CHAPITRE 23

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YSIA

2 jours que je suis rentrée à mon appartement mais que je n'ai pas eu le courage de sortir de chez moi. Je crois que je suis encore retournée par ce qu'il s'est passé. Et si hier matin je me suis réveillée avec la sensation que ce n'étais juste un cauchemar, ma cuisse s'est fait un malin plaisir de me rappeler que tout était bien réel.

  Je devrais retourner travailler, voir Éveline, reprendre ma routine, mais je n'arrive pas à trouver le courage. J'ai peur de recroiser ces personnes sur mon chemin. J'ai peur de sortir.

  Quand je suis rentrée, il y a deux jours, je me suis rappelée que je n'avais plus mon ordinateur, j'ai donc écrit sur des feuilles. Je ne veux surtout pas qu'il pense que je l'ai oublié.

  Mon cœur s'accélère rien qu'en imaginant le fait que l'homme qui m'a mis dehors il y a quelques jours a sûrement lu tous mes mails.

  Je n'ai pas cherché à contacter la police, j'ai bien compris ce qu'on m'a dit. Je n'ai d'ailleurs eu aucune nouvelle d'Éveline, ce qui m'inquiète fortement. Elle ne s'est pas demandée pourquoi je ne suis pas venue travailler ces jours-ci ? Je pense retourner à la librairie dès demain matin, ça me changera les idées et m'évitera de cogiter toute la journée sur ce qu'il s'est passé.

  Je pose ma tasse de chocolat sur la table basse et je déplie ma couverture que je viens poser sur mon corps gelé. Depuis que je suis rentrée, je ne dors plus dans ma chambre. J'ai trop peur de ne pas entendre s'il se passe quelque chose chez moi alors je préfère être au plus près de la porte d'entrée. J'éteint la lumière et essaie de m'endormir.

TIB

  Je referme le pochon transparent qui contient la poudre blanche et le mets avec le reste des sachets. Je m'étire un coup et décide de monter à l'étage pour aller dormir. La plupart des gars ont leur propre maison aux alentours et d'autres ont des chambres dans un immeuble de AD.

  Je passe par la chambre de Maïna pour lui dire au revoir mais en poussant la porte, je la vois lire un livre.

- Tu dors pas, je lui demande en m'approchant.

  Elle ferme son livre en secouant doucement la tête. Cette femme est la définition même de la douceur.

- Tu penses à l'autre imbécile, je rigole doucement en venant m'asseoir près d'elle.

     Ma phrase entraîne directement son rire et je prends le temps de regarder ma sœur en profondeur.

- Dis moi ce qu'il y a Maïna.

Elle baisse directement la tête sur ses mains pour fuir mon regard.

- Maïna, je souffle.

- J'ai l'impression d'être de trop ici, dit-elle en relevant le visage pour planter ses yeux foncés dans les miens, y' a que toi qui es là et encore, tu restes jamais bien longtemps et vous me grondez tout le temps.

Sa façon de parler me donne envie de sourire. On dirait une putain de gamine. Mais c'est ce qu'elle est au fond. Avec nous en tout cas. Le problème de Maïna c'est qu'elle pense toujours aimer les gens plus que les gens ne l'aiment. Elle a toujours besoin d'être rassurée et qu'on soit là pour elle, pour lui montrer qu'on l'aime autant, si ce n'est même plus qu'elle nous aime nous. Le problème c'est que le cartel le permet pas toujours, et voilà ce que ça donne.

- Tu sais qu'on a du taf Maïna, je lui explique doucement.

- Je sais, elle baisse de nouveau la tête pour jouer avec sa bague.

Ysia KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant