premiere lettre 𑁤

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Je frottai mes chaussures sur le tapis de l'entrée avant de m'empresser d'embrasser mamie. À mon bonheur, elle préparait plusieurs bouteilles de la limonade sur la table du salon.





Ça a été aujourd'hui ? me demanda-t-elle quand je rangeai mon manteau.



— Oui, c'était une journée un peu bizarre. Et toi ?



— Qu'est-ce que tu as eu de bizarre ?



Je regardais le parquet en me disant que moi-même, je ne savais pas par où commencer. Je ne me sentais pas comme tous les jours depuis l'EPS.


— Je ne sais pas.


Ses sourcils se froncèrent avant qu'elle n'essuie ses mains.

— Tu m'expliqueras mieux ce soir, en conlut-elle d'un ton hésitant. Il y a de la tarte aux poires et aux amandes dans le frigo si tu en veux.





Je lui fis signe que me laver était en ce moment même le plus important. Je rentrais dans ma chambre avant de prendre mon pyjama et d'entrer dans la salle de bain. Je rencontrais l'eau brûlante de la douche et l'odeur des fraises de mon gel douche et une fois au chaud dans mon pyjama, je descendis comme une fusée à la cuisine chercher une part de gâteaux qui m'accompagnerait dans ma promenade sur le jardin afin de saluer les habitants de la petite ferme.

La senteur et la sensation fraîche des herbes se mêlaient à mes pieds nus et à de belles émotions intérieures. Les animaux étaient tous réceptifs à mes caresses et ça me faisait plaisir de recevoir un peu d'attention.

Le froid devenait de plus en plus désagréable et je décidais de monter dans ma chambre faire mes punitions scolaires. Compte tenu de ma boîte à souvenir trop ouverte, je me repassais en boucle cette journée ; je ne savais pas pourquoi mes matchs de badminton avec Jungkook me revenaient sans cesse à la mémoire. Il était quelqu'un de sympa.

Une tonne de déconcentration plus tard, mes exercices d'espagnol étaient fait en une quarantaine minutes. Je clos mon cahier en abandonnant mes stylos sur mon bureau pour m'allonger sur mon lit et sa couverture en patchwork.

Mon oreiller bleu emprisonné entre mes bras, je pensais encore à lui, à comment il avait été avec moi. Je pensais au baccalauréat, au présent, au passé, à l'Ultimate Toupiz Ball et à ma mauvaise note final.

C'était un moment silencieux et banal, mais qui me remplissait le cœur et me transportait dans un monde qui n'appartenait qu'à moi, mais qui m'inquiétait.












Les moments que je préférais le plus étaient le soir.

Car il y avait les repas avec mamie, mon passage nocturne dans la ferme, les retrouvailles avec mon lit et surtout, le moment du choix vestimentaire pour le lendemain.

En tailleur sur la couverture, j'observai ma salopette kaki, mon pull blanc en col roulé et mes boucles d'oreilles pendantes en marguerite blanche et en fraise. C'était des boucles d'oreilles que j'avais créés à partir de pâte fimo. Et c'était fou de voir à quel point on pouvait créer plein de belles choses avec peu d'argent en utilisant uniquement son imagination et sa passion pour les activités manuelles. D'ailleurs, peut-être que je me ferai des boucles d'oreilles en forme de champignons ou bien de coccinelles. C'était ce que je me disais à table pendant que j'observais mon cordon-bleu noyé dans ma ratatouille.




Rose sont mes lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant