XIX : Bats-toi !

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On va dans ma chambre, nos regards sont attristés par la nouvelle.
La promesse dans nos yeux de ne plus jamais en arriver à cet état, bien qu'incontrôlable.
L'envie de se battre suffit-elle à l'incapacité de lutter ?
Qu'est-ce qui prendrait le dessus si jamais nous n'y arrivons pas ?
Nos yeux sont humides, des larmes s'échappent des miens, pourtant... Je ne la connaissais pas...
Mais c'est une vraie claque d'apprendre ça et de voir Jean peiné.
Est-ce donc ça ? Le déclic ?
Est-ce qu'il aura fallut qu'une personne anorexique décède pour que je réalise qu'au fond, je suis encore entre la vie et la mort à chaque repas que je refuse ?
Je ne veux plus sauter de repas, je ne veux plus revoir cette sonde et... Je ne veux plus devenir maigre à en mourir. Je ne veux plus de ce corps malade bien que je rêve de mes 34 kg qui ont faillit me tuer. J'en veux plus bien que je sais que je vais regretter et que je regrette chaque kg que je prends. Je veux plus le faire parce que je suis obligée pour vivre ou parce que j'ai peur de mourir même si ça joue grandement, je veux le faire pour guérir et être bien dans ma peau sans me sentir énorme même en étant un "sac d'os".
Je veux le faire pour pouvoir manger librement ce que j'aime sans honte et culpabilité.
Je ne veux plus survivre, je veux vivre.

Et d'un regard complice, on se prend dans les bras l'un de l'autre pour s'y réconforter. Je m'y sens bien.

- Jade ?

- Oui... ?

- Sache que tu es très importante pour moi...

J'hoche la tête et il embrasse mon front.

- Toi aussi tu l'es... Je lui réponds tout en rougissant.

La nouvelle tombe au sein de l'hôpital, l'atmosphère s'attriste, à croire qu'elle n'était pas suffisamment maussade comme ça... On peut ressentir la culpabilité de certaines personnes de l'équipe qui s'occupent de nous tous. Ils doivent certainement tourner en rond avec des "Et si..." mais je vois surtout qu'ils essaient de garder la face. Ils veulent nous montrer que nous sommes tous humains, que nous avons tous droit à l'erreur et que nous ne pouvons pas être responsable de tout et ainsi porter tout sur nos épaules. Alors pourquoi est-ce-qu'ils font les cailloux, c'est aussi humain de se sentir responsable quand c'était sous nos yeux ? Ou peut-être que je me fais juste des films et que ça leur passe au-dessus de la tête, sauf que ça, ça me semble inhumain et donc impossible. Ils ne sont clairement pas comme ça. Ça ne leur ressemble pas d'être apathique, ils veulent juste être forts pour nous. Mais est-ce vraiment de ça dont nous avons besoin ?

La journée se fait longue... Je m'efforce plus que d'habitude à manger à chaque repas, quit à chialer, à me haïr et à me blâmer derrière. Quit à être dans tous mes états, il le faut. J'ai l'impression qu'il y a qu'en me faisant violence que j'y parviendrai. Je ne sais pas comment je vais gérer ça sur le long terme, il va vraiment falloir que je fasse d'énormes travaux sur moi-même et que je parle beaucoup, vraiment beaucoup, surtout au psy.

L'heure des visites vient et je suis surprise de retrouver Alexis et Ethan. Je saute limite dans les bras du jumeau de Narcissa, heureuse de le revoir car ça fait longtemps et que lui, la dernière fois que je l'ai vu c'est quand ils sont venu tous les 4 me rendre visite ici.

- Pourquoi je n'ai pas le droit à un tel accueil, moi ? Me demande Alexis.

- Parce que toi je t'ai vu il y a beaucoup moins longtemps que lui ! Dis-je en le décoiffant.

- Parce que je suis son préféré. Ajoute Ethan.

- Non c'est Ines...

- Ça compte pas, c'est ta cousine ! Expriment-ils en cœur.

Je ris et les invite à me rejoindre dans ma chambre en faisant signe à Leo qui lui est avec une amie, une jolie fille assez fine au beau visage avec les cheveux carré et colorés bleu clair et elle a l'air d'avoir les yeux bien bruns. Elle me sourit, je fais de même, son amie est tellement plus jolie que moi... Et si c'était plus que son amie... ?

Jade, un trouble sous contrôle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant