DEUX SEMAINES PLUS TARD...
TYLER
Mardi 28 juillet — 11 h 07
Les jours suivants avaient à peine suffit à Tyler pour redescendre de son état de gaieté si vite retrouvé. Il avait dû se forcer à ne pas retourner au bar juste pour voir s'il y croiserait Émilio.
Pourtant, sa soirée de vendredi avait beau ne plus vouloir quitter son esprit, il avait vu son humeur voler en éclat quelques jours plus tard lorsqu'il avait repassé les détails une énième fois dans sa tête et qu'il s'était demandé si l'histoire de cabine et de correspondance par courrier, plus qu'un moyen de garder contact avec le guitariste, n'était pas plutôt une ruse pour se débarrasser de lui. Stupéfait de ne pas y avoir pensé avant, il s'était mis à repenser à tous les signes de la soirée qui pouvaient le conforter ou non dans cette hypothèse. Bientôt, il revoyait le sourire moqueur d'Émilio lorsqu'il lui avait demandé « pourquoi tu me regardes comme ça ? ». Quel idiot. Il aurait dû le comprendre avant. Mais il était trop occupé à le regarder comme un abruti et à boire ses paroles... Non, ça n'avait pas de sens. Émilio s'était intéressé à cette histoire de book et de dessin. À moins que ce ne soit sa façon de se moquer de lui ? Et il était tombé dans le panneau en lui donnant son adresse, alors qu'il ne recevrait jamais de lettre ni d'appel en PCV qu'il serait obligé d'accepter de payer avec son argent de poche... Il avait pensé à toute allure et en quelques minutes avait basculé dans la certitude complète que tout cela n'était qu'une déception de plus. Après tout, à quoi s'était-il attendu ?
Avec un soupir las, il s'était laissé tomber sur son matelas et avait regardé le plafond avec l'impression que son âme était partie en vacances. Il était brusquement vidé de toute cette belle énergie, et se rendait compte qu'elle n'avait jamais eu aucune valeur. Puis son téléphone avait vibré et il l'avait saisi sans y penser pour en lire le contenu.
Il s'était redressé brutalement, et toutes ses idées négatives s'étaient envolées pour faire apparaître à nouveau la sensation de légèreté, comme si elle n'était jamais partie.
« Hey.
Je joue un concert avec mon groupe en ville. Si ça t'intéresse, je peux te trouver une place. Ou deux. C'est ce soir à 20h. Tiens moi au courant.
Em. »
— Yes, yes, YES ! avait crié Tyler en faisant des petits bonds dans sa chambre.
Il avait ensuite fixé l'écran pendant cinq minutes sans savoir quoi répondre. Devait-il commencer son message par « Hey », ou demander directement de quelle cabine il lui écrivait ? C'est quand il l'avait pensé qu'il s'était rendu compte de sa stupidité. Émilio avait donc menti ? Ou écrivait-il avec le téléphone de quelqu'un d'autre ?
Peu importait vraiment la réponse à ces questions, puisqu'il lui avait écrit.
Il avait tapé frénétiquement sur son clavier.
« Hey !
La cabine téléphonique était en panne ? Si je dois attendre tes places par courrier, j'espère être à l'heure. Une place sera suffisante. À ce soir :)
Ty. »
Il avait enlevé et remis le smiley trois fois, puis avait décidé d'attendre au moins cinq minutes avant de répondre. Au bout de trente secondes, il avait appuyé sur « envoyer » malgré tout et avait tenté de se duper lui-même à coup de « mon doigt à ripé ».
La réponse d'Émilio ne s'était pas faite attendre:
« Je me doutais que tu avais marché. J'ai un téléphone, mais n'essaye pas de stalker mes réseaux, je n'ai pas menti là dessus. On peut se retrouver un peu avant au bar de l'autre soir pour que je te donne la place. Je serais avec mon groupe mais tu peux te joindre à nous. »
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Les Kaléidoscopes
Fiksi RemajaTrévor a 17 ans. Il déteste la moutarde, les maths et la marque champion. Théo fait du vélo. On le croise parfois près de la gare ou agitant les bras près d'une intersection pour préciser qu'il va tourner. Tyler n'a pas une minute à lui. Artiste mys...