Wow, mais qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?! 39 kg ?! BRAVO !!! Je suis fière de toi !! Dommage que tu sois sur un lit d'hôpital...
Ahh Jade... tu as le contrôle.- Heu...
- Nous allons devoir te garder un moment ici, sous surveillance et avec sonde. M'informe le médecin.
- Oulah non ça va pas être possible, j'ai cours moi !
- Il n'y a aucuns problèmes avec ça, t'en fais pas pour ça. Ajoute Klein, alors que pour une fois j'aurais aimé qu'il se taise.
- Mais mais mais, il faut que je rentre chez moi !
- D'ailleurs, d'où viens tout ça ?
- Je suis tombée c'est la troisième fois que je le dis aujourd'hui et ma mère est malade ! Je peux pas rester ici ! Je dois m'occuper d'elle ! Je mangerais promis mais faut que je rentre ! Le stresse s'accroche à mon thorax faisant accélérer mon cœur.
- Nous allons déjà vous poser la sonde et je vais en discuter pour prendre ma décision. Sachez juste que si vous avez des problèmes, il faut en parler ! J'aimerais aussi savoir quand est-ce que vous avez eu vos dernières menstruations ?
- C'est le stresse dû au fait que je doive penser à tout et je me suis bien ramassée c'est sûrement à cause de ça aussi... Rien de plus. Et heu... il y a un mois je dirai.
Je viens d'inventer ça de toutes pièces. Incroyable, j'ai donc un dont en improvisation. Même pour mes mensurations j'ai menti, j'ai 3-4 mois de retard...
Un dont, peut-être, mais monsieur Klein n'a clairement pas l'air de me croire. Il me regarde, je le regarde, il me regarde, bref, le médecin sort de la pièce après m'avoir enfoncé cette foutue sonde et je retiens mes larmes. L'enjeu est double, si je reste ici je vais prendre du poids puis me faire éclater en rentrant si mon géniteur comprends où j'étais et surtout pourquoi j'y étais !- Vous avez pas des cours à aller donner ? J'ai la voix qui tremble mais j'essaie de le camoufler tant bien que mal.
- Il est 16h50 Jade. La journée est finie.
- Quoi ??? Impossible !
- Si si, tu as somnolé tel un zombie à cause des fortes doses après ton réveil donc tu as sûrement oublié ta matinée, et ton après-midi a été des examens et tout donc bon.
- Mais, pourquoi vous êtes resté ??? M'sieur... fallait pas ?
- T'es parents ne sont pas là, c'est arriver à l'école, je me porte responsable de toi.
- Et la journée est finie...
- Ouaip ! Mais bon il y a pas meilleure compagnie que moi ! De plus il faudra bien quelqu'un pour te raccompagner !
- Vous forcez pas...
- Dis, tu sais, la bienveillance ça ne s'achète pas Jade... Il me sourit.
Je le regarde sans répondre. Mais pourquoi il ferait ça ? Je suis pas habitué à la gentillesse gratuite moi. Pourtant il a vraiment l'air inquiet depuis ce matin, et même avant d'ailleurs ! Même s'il ne le montre pas vraiment. Ça existe vraiment ? Les adultes gentils ? Les gens avec un bon fond réel ?
Je détourne le regard, gênée. C'est vrai quoi : il aurait pu être tranquillement chez lui et il est ici. Avec moi. Pendant que mes parents sont chez eux.
J'y pense ! Mon père a sûrement dû péter un câble si ils ont laissé des messages ! Si je rentre pas je suis MORTE.
En fait, ma vie, nos vies, ne tiennent qu'à un fil. Son fil. Celui de mon père. Si il souhaite le couper, il en a le pouvoir. J'aimerais tellement pouvoir nous sortir de là...
La douleur à la hanche commence à me relancée dans toute la jambe, je grimace, aillant à nouveau ses scènes qui tournent dans ma tête...
J'essaye de me redresser un peu mais une douleur bien pire que celle à la hanche me tiraille au niveau des côtes. Mon professeur m'aide à me recoucher en me disant qu'il faut que j'évite de vouloir être assise pour le moment.
Le verdict tombe, je dois rester quelques jours à l'hôpital bien que grâce à mon poids actuel le médecin ai trouvé l'histoire de la patinoire crédible. Du coup, il a jugé que c'était une raison de plus pour que je reste au minimum une nuit ou deux... Voir plus...
J'ai dit à ma maman de dire que j'étais chez une amie et je lui ai fait croire que ce n'était pas à cause de lui. Il lui aurait dit "Tant mieux, ça nous fera des vacances.", et c'est bien ça le problème. Je ne suis pas là, il a pour seule cible ma mère, et si il est mal luné quand je reviens ou qu'il apprend que je suis ici et non chez une amie : je suis foutue. Quoique, je le suis déjà en fait.Les jours passent, Klein vient me voir tous les jours, ça me remonte le moral. Hier je lui ai demandé de me refaire le cours de sciences quand il est venu, il m'a dit que je devais me reposer et pas penser à ça, j'ai insisté, il a râlé parce qu'il avait prit des cartes Uno, j'ai insisté, bref. Le deal était le suivant : si je gagnais à une partie de Uno, il devait me donner cours, si il gagnait, je devais manger un sneakers qu'il m'avait ramené oubliant totalement que "j'aime pas le chocolat". J'avais envie de le haïr à ce moment-là, mais bon ! Comme je suis, en toute modestie, trop puissante, j'ai gagné. Alors il m'a donné cours, ça m'a fait un bien fou. Oui, avoir cours m'a fait du bien. Être déconnectée de chez moi en aillant une connexion extérieure, sans crainte, et vivre une chose normale, me donnant l'impression d'avoir un peu de contrôle sur la situation, m'a fait énormément de bien. De plus, monsieur Klein donné un cours sans humour, ce n'est pas dans ses cordes. Alors oui j'ai eu mal aux côtes mais j'ai eu un fou rire incroyable quand il a commencé à faire des jeux de mots improbables et des blagues avec une touche d'humour noir.
Il m'a re-parlé des différentes théories de l'évolution puis il a eu le malheur de m'avouer qu'il avait un déguisement de dinosaure qui donnait l'impression d'être chevauché. Donc, monsieur en train de chevaucher un dinosaure.- Hot combien vous passez toutes une journée à l'école avec ce déguisement, évidemment, en faisant comme si tout était normal ?
- Je te demande pardon ? Hot 5 !
- Vous essayez donc de me dire que vous êtes partant pour l'idée ?
- Évidemment que je le suis ! Il rit dans ses dires.
- Oh mon Dieu, ok, 3...2...1...
Nous avions tous les deux dits 4 en même temps, ce qui signifie qu'il va devoir le faire. Je ris déjà rien que de l'imaginer.
J'ai découvert une autre facette de cet homme, rien de bien profond, quoique... Mais c'est quelque chose que l'on peut deviner si on l'analyse bien : ce côté protecteur, papa poule alors qu'il n'a pas d'enfant, une oreille à l'écoute, une épaule où l'on peut s'appuyer... C'est là que j'ai compris que ses paroles depuis le début, il ne les disait pas dans le vent.
La bienveillance ne s'achète pas, certes, mais je pense que pour qu'elle soit aussi naturelle il faut en avoir bavé à un moment donné dans sa vie. Ce qui permet une réelle compréhension.
On ne parlera pas de ces fois où, en 6 jours, je me suis effondrée 4 fois dans ses bras, dans les bras de MON PROFESSEUR !!! Je fais pitié, ça y est, c'est bon, j'en perds mon image propre. Il a essayé de me faire parler, je me suis livrée un peu sur mon rapport avec mon corps que j'aime tant... rien de familial sinon il aurait appelé les flics ni une ni deux et ma mère n'aurait pas voulu porter plainte, j'aurai donc dû supporter cette responsabilité sûrement seule. Et s'il était libéré, nous finirions mortes et peut-être même monsieur avec.
Parfois je me dis que je devrais écrire mon testament. Je donnerai mes vêtements à ma petite Ines et à Marie. J'écrirai une lettre à mon cousin, le fils de la sœur à mon père, lui disant que je suis désolée de rien n'avoir pu faire, lui disant que je l'aime comme si c'était mon frère et qu'il me manque terriblement en lui laissant des vieux jouets et mon collier Scorpio avec mon téléphone et mon journal intime qu'il brulera. Je remercierai dans une autre lettre, monsieur Klein, en lui offrant tous mes dessins moches, en lui disant que j'ai suivi l'exemple du maître :) .
Je n'ai rien dit à mes amies et je lui ai demandé de ne rien dire. Je leur a fait croire que j'étais chez une amie d'enfance afin que ce sois cohérent avec ce qu'on a raconté à mon géniteur.
Voilà six jours que je suis là et il est temps pour moi de sortir.
On m'enlève la sonde, libération !!!
Ce séjour m'a donné envie de m'en sortir et comme tu n'as aucun contrôle sur moi ma p'tite Ana, je vais recommencer à MAN-GER ! Normalement, comme si tu n'avais jamais existé. Parce que tu n'existes pas de toute façon.
Parce que c'est moi qui contrôle tout en moi.
Je vais leur montrer à tous...
Ils vont voir qui est exactement Jade Demboes.
Je reculerai devant rien. Je ne suis pas malade après tout !
Maman, je vais nous sortir de là, promis...
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Jade, un trouble sous contrôle...
Random"Je me suis une nouvelle fois regardée dans le miroir, nue, me trouvant moche et pas assez maigre. M'attaquant à mon physique, créant un trouble me faisant oublier ce qui me trouble réellement..."