VII : Dépression.

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[Pity Party - Melanie Martinez]

- Jade debout ! Dit-il en toquant puis ouvrant ma porte.

- Hein, quoi ?! Heu mais il est que 6H00 !

- Oh c'est dur la vie, il tire une tête triste pour se moquer. Sérieusement, j'ai pris rendez-vous d'urgence avec l'assistante sociale de l'école et parler au directeur de la situation dans laquelle on est alors il faut qu'on se dépêche avant le début des cours.

- Ah ouais c'est vrai, j'ai une vie de merde j'avais presque oublié. Je fait une mine désespérée.

Je le chasse de "ma" chambre qui est en fait sa chambre d'amis, je choisis des vêtements et je vais me doucher à l'eau gelée. Il paraît que ça brûle les calories et que c'est bon pour la santé mais je meurs de froid. Tant pis, je prends sur moi, c'est pour mon bien.
Je sors de là frigorifiée, je m'habille et me présente, prête à lui, tremblante comme une feuille. Il me regarde, interrogé. D'ailleurs je ne me suis même pas maquillée et la marque sur ma joue datant des derniers jours est encore visible. Je le vois s'attrister mais il reprend vite ses aires joyeux et excité de la vie.
Nous embarquons dans sa voiture, musique à fond pour décompresser et nous arrivons à l'école à 7H00.
En ce vendredi, matin le malaise se fait ressentir. Une tension monte. Je prie pour qu'il n'ait pas de problème bien qu'il n'a rien fait de mal, sinon, je m'en voudrais toute ma vie. Comme si je ne culpabilisais déjà pas assez à chacune de mes actions.
On s'installe devant le directeur et l'assistante sociale. Mon professeur a l'air assez tendu et j'ai l'impression d'avoir fait une boulette en choisissant égoïstement d'aller chez lui. Mes mains sont moites, mon visage pâle rougi ne cachant pas forcément les résidus de ma brulure habillant ma joue. Le côté cosy de la pièce est assez rassurant et, heureusement, les personnes face à nous ont l'aire assez bienveillantes. Je pense et j'espère qu'elles seront aptes à entendre sans pour autant me pousser à tout dire...

Le directeur nous demande de lui expliquer les choses plus en détails. Je parle brièvement de ce qu'il s'est passé avec ma mère, que je ne suis pas en sécurité seule avec mon père et que la seule personne avec qui je me sens en sécurité c'est monsieur Klein. C'est le seul qui a vraiment veillé sur moi. Il est extérieur à l'histoire, à cette putain de famille, il ne connait pas mon père, il ne me jugera jamais, il ne sera JAMAIS victime de ce monstre et ma présence ne lui rappellera pas des choses horribles. Je sais que si lui se charge de moi, c'est pas avec le cœur lourd. Il n'est pas mon oncle, ni sœur de ma mère et ni la sœur de mon père, alors, le détachement est plus facile à faire, pour lui comme pour moi. Mais ça, comment vais-je expliquer que c'est chez lui que je souhaite rester ?

- Bah en fait... C'est compliqué... ma maman a tenté de s'enlever la vie et mon père... Il... Il est violent...

- Nous sommes désolés pour ce qu'il t'arrive Jade. Nous allons mettre les choses en place de façon à ce que tu sentes au mieux. Si je comprends bien, tu n'es pas en sécurité chez toi pour le moment ? Demande l'assistante sociale.

- La vérité c'est que je ne le suis jamais, mais là, seule avec lui, ça ne va pas être possible... J'ai vraiment peur d'être seule avec lui...

- As-tu déjà pensé à porter plainte ?

- Non, je ne m'en sens pas capable et je ne veux pas entamer une telle démarche sans l'accord de ma mère et d'une autre personne qui a aussi eu à faire à lui...

- Je vois, et si nous comprenons bien tu désires loger chez ton professeur ?

Monsieur Klein et moi nous nous regardons, la question ne c'était pas posé entre nous sur le long terme bien que j'y ai pensé à titre personnel. Malgré que la discussion n'ait pas eu lieu, nous nous comprenons dans ce regard. Nous les regardons et hochons bêtement la tête de façon synchronisée.

Jade, un trouble sous contrôle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant