Nous sommes lundi, 4h00 du matin, le car part pour 4h30 et comment dire que nous avons fortement la tête dans le cul.
- Ta valise est prête ? Me demande Kévin.
- Oui !
- T'as tout ? Rien oublier ??? Ton cerveau ???
- Oui, j'ai tout vérifié ! Enfin pour le cerveau je suis pas sur...
- C'est parti alors !
- Je vais tellement dormir dans le car.
- Je vais tellement ronfler.
- Je ne me mets pas à côté de toi.
- Je ne te connais pas durant le voyage.
- Oh il boude... De toute façon VOUS avez VOS amis MONSIEUR KLEIN.
- Il ricane. Tu vas galérer en dehors des cours à m'appeler monsieur maintenant.
- Ils vont tous se faire foutre, il y a que moi qui pourrait !
- Techniquement dans le cadre scolaire non mais si tu gaffes ou s'il y a que nous... ça passe.
- Je voulais le faire exprès pour t'embêter moi, KÉVIN KLEIN.
- Répète après moi, monsieur.
- Monsieur...
- Klein.
- Klein.
- Monsieur Klein.
- Kévin :D.
Après ce petit moment de charriage, nous partons et rejoignons les autres.
Je rejoins mes potes qui sont loin mentalement par la fatigue. Kévin rejoint les autres professeurs.
Je dois avouer que j'ai peur de me sentir un peu en insécurité. Je suis contente d'y aller mais j'ai pas non plus un énorme sourire. Moi qui avais pourtant si hâte...
Il faudra que je laisse monsieur Klein respirer, souffler et que je m'appuie sur autre chose si ça venait à ne pas aller de mon côté. J'espère tout de même que ça ira mais en ce moment je ne peux pas m'empêcher d'envisager le pire... J'ai jamais la conscience tranquille et pourtant je n'ai jamais été autant en sécurité qu'aujourd'hui.
Suis-je conditionnée ?
Et comme si ça ne suffisait pas, j'ai grossi. Avec la déprime, je me suis trop laissé aller alors ça fait une semaine que je ne garde plus rien, évidemment ça doit jouer aussi sur la fatigue qui, elle, joue sur mon anxiété et mes insécurités... Oui, ces termes viennent de mes psys. Oui, je ne vois pas en quoi je fais de l'anxiété, pour moi il y a toujours pire donc je ne suis pas valide.
Oui, le déni est mon meilleur allié.Mais il faut que je tienne le coup.
Nous arrivons à notre auberge qui est en fait un énorme chalet/hôtel réservé pour nous, en début d'après-midi. J'ai faim, j'ai juste mangé une banane parce qu'on m'a forcé... Tenir le coup, c'est vrai... Mais il ne faut pas que j'oublie mon pacte avec Kévin, pas de nourriture, pas de skis. Et je sais bien que ça le ferait chier que je ne fasse pas les activités avec les autres, moi aussi d'ailleurs, ce serait leur montrer mes faiblesses et me gâcher cette découverte que j'attendais tant, moi qui aime la glisse et le froid.
D'ailleurs le décors est incroyable, les montagnes que nous offre ce paysage est époustouflant.Puis c'est le moment de prouver une fois de plus que je sais ce que je fais et que je suis capable de manger normalement... Tant que j'élimine après...
Mais...
Est-ce faible de vouloir être belle ?
Pff arrête donc de penser ainsi Jade, de toute façon, quoi que tu fasses, tu seras moche.Et toujours trop grosse. C'est pourquoi il faut perdre le plus possible, toujours plus, après ce petit voyage, on recommence le stricte !
Après avoir pausé mes bagages dans ma chambre avec Marie et Inès et avoir réalisé que nous sommes les voisines de Narcissa et sa grande amie, nous allons vers notre premier cours de ski.
On nous explique comment mettre nos skis avec la combinaison, comment bien se placer et comment déplacer le... poids du corps... d'un côté puis de l'autre pour bien contrôler les skis de façon "naturelle". Ensuite, on nous apprend à tourner en ce qu'ils appellent faire du chasse-neige, ensuite un virage parallèle et une dynamique. Moi-même j'ai du mal avec tout ces termes mais tout ce que je sais, c'est que je le fais !
Étonnamment, après les premières leçons, je suis toujours debout et assez agile.
J'ai pu profiter de ma situation pour rire de celle de mes amis et surtout celle de Kévin qui ne tient pas débout. Les autres professeurs le charrient beaucoup aussi, pauvre chou (ou pas)...
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Jade, un trouble sous contrôle...
Random"Je me suis une nouvelle fois regardée dans le miroir, nue, me trouvant moche et pas assez maigre. M'attaquant à mon physique, créant un trouble me faisant oublier ce qui me trouble réellement..."