TIMOTHE
Vendredi 28 août — 14 h 16
Quand il s'était rendu compte qu'il avait de nouveau laissé le film de ses pensées prendre le pas sur son interaction avec le monde réel, il avait mis les images sur pause avant que le générique ne se mette à défiler d'un ton dramatique.
C'était quand même idiot, se disait-il, d'avoir pris la décision de passer à l'action pour éviter que ce film ne le rende dingue, et que ce soit le fait d'être passé à l'action qui ait en fait empiré son état. Il avait la vague impression d'être le dindon de sa propre farce.
Il avait refoulé ses pensées, détaché son regard de la vitrine du bar, et avait fait un ultime effort pour revenir dans le personnage.
C'est en début d'après-midi que Timothé avait voulu passer à ce qu'il avait appelé les « choses sérieuses ».
— Tu sais ce que j'ai le plus aimé dans ma visite à Nausicaá ? avait-il demandé à un David sceptique.
— Acheter ta peluche débile ?
Timothé avait souri devant sa familiarité. Il serait plus facile de le convaincre pour la suite des aventures s'il commençait à être moins froid.
— Entrer gratuitement.
David avait souri.
— C'est vrai que c'était cool, ça.
Timothé avait ressorti sa liste et lui avait jeté un œil.
— Tu sais pas fabriquer des bombes, par hasard ?
— Non...
— Ni hacker le FBI ?
— Non... Y'a pas de FBI en France, en plus.
— Oh... Et la CIA ?
— Non plus, mais je sais pas hacker de toute façon...
— Dommage.
Déçu, il avait barré une ligne de sa feuille.
— Bon, il nous reste plus que deux trucs à faire, alors...
David était soulagé. Il avait beau avoir apprécié son entrée gratuite à Nausica, il ne se sentait pas prêt à faire beaucoup d'autres choses en compagnie de Timothé si cela impliquait chaque fois de flirter avec l'illégalité.
— Je sais que j'ai dit qu'on commencerait par le plus facile pour finir avec le moins faisable, mais puisque qu'on a déjà écarté tous les trucs fun... En plus je me dit que ce serait mieux de le faire avant l'heure de pointe, sinon on va se faire choper...
David était inquiet.
— De quoi tu parles ?
— Tu verras. D'abord il faut qu'on fasse des petites courses.
David avait pris docilement la direction du centre ville, entraîné par Timothé. Ce dernier était en train de faire marcher ses méninges. Il ne savait pas bien comment il allait s'y prendre, ni pour convaincre David de participer à la mission, ni même pour réaliser la mission en question.
Il était tout de même content de ne pas être resté enfermé chez lui, et d'avoir pris cette décision. Si les pensées qu'il tentait de fuir le poursuivaient un peu, il n'osait pas imaginer ce que ça aurait été s'il était resté à leur merci. Cette dernière sortie lui faisait oublier toutes ces choses qu'il espérait mettre de côté, celles auxquelles il lui était trop compliqué de penser. C'était soulageant. Mais il se l'était promis: rien qu'une dernière fois... à moins que ça vaille la peine de poursuivre ? La sensation était agréable. Il avait l'impression d'être libre à chaque fois, d'être neuf, et c'était grisant. Il pouvait être n'importe qui, n'importe quand. Il y réfléchissait et se disait que c'était un peu son super pouvoir à lui.
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Les Kaléidoscopes
Подростковая литератураTrévor a 17 ans. Il déteste la moutarde, les maths et la marque champion. Théo fait du vélo. On le croise parfois près de la gare ou agitant les bras près d'une intersection pour préciser qu'il va tourner. Tyler n'a pas une minute à lui. Artiste mys...