TIMOTHE
Ils avaient marché en silence dans les rues de la ville. David s'arrêtait parfois pour observer un bâtiment et marmonnait des « non » ou des « trop à découvert » en repartant de plus belle. Ils avaient continué environ un quart d'heure avant que Timothé ne sente la déception le gagner. David comptait-il le faire tourner en bourrique jusqu'à ce qu'il capitule ? Avait-il vraiment décidé de l'aider ? C'était à croire que non.
— Tu fais exprès de dire non à chaque fois, pas vrai ? avait-il fini par demander.
— Non.
Timothé ne savait même plus s'il s'adressait à lui ou aux bâtiments qu'il analysait.
Ils n'étaient plus très loin de l'arrêt de bus où leur aventure avait commencé, et il était en train de se dire que ce serait un joli symbole que de se faire envoyer chier sur leur lieu de rencontre, quand David avait enfin déclaré:
— Je pense que là c'est pas trop mal. Enfin c'est pas fou, mais c'est le mieux qu'on ait, jusqu'ici. Bien sûr, il faudrait organiser une planque sur plusieurs jours pour connaître les habitudes des habitants de l'immeuble et savoir quand agir, mais on a pas le temps pour organiser ça, et puis on devrait avoir fini rapidement: on crochète, on referme et on repart. Donc je pense que ça fera l'affaire !
— C'est vrai ?
Timothé était aux anges. Il ne voyait pas en quoi l'immeuble en question était différent de tous ceux auxquels il avait dit non, mais il avait suivi David à l'intérieur sans poser de question. Ce dernier avait chuchoté pour que seul Timothé puisse l'entendre.
— Maintenant, il faut décider de quel appartement on va s'occuper. À ton avis, lequel on devrait choisir ?
— Hum, j'en sais rien... Le dernier étage ?
— Faux ! On pense à tort que c'est le plus simple, mais en fait c'est l'un des plus risqués.
Ils avaient monté l'escalier, et Timothé avait trébuché sur une marche. David s'était retourné pour lui faire de gros yeux (« chuuuuut ! »), et il avait eu l'air tellement sérieux que Timothé n'avait pas osé demander pourquoi. Il se contenterait de suivre les indications.
Arrivé au troisième étage, David s'était arrêté et avait regardé les deux portes. Il en avait désigné une.
— Celle-là.
— Pourquoi ?
— Regarde les paillassons. Quelqu'un a fait le ménage ce matin et ce paillasson n'a pas été reposé correctement, alors que l'autre oui. Ça veut dire qu'il n'y a personne qui est revenu dans cet appart depuis ce matin.
En effet, l'un des paillasson était en équilibre alors que l'autre avait pris sa place, comme tout paillasson bien élevé. Timothé était soufflé par le sens de l'observation de David.
— D'accord.
Il avait sorti les outils de son sac à dos et avait rejoint David qui avait collé son oreille contre la porte, par précaution.
— Je n'entends rien, je pense que tu peux y aller.
— On ne devrait pas sonner, pour être sûr ?
— Non, ça risque d'attirer l'attention des voisins.
Timothé s'était agenouillé devant la porte et avait commencé à agiter ses tournevis dans la serrure avec un air confiant. Pourtant, au bout de cinq minutes, il ne s'était toujours rien passé.
— Je pensais que tu savais ce que tu faisais...
— Non... J'ai regardé un tuto avant, mais j'avais jamais essayé.
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Les Kaléidoscopes
Ficção AdolescenteTrévor a 17 ans. Il déteste la moutarde, les maths et la marque champion. Théo fait du vélo. On le croise parfois près de la gare ou agitant les bras près d'une intersection pour préciser qu'il va tourner. Tyler n'a pas une minute à lui. Artiste mys...