CHAPITRE 12

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YSIA


J'ai froid. Je sens l'humidité. Ma tête est sur le point d'exploser tellement elle me fait mal. D'un seul coup, tout me revient en tête. Quelqu'un est rentré dans mon appartement et m'a étranglé pour ne pas que je me sauve. Enfin, je me souviens avoir entendu plusieurs voix d'hommes donc celui qui m'a planté la seringue dans le cou ne devait pas être tout seul. Cette simple pensée suffit à me faire ouvrir les yeux et faire accélérer mon cœur. Qu'est ce que j'ai fait ?

Je regarde autour de moi mais tout est sombre, la seule lumière est produite grâce a deux néons au plafond. Mon cœur s'affole de plus en plus et mes mains sont encore plus moites que d'habitude. Où est-ce que je suis ? Je pense avoir compris que les hommes qui se sont introduits chez moi m'ont emmené dans cette cave, mais pourquoi faire ? Ma respiration commence à se faire plus rapide et ma vue commence à sa brouiller de larmes. J'essaie de faire le moins de bruit possible pour ne pas avertir mes ravisseurs que je suis sortie du sommeil. Mes larmes dévalent le long de mes joues et mon cœur s'affole de plus en plus. Je ne comprends pas. Je n'ai pourtant rien fait de mal. Est-ce que ces personnes ont besoin d'argent ?

J'essaie de calmer ma respiration en me disant que de toute façon je n'ai rien fait qui puisse me mettre dans une position si inconfortable, ils ont du se tromper de personne. Et si ils veulent de l'argent et bien je leur donnerai le numéro de mon compte bancaire et ils se serviront. Je me lève doucement, toujours dans un silence assourdissant et vais me placer devant la grande porte en métal. Je colle mon oreille contre celle-ci pour essayer d'entendre quelque chose mais rien. Silence. Une envie de vomir me prend soudainement aux tripes en me sentant aussi paniquée. Je retourne donc m'assoir dans le coin où je m'étais réveillée et décide de fermer les yeux. C'est sûrement un mauvais rêve. J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle, mon corps pèse une tonne et mes mouvements sont lents. Est-ce que j'ai vraiment été droguée ? Mes yeux se referment finalement de fatigue et mon esprit se calme peu à peu. Ce n'est qu'un mauvais rêve.




TIB


- On a gagné 6% par rapport à la semaine dernière, nous prévient Victor.

- La transaction s'est bien passée ? Je demande en tournant ma tête vers AD, assis sur son fauteuil, le visage froid, comme à son habitude.

- Oui, c'était calme, ils étaient une dizaine mais tout s'est passé comme prévu.

Je hoche la tête pour simple réponse. Hier soir, une transaction a eu lieu dans un vieux hangar de Syracuse. Un échange de drogue, qui nous a bien rapporté d'ailleurs. AD collabore depuis un bon bout de temps avec les New-Yorkais, ils se connaissent depuis belle lurette alors ils savent qu'ils peuvent se faire confiance entre eux, ce qui est rare dans ce milieu.

- Samuel t'a aidé hier soir ? Je demande en allant m'assoir sur le sofa, non loin du bureau.

Victor cale son épaule contre le mur et croise ses bras en attendant la réponse d'AD. Quel bouffon celui-là.

- On en sait pas plus, dit-il simplement en soufflant.

Il se passe ses mains sur ses yeux et se les frotte rapidement. Putain mais depuis combien de temps il a pas dormi ? Il y a qu'avec nous qu'on voit cette facette là de notre chef, celle où la fatigue se perçoit à travers son visage.

- Mais comment c'est possible, demande Victor d'un seul coup en se redressant, toi-même tu l'as dit qu'elle avait pas une vie passionnante et que il y'avait absolument rien de chelou dans son dossier, enfin même rien du tout, dit-il en regardant AD. Et Tib l'a suivi pendant plusieurs jours et à part aller à la librairie et faire ses courses, cette meuf ne fout rien, y'a vraiment un truc de pas net.

- Tu crois m'apprendre la vie là Victor, demande AD en sortant une clope de son paquet.

- Et si ça a un lien avec la mort de Daniel ? Je demande.

C'est vrai, la fille vit sa vie tranquille dans sa librairie, elle assiste à un meurtre et paf, disparition.

- C'est quoi le rapport, me sonde l'autre bouffon.

- Elle voit un meurtre et après elle se fait enlever, je dis en haussant les sourcils, le prenant légèrement pour un con.

- Si ça se trouve elle s'est pas faite enlever hein.

- Son appart était en bordel et sa porte grande ouverte  alors ça m'étonnerait qu'elle soit partie en voyage en laissant sa baraque dans cet état, répond AD en regardant Victor.

- Admettons que vous avez raison, y'a un truc qui cloche, commence-t-il, Daniel est mort, ses hommes enlèvent la fille, mais pourquoi faire ? Ça n'a pas de sens, si on suit la logique c'est a nous de l'enlever pour éviter qu'elle ouvre la bouche un peu trop fort, finit-il en nous regardant tour à tour AD et moi.

Je suis bien d'accord avec lui, c'est pour ça que ça ne colle pas.

- C'est sûrement les hommes de Daniel qui l'ont enlevé, parle le chef.

- Alors pourquoi on n'y va pas ? Je demande méfiant.

- Parce que j'ai d'autres choses à foutre que sauver le cul d'une gamine.

- Et si elle parle on fait quoi ? Victor lit dans mes pensées.

- On avisera à ce moment là.

On souffle tous ne comprenant rien à ce bordel.




YSIA



J'ouvre les yeux doucement, ne comprenant pas pourquoi je me gèle le bout du nez. Automatiquement, mon cœur bondit dans ma poitrine en voyant l'endroit où je suis. Je croyais l'avoir rêvé, mais non, c'est réel. Ma respiration s'accélère et je suffoque. Qu'est ce qu'il se passe ? Les larmes dévalent mes joues et cette fois, je n'essaie plus d'être silencieuse, mes sanglots font trop de bruit.

Je sursaute en entendant la grande porte en métal se déverrouiller. Un couinement de peur m'échappe et je me recule pour ne faire plus qu'un avec le coin du mur. Les légères lumières des néons me permettent d'apercevoir une carrure d'homme imposante.

- Debout ma douce, dit d'un seul coup cette voix grave.

Des frissons de terreur me paralysent le corps. Je crois reconnaître la voix de l'homme qui m'a étranglé à mon appartement. Les larmes ne s'arrêtent plus, contrairement à mon cœur qui s'arrête à chaque pas que fait l'homme dans ma direction. Un rire gras me parvient aux oreilles, me provoquant automatiquement un dégoût profond dans tout le corps.

- Allez on se lève, pas la peine de te cacher, rigole toujours cette même voix, si tu parles pas tu peux nous être bien utile pour autre chose tu sais, il y a pas que pour parler qu'on peut ouvrir la bouche ma belle.

Un sanglot m'échappe en entendant ses paroles. Bordel mais c'est qui ce détraqué ?

Ysia KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant