entre-deux lettres 𖣂 𖢻

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L'heure fluorescente sur mon réveil passait de 21 : 47 à 23 : 02. Même si j'étais épuisé et que mon corps voulait dormir mon cerveau ne voulait pas. Je n'allais pas réussir à m'endormir. J'allumais la lumière de ma lampe et je regardais les alentours de ma chambre sans comprendre pourquoi. Mon corps me disait d'aller dormir, mais mon cerveau me disait d'aller prendre l'air en pleine nuit.


Je sortis de mon lit comme une marionnette.


Accroupi, je pris mon skateboard vieux de huit ans abandonné depuis des lustres en dessous de ma bibliothèque.


Je me couvris d'un sweat à capuche et d'un bonnet avant de prendre mon téléphone, d'éteindre la lumière et de partir de la maison de la façon la plus silencieuse possible. La fraîcheur de la nuit sans aucune brise me réveillait et me revigorait.




Pretty boy de TV Girl effaçait toutes mes mauvaises pensées l'espacé d'un instant et me laissait profiter des rues désertes et uniquement éclairé par des lampadaires incrustés de chewing-gums et de toiles d'araignée.

Après avoir dépassé la grille du skatepark que je me demandais si venir ici était vraiment utile. Même si j'avais l'habitude d'être seul et que je ne m'en rendais pas souvent compte, l'être dans un skatepark en pleine nuit avec juste trois pauvres lampadaires pour éclairer la zone était un peu flippant. Le pire était que j'avais écouté les envies de mon cerveau épuisé sans réfléchir parce que je ne savais même pas faire de skateboard.










Entraîne-toi et puis si tu te casses la figure, il n'y aura personne pour te voir et se moquer de toi. Tu seras seul dans ta honte.






Et heureusement que j'avais été seul dans ma honte ; excepté chuter sur les fesses et les mains dès qu'un pied se posait sur la planche, je n'avais pas réussi grand-chose. Pourtant, ça n'avait pas l'air si compliqué que ça quand je regardais dans la rue ou sur Youtube d'autres personnes en pratiquer. Alors pourquoi je n'y arrivais pas ? Je mis ma musique sur pause pour mieux me concentrer et faire de mon mieux, bien que je ne réussissais toujours pas à rouler plus de deux secondes sur la planche après douze essais. J'étais essoufflé et mon désespoir me chuchotait que je ne pourrais décidément jamais monter ce skate que mamie m'avait offert pour mes dix ans et je ne serais jamais comme les mecs cools qui skatait de leur temps libre. Je levai mes yeux vers le ciel noir qui me donnait l'impression d'être encore plus petit et encore plus perdu.


Je montais tout en haut d'un muret en béton dont une fois assis la hauteur me donnait l'impression d'être moins petit et perdu dans ce monde trop vaste, rapide et incompréhensible.


Quand leurs visages et leurs moqueries revenaient dans mes pensées, j'allais dans l'application « Notes » et m'empressais de dessiner tout ce qui me passait à l'esprit ; des papillons, des yeux tristes, des champignons, des yeux heureux, des fleurs, des étoiles, des cœurs, et 00:38  s'affichait sur le coin de mon écran. Ma voix intérieure me disait de rentrer à la maison quand des cris et des bruits de pas qui couraient sur le bitume résonnaient.


Je penchais ma tête pour regarder les personnes qui venaient d'arriver. Il y avait un garçon qui criait en courant sans aucune raison avant de s'arrêter net quand il me voyait le regarder du haut du muret. 




Mon envie de m'enfuir au fond d'un trou était à son maximum lorsque j'avais reconnu un garçon de ma classe, l'un des garçons de ma classe qui faisait partie de la bande à Jungkook.


Rose sont mes lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant