XV : Émotions.

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J'ai froid... Constamment... Plus qu'avant.
Malgré que je récupère, c'en est peut-être même la cause ? Suis-je trop occupée à me tenir en vie que je n'ai plus assez d'énergie pour me tenir au chaud ?
J'ai vu une fille qui venait d'arriver... la peau sur les os, j'étais choquée...
Leonardo m'a dit que quand je suis arrivée j'étais dans un état pire, j'y croyais pas...
Pourtant...
C'est vrai.
Pourtant...
La balance m'effraie.
Ce ne sont que des chiffres pourtant, non ?
J'ai l'impression que plus le temps passe, pire c'est.
J'en pleure tous les soirs quand je suis seule. Des pleurs que je qualifierais de douloureux parce que je mange et je grossis. Je m'endors en pleurant parce que je me sens mal dans ma peau.
Mon corps a récupéré suffisamment de force pour marcher comme avant et ne plus m'endormir dès que je peux.
Si on surveillait pas nos plats pour qu'on puisse bouger, je ne mangerai plus du tout.
Le souper est devenu le pire moment de la journée, chaque bouchée me dégoûte.
Heureusement que je ne suis pas seule dans ces moments... Je devrais le remercier de juste exister.
Mercredi, Lucas est venu me voir et a aussi fait visite à son beau-frère. Maman n'est pas venue le dimanche qui a suivi la visite de Kévin, ni mercredi avec Lucas. Je lui ai demandé, le cœur serré, s'il avait des nouvelles, il m'a dit que non. Il lui a juste demandé s'il pouvait venir mercredi en pensant qu'elle était déjà venu me voir et elle lui a dit oui. Je lui ai alors dit, les larmes aux yeux, qu'elle n'est toujours pas venu.
Je la repousse à ce point ?
C'est la question que je me pose, assise dans le hall, devant ces portes, en ce samedi soir me demandant si elle va enfin les franchir...
Peut-être que le côté psychiatrie l'angoisse ? Que ça lui fait remonter des souvenirs ?
Je me sens tellement mal...
Une semaine passe encore, Kévin est venu, mes amis et Ines sont venus.
Et dimanche soir, alors que je suis entrain de perdre espoir, seule dans ma chambre, j'entends toquer à ma porte.
Je réponds assez sèchement, j'avais envie de voir personne et personne n'est sensé passer aujourd'hui que je sache ?
Je vois la porte s'ouvrir.

- Jade ?

- Maman ?!

J'accours vers elle tel une enfant de deux ans qui ne demande que sa maman pour la prendre dans mes bras. Elle me serre surprise et j'éclate en sanglots, je pensais qu'elle m'avait abandonné. Elle pleure aussi et me blottie contre elle qui passe sa main dans mes cheveux.

- J'ai cru que tu n'allais pas venir...

- Je suis tellement désolée que tu aies pensé ça ma chérie... J'espère que tu ne m'en veux pas...

Je reste un moment dans ses bras puis nous reprenons nos esprits et je finis par lui présenter ma chambre. Nous nous installons sur mon lit.

- Je... Je t'ai ramené ton doudou, je me suis dis que ça pouvait te faire du bien.

- Ohh merciii... J'avais pas pu l'embarquer cette fois mon petit nounours...

C'est un doudou que j'ai depuis petite, je l'avais même embarqué quand je logeais chez Kévin, j'y tiens beaucoup. C'est une belle partie de mon enfance cet ours en peluche. C'est aussi celui que je serrais dans mes bras lorsque les cris ont commencé à se faire entendre et que la peur commençait à naître.

- Je t'ai aussi amenée ta couverture pour que tu sentes comme chez toi.

- Waw merci... C'est gentil...

- Comment tu te sens ici ?

- Je sais pas... Ça dépend... Il y a des hauts, beaucoup de bas... Mais le personnel est super on s'occupe bien de nous ici...

- C'est le plus important alors.

- Oui, je suppose que ça aide beaucoup...

- Bien sûr ma chérie... Tu vas t'en sortir... Tu dois te battre pour toi et ton avenir avant tout. Tu es encore jeune...

Jade, un trouble sous contrôle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant