Ysia Knight

CHAPITRE 27

YSIA

     C'est sans surprise que je me réveille dans la même cave que la dernière fois. Je ne sais pas si je peux dire que je suis rassurée de ne pas être chez le premier homme qui m'a enlevé ou non. Je suis assise sur un matelas aussi fin qu'une feuille de papier dans le coin de la pièce. J'ai l'impression que me retrouver dans une cave est devenu mon quotidien. Et ça n'a rien de normal bon sang. Qu'est ce que j'ai encore pu faire de mal ? Je songerai bien à déménager mais je ne suis pas sûre d'avoir assez d'argent de côté et je ne veux pas mêler Éveline à mes "histoires" en lui demandant de m'héberger.

     Je reste bloquée dans mes pensées au moins un bon quart d'heure avant d'entendre des pas dans le couloir devant la porte qui mène à ma cellule. Je rabats mes jambes contre ma poitrine et je ferme les yeux un court instant pour essayer de reprendre une respiration normale. Je croise mes mains sur mes genoux pour les empêcher de trembler et je baisse ma tête dans celles-ci. J'ai l'impression d'être une enfant mais je ne veux pas mourir maintenant et je sais qu'entre tous ces hommes armés, ma vie ne tient qu'à un fil.

     La porte s'ouvre finalement dans un long grincement qui fait accélérer les battements de mon cœur. J'essaie de compter jusqu'à 10 dans ma tête pour essayer d'évader mon esprit et penser à autre chose que cette personne qui vient de mettre les deux pieds dans cette cave.

Un.

     J'entends ses pas se déplacer dans la pièce.

Deux.

     Il se déplace à ma droite.

Trois.

     Je serre mes paupières autant que je le peux quand j'entends le bruit du métal trainer par terre.

Quatre.

     Il traîne une chaise ?

Cinq.

     Le bruit se fait entendre juste devant moi. A quelques mètres seulement.

Six.

     Plus rien.

Sept.

     C'est un silence de mort qui recouvre la pièce.

Huit.

     J'ai l'impression que seuls les battements de mon cœur résonnent dans ce silence assourdissant.

Neuf.

     Je respire un grand coup pour me donner le courage de relever la tête.

Dix.

     Je remonte mon visage jusqu'à plonger dans ses deux pupilles noires.

     Son regard est sombre et terrifiant mais il y a quelque chose de tellement profond qui fait que quand on le regarde plus de 2 secondes, il est impossible de sortir de cette noirceur. La pièce est légèrement plus éclairée que la dernière fois et ça me laisse le temps de voir que l'expression de son visage ne me dit rien de joyeux. Il a l'air énervé.

- Tu t'es prise pour qui Ysia, il demande en joignant ses deux mains ensemble.

     J'ai horreur de la façon dont il prononce mon prénom. Il y a tellement de mépris dans sa voix. Je ne comprends pas ce que j'ai pu faire de mal. C'est moi qui devrais mépriser cet homme en face de moi. Je sais qu'il ne fait pas dans le légal. Alors pourquoi c'est moi que l'on regarde comme si je n'étais rien.

     Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

- Tu t'attendais à quoi en allant porter plainte, il dit doucement en se levant de sa chaise.