YSIA
C'est à 5h48 que mes yeux ont décidé de s'ouvrir ce matin pour ne plus se refermer de la nuit. J'ai traîné dans le canapé à repenser à ces derniers jours sans avoir une seule explication plausible. Je sais que j'ai été entraînée dans quelque chose de pas net, je l'ai vu dans ses grands yeux sombres. Il était effrayant.
C'est seulement au bout d'une heure que je décide de bouger mes fesses de ce canapé pour aller me préparer un chocolat chaud et prendre ma douche. Je prends le temps par la même occasion de changer mes pansements étant donné que je ne l'ai pas fait depuis que je suis rentrée. Je récupère des compresses que je viens poser sur ma cuisse, toujours aussi fragile et je m'habille d'un pantalon ample et d'un pull noir à manches longues.
Mon cerveau et mon coeur sont en total opposition ce matin. Mon cœur me soumet de reprendre le travail pour essayer de reprendre un semblant de vie normale et retrouver Eveline me ferait le plus grand bien. Mon cerveau lui me dicte de rester barricader dans cet appartement et ne plus jamais y sortir au risque de croiser des chemins pas clean.
Un long soupire sort de ma bouche lorsque je me lève pour aller ouvrir les stores de ma baie vitrée et récupérer mon manteau noir par la même occasion.
Je vais reprendre le travail.
Au bout d'une petite quinzaine de minutes, je perçois enfin l'enseigne de la librairie. Automatiquement mon cœur se sert en pensant que je n'ai pas pu prévenir Eveline de mon départ et qu'elle a dû se débrouiller seule. Je souffle un coup pour me donner le courage de franchir les quelques pas qui me séparent encore de la bibliothèque et j'ouvre la porte lentement. Mes lèvres s'étirent en sentant cette odeur que j'aime tant. Depuis petite, mon premier réflexe lorsque j'achète un livre c'est de le sentir. J'ai toujours adoré le parfum que ça dégage.
- Oh bah ça alors, entendis-je soudainement.
Perdue dans ma réflexion, je n'ai pas entendu ma patronne s'avancer jusqu'à moi. Je lui adresse un sourire crispé ne sachant pas quoi lui donner comme excuse. Est ce qu'elle est beaucoup fâchée que je sois partie du jour au lendemain sans prévenir ? Sûrement.
- Je suis contente de te voir ma fille, j'espère au moins que tes vacances se sont bien passées, tu les méritais bien.
Je la vois se retourner pour longer les rayons et remettre en ordre certains bouquins.
- Je suis dé-
- Oh mais t'excuse pas enfin Ysia, me coupe Eveline, c'est pas comme si tu étais partie sans prévenir, j'ai reçu ton message, certes je l'ai vu un peu tard mais t'en fais pas. Raconte-moi comment c'était Paris ! Tu as pu revoir ton amie ?
Bordel.
Ils avaient donc tout prévu pour que personne ne soit à ma recherche c'est ça ? Je ne sais pas si je dois me sentir soulagée qu'Eveline ne soit pas énervée ou angoissée à l'idée qu'on intervienne aussi facilement dans ma vie.- Heu oui, je dis simplement en avançant vers elle, c'était chouette.
Super alors, tu n'es pas restée longtemps, tu es rentrée quand, demande-t-elle finalement en tournant son visage pour attendre ma réponse.
Je mords ma lèvre dans un réflexe de panique en cherchant quelle réponse lui donner.
- Hier soir, je suis rentrée hier soir.
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Ysia Knight
AksiElle essayait juste de faire le deuil de son passé. Mais comment s'est-elle retrouvée au beau milieu d'un réseau de trafic de drogue. Comment a-t-elle pu passer de libraire à prisonnière ? Comment en un regard il a su que ça serait plus complexe qu'...