YSIA
Je frissonne de dégoût lorsqu'il me prend le bras pour venir m'installer sur une chaise en métal. Les larmes ne quittent pas mon visage et ruissellent de plus en plus vite le long de mes joues. L'homme que je n'ai pas osé regarder une seule fois dans les yeux depuis le début, me contourne et attrape mes poignets. Je n'ose pas parler, j'ai trop peur de dire quelque chose qui pourrait m'enfoncer encore plus. Une fois m'avoir passé une corde rigide autour de mes mains, il revient face à moi et fais de même avec mes chevilles. Il se dirige vers la porte et sors. Un souffle de soulagement quitte mes lèvres, j'ai peur. Je ne sais pas ce qu'ils vont me faire, je ne comprends même pas qui ils sont.
Depuis que je suis petite, je me suis toujours tenue à carreaux, j'ai toujours écouté quand on me demandait de faire quelque chose, j'avais de plutôt bonnes notes, je sortais avec mes amis, mais jamais je n'ai eu d'ennuis avec qui que ce soit.
Est-ce que ces hommes ont un rapport avec le petit braquage de la supérette il y a quelques jours ? Peut-être qu'ils m'ont vu et m'ont retrouvé. Peut-être qu'ils veulent de l'argent en échange de mon silence. Peut-être qu'ils pensent que je suis allée voir la police ? Mes interrogations resteront sans réponse parce que le bruit de la porte qui s'ouvre coupe net mes pensées. Mon cœur recommence à battre à vive allure. Deux hommes passent la porte de la « cave », le premier, je ne l'avais jamais vu, je lui donnerai la trentaine à peu près et le deuxième est celui de tout à l'heure. La seule chose que je peux voir à leur propos est leur carrure imposante et la couleur sombre de leurs habits.- La voila, fit le plus vieux.
Il s'avance de plus en plus près dans un sourire de psychopathe. J'ai l'impression que je peux m'évanouir à tout moment. La panique et la confusion me hantent, je ne comprends rien mais j'ai peur.
- Alors ma belle, c'est quoi ton petit nom, me demande-t-il toujours dans un sourire.
Ma respiration se coupe. Je veux partir de là.
- Je- je m'appelle Ysia, je réponds tout bas.
- Merveilleux, tape-t-il dans ses mains.
Que quelqu'un vienne m'aider, je ne veux pas mourir.
- On va faire un marché ma belle Ysia, dit-il en commençant à marcher lentement tout autour de moi, je vais te poser quelques questions et si tu es gentille, tu auras le droit à une bouteille d'eau avec un peu de pain. Si jamais tu n'ouvres pas ta jolie petite bouche, tu en subiras les conséquences.
Les larmes reprennent de plus belle, qu'est ce que ça veut dire ?
- Est-ce que ça te va ma belle ? S'arrête-t-il derrière moi.
N'étant pas en position de négocier quoique ce soit et n'ayant surtout aucune envie d'attirer les foudres de cet homme, je réponds d'un hochement de tête.
- Bien, on va pouvoir commencer.
Il récupère une chaise qui était près de la porte et la positionne en face de moi. Le deuxième homme qui était en retrait, vient se positionner à côté de son « collègue ».
- Pour qui est ce que tu travailles ? Demande le plus vieux tout à coup l'air beaucoup plus sérieux.
- A la librairie, je dis doucement, je travaille avec Éveline.
Est-ce qu'ils la connaissent ? J'entends le deuxième homme s'esclaffer en baissant la tête. Mes sourcils se froncent ne comprenant pas sa réaction. J'ai dit quelque chose de mal ?
- Qu'est ce que tu peux me dire sur AD, hausse-t-il la voix.
Des gouttes de sueur dégoulinent le long de mon dos recouvert par mon sweat. Qui est AD ?
- Je ne comprends pas, dis-je confuse.
- Il t'a demandé de rien dire hein, ricane l'homme en face de moi, dernière chance ma belle, parle moi d'AD.
Mon cœur s'accélère de plus ne plus et mes yeux jonglent entre l'homme face à moi et celui sur la gauche.
- Je- je ne connais pas de AD, expliquais-je finalement.
Je relève finalement la tête en entendant la chaise grincer sur le sol. Je remarque maintenant de plus près qu'il porte un pull bleu marine ainsi qu'un pantalon noir. Il dégage une forte odeur de transpiration qui me pique les narines.
Je le suis du regard lorsqu'il fait les cent pas dans la pièce.
Mon cœur va sortir de ma poitrine si je ne me calme pas.
Il se place finalement derrière et un cri s'échappe d'un coup de ma bouche en sentant ma tête partir en arrière. Sa poigne dans mes cheveux est ferme, tellement que j'ai l'impression que mon crâne chevelu est sur le point de se décoller.
- Tu es sûre de toi ma belle, me demande-t-il en souriant.
Il prend plaisir à me faire mal ? Quel genre de psychopathe se trouve dans mon dos ? Mon cœur bondit encore et encore, suivi d'un sanglot qui s'échappe de mes lèvres.
J'essaie de hocher la tête comme je le peux, mais sa poigne se fait plus violente. Ma tête est tellement en arrière que je croise les yeux marrons de l'homme. Il relève la tête pour regarder devant lui et hoche celle-ci de haut en bas. J'ai à peine le temps de reprendre ma respiration qu'un hurlement m'échappe.
PUTAIN.
Une douleur comme jamais je n'avais ressenti se propage dans ma cuisse. J'ai l'impression qu'on m'arrange la peau de ma jambe droite. Je plisse les yeux de toutes mes forces et ma voix se terre dans le silence pour ne laisser place qu'aux bruits de mes sanglots.
- Est-ce que tu es apte à parler maintenant ? Me demande la voix dans mon dos.
N'ayant aucune force pour répondre, il prend mon silence pour un oui car il me relâche les cheveux d'un coup sec, si bien que ma tête tombe lourdement en avant. J'ai l'impression d'être en train de mourir de l'intérieur. Ma cuisse me fait affreusement mal, je n'ai jamais ressenti une telle douleur physique.
Je veux que ça s'arrête.
- Je vous jure que je ne connais personne qui s'appelle comme ça, je vous dis la vérité, m'exclamais-je en pleurant tout ce que je peux.
Je sens mes forces me quitter doucement. Je crois que je suis en train de partir. Mais suis-je seulement en train de faire un malaise ou la vie est en train de me quitter ? Avant que mes yeux ne se ferment pour de bon, j'entends cette même voix grasse me murmurer :
- Alors comment ça se fait que ton cul était sur le lieu du meurtre ma belle ?
Je ne comprends pas.
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Ysia Knight
ActionElle essayait juste de faire le deuil de son passé. Mais comment s'est-elle retrouvée au beau milieu d'un réseau de trafic de drogue. Comment a-t-elle pu passer de libraire à prisonnière ? Comment en un regard il a su que ça serait plus complexe qu'...