En entrant, je remarque l'absence de mon père. Un soupir de soulagement m'échappe.
- Coucou maman !
- Bonjour Jade, ça va ?
- Je vais toujours bien ! Dis-je en affichant un énorme sourire, et toi?
- Ça va, ton père est de sortie.
- Ah j'ai un père moi ?
- Jade...
- Jeannie... Un petit silence se crée alors je relance la discussion. Ben quoi, c'est vrai. Bref, ça va mieux ton visage ? Je m'approche doucement d'elle.
- Oui ça va, c'est déjà moins bleu, et toi ?
- Le maquillage fait des miracles que le monde ignore...
- Je t'ai déjà demandée d'arrêter de t'interposer quand on se dispute.
- Moi, en vie, jamais ! T'appelles ça des disputes, moi j'appelle ça des motifs de violence pour qu'elle ne paraisse pas gratuite ! Et puis c'était pour quoi cette dispute déjà ? Ahh ouiii t'avais mis la télé un peu trop fort ???
- Jade, arrête, ça suffit.
- J'arrêterai quand tu l'auras quitté et que tu nous auras sorties de là.
- Je ne peux pas, tu le sais très bien. C'est comme ça et pas autrement !
- Très bien alors laisse-moi pourrir dans ce trou, merci !
Je sais, c'est pas bien, je joue la carte de la culpabilité. J'en suis arrivée là plusieurs fois avec elle, j'en peux plus de cette situation, la voir souffrir. Alors comme les pleurs, la douleur physique, les supplications ne fonctionnent pas ; je me suis retrouvée à devoir lui parler comme ça. Dans l'espoir qu'elle comprenne. En me disant que pour moi, elle bougera...
- Je t'ai déjà dit de partir ! Émancipe-toi ! Trouve-toi un logement ! Évidemment que je ne veux pas que tu pourrisses ici, je t'aime tellement... Les larmes lui montent, remplies de regrets, de tristesse et de peur.
- Et te laisser seule avec ce malade ?! Plutôt crever sous ses coups oui !!! Je veux pas t'abandonner, je veux juste qu'on parte, toutes les deux, loin, même dans un autre pays, un beau pays, et qu'on soit heureuse à deux, c'est mon vœu le plus cher !!! Ma voix se brise au fur et à mesure que je parle.
Il arrive à nous briser même en étant absent. Il est omniprésent. C'est si pesant. Ces supplications, je les fais à une sourde.
J'y ai déjà pensé au fait de m'enfuir seule, et tant pis pour elle. Mais c'est au-dessus de mes forces... À croire que je n'ai pas eu assez mal pour fuir, au final je ne suis pas mieux qu'elle sur ce plan... parce que l'imaginer ici, seule, avec lui, j'en ai la boule au ventre, rien que d'y penser. Je culpabilise déjà quand je dois aller en cours, au point que j'ai déjà manqué. Et quand je vais travailler ou patiner pour me changer les idées, en même temps ça me fait du bien, mais j'ai aussi peur...
Quand je m'absente trop longtemps, je me dis qu'elle peut y passer à tout moment et que je ne suis pas là pour éloigner ce malade d'elle.La porte claque, on se prend un bon coup de sursaut. Super, il est là, énervé en plus.
Il marmonne bonsoir, et là c'est le moment fatidique.
Il est pas content alors il vaut mieux que tout aille dans son sens...
Maman baisse le volume.
Il va dans la cuisine.
Je le suis sans lui traîner aux pattes.- Où est mon café ?
- Pardon papa... je vais le faire tout de suite. J'ose à peine le regarder, il est plein.
- Vraiment que des bonnes à rien !!! DÉPÊCHE-TOI !
Eh bah... Il a vraiment dû passer une mauvaise journée.
Self-control, ne flippe pas Jade, ne flippe surtout pas.
Je prépare son café le plus vite possible, sous son regard impatient et oppressant.
Je me tourne vers lui avec son café bouillant. Je lui donne.
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Jade, un trouble sous contrôle...
De Todo"Je me suis une nouvelle fois regardée dans le miroir, nue, me trouvant moche et pas assez maigre. M'attaquant à mon physique, créant un trouble me faisant oublier ce qui me trouble réellement..."