne sache pourquoi.

Sur les branches de leur chêne, les pies réalisaient leur train-train matinal aux côtés des feuilles dont la couleur commençait à se pencher vers un véritable ton verdoyant.

Mes yeux admiraient la vue sous le rebord de ma fenêtre ainsi que les premiers lever du soleil. Je m'éveillais réellement quand une musique plus dynamique me coupa de mon moment de plénitude matinal, me faisant rappeler que mardi commençait.

Je massais mon front quand je regardais l'heure en gras sur mon téléphone. J'aurais pu me lever plus tard, à six heures et demie, mais ça avait été comme si mon corps avait disjoncté à quatre du matin en refusant de se rendormir depuis.

Avec le peu d'énergie que je commençais à obtenir, mes pieds traînaient sur le parquet vers ma salle de bain et sa température glacée que je haïssais, une haine envers le froid partait toujours au moment où je me retrouvais entouré du parfum aux fruits de mon gel douche et d'une fumée de vapeur chaude.

Je laissais glisser mon t-shirt sur mon corps avant d'entamer la même chanson avec un jogging et une chemise en coton, beaucoup trop ample pour moi.

Le fait que j'aimais avec mes cheveux était qu'ils n'avaient pas besoin de beaucoup de temps pour les coiffer étant donné qu'ils étaient complètement lisses de nature et que cinq, six coups de brosse suffisaient pour enlever les quelques mèches désobéissantes. Je m'aspergeais du parfum avant de dégringoler mon escalier pour aller à prendre un Candy-Up et une clémentine à la volée dans la cuisine.

J'ouvris la porte d'entrée et marchais pieds nus sur l'herbe fine du jardin après avoir mis mes écouteurs. Ma playlist démarra en aléatoire et je m'activais vers le cabanon à pelles et sécateurs envahi par la poussière et les toiles d'araignées pour prendre avec difficultés ce qu'il me fallait en chantant silencieusement.

Je changeais la litière des cages des lapins pendant que mon autre main retira doucement les petites boules de poils endormies. Je souriais, je me sentais vulnérable en voyant les petits lapereaux blottis contre leur mère et je me sentais un peu coupable de les déranger dans leur moment. Je nettoyais le plus vite possible leur cage à l'eau et au savon en jetant plusieurs coups d'œil vers les petites bêtes, histoire d'être sûr que l'un d'eux ne s'enfuyait pas en douce.

J'allais récupérer les œufs des poules sur leur nid avant de leur donner de quoi s'hydrater, quand les yeux ouverts de Scampi attiraient mon attention. Je la saluais en caressant le haut de sa tête. Scampi était une poule qui faisait son âge. Et â part se reposer dans son poulailler et me regarder droit dans le blanc de ses pupilles orangées avec un regard qui pour moi était à la limite du désespoir, elle ne faisait pas grand-chose de mon point de vue.

Satisfait de mon efficacité de soldat de la vie, je souriais en voyant l'heure sur mon téléphone :

6 H 58. J'étais dans les temps. En revenant à l'intérieur, j'embrassai le front de mamie qui venait de se lever, finissais ma clémentine qui laissait une odeur trop forte et désagréable sur mes mains et faisais mon chemin vers le lycée. Malgré ma fatigue matinale qui m'enivrait, j'observais attentivement les premiers rayons de soleil ainsi que le bleu du ciel qui montrait le bout de son nez de plus en plus tôt.

Nous étions en fin du mois de mars, à une saison spécialement faite pour les gazouillements des oiseaux et la renaissance des feuilles des arbres et de mes plantes préférées.

J'aimais beaucoup la nature. C'était aussi quelque chose de merveilleux.

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