S'il y avait bien une chose sur laquelle mamie s'est toujours montré inflexible à mon sujet, c'était l'apprentissage d'un instrument de musique, quand elle même, ne savait jouer de rien.Alors quand le département a eu l'ingéniosité d'offrir une aide pour les jeunes en situation de handicap désireux d'entamer une activité extra scolaire, elle a saisi sur l'occasion.
Au début, j'étais entre les deux. Vu ma motivation inexistante par l'idée de rester encore dehors après une journée de cours pour une activité qui ne me tenait pas à cœur... Mais il fallait le voir comme une découverte. Comme une expérience.
Un savoir-faire en plus.À travers ma vision affaiblie de vidéos sur les probabilités, l'heure sur mon écran s'éclaircit par petit points. 17 ʜ 26.
Je pressai l'interrupteur de la salle de bain, avant de me tenir droit face au miroir. Mon reflet m'assaillit de regrets, par mes habits froissés, mon corps tendu et ce visage froid.
Ma main parcourut la commode sous le lavabo où s'entrechoquait une trousse remplie et
un eye-liner marron.Je le débouchais.
Sa pointe humide s'étalait du coin interne de mon œil jusqu'à l'extérieur et je ne m'arrêtais lorsque deux courbes fines et symétriques se soient mélangés aux traits de mon regard.
Je tentais une nouvelle fois de mieux regarder le garçon devant moi. Il me disait de sourire, d'appliquer toutes les couleurs du monde sur son visage pour que je ressente moins de vide.
Je remerciais les instants comme celui-ci, passés loin du reste du monde. Qui m'empêchait de m'abandonner, qui me laissait m'exprimer sans le regard d'autrui. Et cela depuis deux années.
Bien sûr, j'avais conscience que ce n'était pas ce qui était mieux vu au monde et qui m'apporterait le plus de commentaires bienveillants. Mais même si ce n'était que pour quelques minutes courte durée, le maquillage atténuait l'inconfort qui se glissait dans mes yeux lorsque j'échangeais avec mon reflet.
La première fois, c'était avec un fard à paupière bleu. En première année de lycée.
Il fallait que je commence un devoir à la pastel avant de me rendre compte que j'avais oublié ma boîte en salle d'arts plastiques. Je m'étais insulté de ne pas avoir pris mes précautions mais heureusement que mamie m'avait donné l'une de ses ancienne palette dont elle ne se servait plus.
Mon angoisse ayant pris le dessus sur mon doute, le pinceau saupoudré de fard s'était appliqué sur ma toile, avant de glisser sur mon doigt, sur ma main, ainsi que sur ma joue, puis ma paupière.
Quand ma poitrine s'était mise à me bruler de l'intérieur. Et j'ai tout enlevé. Sur ma paupière, ma joue et le bout de mon doigt.
Les jours étaient passés la sensation que j'avais ressenti ce jour d'apercevoir un autre reflet de mon visage ne m'avait plus quitté.
Alors je m'y suis remis une fois.Deux fois.
Puis des dizaines de fois juste pour me re-entendre avec mon miroir, pendant que des questions telles que si une autre chose clochait chez moi m'avaient rongé mon instant présent.
Ce quotidien où dans la rue, dans la télévision, dans la vie, j'étais forcé de comprendre que le maquillage se destinait uniquement aux filles m'avait plongé dans la confusion pendant un long moment. En tête à tête avec moi-même.
Heureusement, j'ai découvert qu'il existait des youtubeurs maquillage ainsi qu'au fond de moi, un peu de conscience pour ma personne.
J'ai fini par assimilé qu'une activité encrée comme féminine dans ma société n'était pas liée à mon orientation sexuelle et romantique. Et que je ne serais jamais enfermé dans un asile.Parce que ce qui m'avait tellement intrigué dans le maquillage, c'était la liberté et le pinceau que mes doigts détenaient lorsque je les appliquais sur mon visage. Pour que les couleurs se mélangent à ma peau.
À seize ans, j'avais compris que les formes et les dessins pouvaient aussi être sur ma peau. Une nouvelle forme d'expression et mon nouveau passe-temps.
Je ne voulais pas paraître plus féminin. Et cela n'avait rien avoir avec mon homosexualité contrairement à ce que l'on pourrait croire.
Ces idées reçues étaient contraires à ma réalité.Mamie a fini par le savoir. Mais elle pensait que parce que j'aimais les couleurs, j'en mettais aussi sur mon visage. Parfois, j'avais l'impression qu'elle vivait sur une autre planète.
Enfin, la plupart du temps elle se trouvait bien sur Terre.
— Taehyung, tu es dans la lune ? Il est moins le quart et ton cours est à sept heures. Un garçon qui est en retard est un garçon qui ne montre aucune considération.
Je m'emparai de mon sac à dos, prêt à descendre, quand mes yeux se mirent à me gratter.
Je repassais devant le miroir de la salle de bain, me fixant longtemps avec la sensation de souhaiter un courage que je ne posséderais jamais. L'eye-liner s'écoulait sur un morceau de coton humide et je voulais rire en observant mon regard de panda puis jee rinçais le visage une dernière fois.
J'enfilai mon bonnet et fis un rapide salut à mamie. Si la porte ne se se serait pas aussi vite refermée, je lui aurai rendu le même pouce levé qu'elle m'avait adressé.
Dehors, les rayons de soleil et la fraîcheur du vent caressaient mon visage, entraînant avec eux l'aperçu d'un sourire qui, comme parfois, n'avait pas raison de sortir de sa cachette.
𑁍
( nda 1er janvier 2022 : Vis-à-vis de Taehyung et de son rapport au maquillage, j'ai fait une correction mais je ne sais vraiment pas si c'est mieux... Je suis loin d'être un garçon et je n'ai aucune connaissance concernée non plus. S'il y a des choses qui sont mal exprimées, incohérentes ou autres, faites moi en signe. Je tiens à ce que mon histoire soit respectueuse.
Sur ce, prenez soin de vous ♥︎)
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Rose sont mes lettres
Fanfiction𝘋𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘺𝘦𝘶𝘹, 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦 é𝘵𝘢𝘪𝘵 𝘷𝘢𝘴𝘵𝘦 𝘦𝘵 𝘣𝘳𝘶𝘺𝘢𝘯𝘵, 𝘥é𝘣𝘰𝘳𝘥𝘢𝘯𝘵 𝘥'𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘥𝘪𝘷𝘪𝘥𝘶𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘯𝘦 𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘢𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘳 𝘭𝘶𝘪. Ayant du mal à nouer des liens avec les autres, trop a...