CHAPITRE 5

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YSIA

    C'est a 19h47 que je m'autorise à arrêter mon rangement. Je rejoins la réserve, éteins la lumière et ferme la porte. J'éteins ensuite la lumière principale et je récupère mon manteau derrière la caisse.

    Après avoir vérifié que la porte était bien fermée et le store baissé, j'entame mon chemin en direction de mon appartement. Je ne passe pas par le même chemin que le soir du règlement de compte, je fais un détour dans une rue beaucoup plus éclairée. La tête dans l'écharpe et les écouteurs aux oreilles, je fredonne l'air de Happier Than Ever. Je fais attention à ne pas marcher dans les flaques d'eau et continue ma route aussi vite que je le peux. Je ne fais pas attention à ce qu'il se passe devant moi jusqu'à temps où mon cœur s'arrête. Quelqu'un est là. Je le sens. J'ai cette impression d'être épiée. Je me retourne sur moi-même et analyse les alentours. Rien. Personne. Pourtant je le sens. J'en suis sure.

Mes mains sont moites.

Je lève la tête pour regarder en haut des immeubles. Toujours rien. Je continue ma route en accélérant la cadence. Sûrement des ivrognes qui sont de sortie un jeudi soir.

    Arrivée à mon appartement une quinzaine de minutes plus tard, je me débarrasse de mes affaires et je fonce directement dans la salle de bain. Je me déshabille entièrement, m'attache les cheveux et m'enferme dans la douche. Je pourrais y rester 2 heures tellement l'eau chaude est réparatrice. Je me savonne avec mon gel douche à l'abricot et me rince directement.

    Enroulée dans ma serviette blanche en coton, je passe ma main sur le miroir pour effacer la buée. Je libère mes cheveux que je viens démêler à l'aide de ma brosse. Je ne les ai coupé que très rarement, peut être une fois ou deux étant petite. Il les aimait tellement. Leur couleur de jais lui rappelait celle des corbeaux. A ces pensées, mon cœur se serre. Mes mains sont moites. Je ferme les yeux de toutes mes forces pour éviter aux souvenirs d'inonder ma tête. Mais c'est trop tard. Je m'agrippe au lavabo de toutes mes forces en sentant une larme s'échapper de mon œil droit. Tu ne dois pas craquer. Tu lui as promis. Une autre se fraye un chemin le long de ma joue gauche. Respire Ysia. Après avoir retrouvé un semblant de respiration normale, je réouvre les yeux et ramasse ma brosse que j'ai laissé tomber. Je change ensuite mes deux pansements le plus rapidement possible pour ne pas m'attarder sur cette tâche et je me rends à la cuisine.

    Après avoir avalé quelques tomates et un yaourt, je me prépare ma tisane. Je récupère mon ordinateur et m'installe comme tous les soirs, sur mon canapé en cuir. J'écris. J'envoie. Après ça, je me rends dans ma chambre, récupère l'enveloppe qui était dans ma table de chevet et la pose sur la table. Je remplie le montant du chèque et je mets le nom de la personne à qui je veux l'envoyer. Voyant l'heure défiler, je me rends dans ma chambre après avoir baissé le store du salon. Je me glisse sous la couette et me tourne du côté de la porte coulissante. Je ne ferme jamais le store de cette pièce. J'adore regarder New York de nuit. Je trouve qu'il y a quelque chose de fascinant à travers tous ces points de lumière. Peut-être que ça me rappelle que je ne suis pas toute seule. Ou peut être bien que si...

    7h30. Le réveil résonne dans ma chambre. Je suis tellement fatiguée. Je me suis réveillée à 2 heures et à 5 heures. Sortie de mon sommeil par le même cauchemar depuis 4 ans mais cette fois-ci, un élément s'est ajouté au rêve. Un tir d'arme. J'évite de repenser à ça et je sors de mon lit de bonne humeur toute de même grâce aux rayons du soleil qui transpercent ma chambre. C'est tellement rare. J'aère ma chambre puis je me rends à la salle de bain me débarbouiller. J'ouvre le store de la pièce principale et range la vaisselle qui traine sur le comptoir. Je prépare ensuite mon fameux chocolat chaud que je prends le temps de boire devant la baie vitrée du salon.

Ysia KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant