X : Pesant.

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Les vacances de Carnaval débutent, je boucle mes derniers bagages, c'est officiel, comme tout va mieux je rentre à la maison.
Kévin m'aide à tout mettre dans la voiture de mes parents.
Maman le remercie milles fois, même mon père s'y met. J'ai l'impression que ce n'est plus le même homme.
Mon professeur répond à mon père que c'est normal de prendre soin des adultes de demain, surtout quand ils sont fragiles. Je pense qu'il hait mon père plus que moi...
Papa ferme le coffre de la voiture et y monte, maman m'attend mais ça me déchire le cœur de partir.
On se regarde un court instant avec Kévin qui finit par me tendre ses bras dans lesquels je m'y lance ne pouvant pas empêcher une larme de couler.
Aussi ému mais moins démonstratif que moi, il sourit me rappelant que dans une semaine on se revoit à l'école et qu'on restera en contact quoi qu'il arrive.
J'hoche la tête toute contre lui et je lui dis qu'il fera toujours partie de ma famille en le remerciant.
Il prend mon visage dans ses mains et me dit "Jade, c'est normal ! Ne laisse jamais personne penser le contraire et s'il se passe quoi que ce soit, je suis toujours là, compris ? Et je t'en supplie nourrit toi, tu es belle telle que tu es ! Je souhaite que tout aille bien et qu'on se retrouve lundi, okay ? Essuie-moi ces larmes...".
Mes larmes coulent à flot, partagée entre joie, peur et tristesse. J'acquiesce et il essuie mes larmes de ses pouces avant de me lâcher. On se jette un regard alors que j'entre dans la voiture, une fois dedans, nous lui faisons signe de la main auquel il répond. On démarre et j'entrevois dans le rétroviseur un mouvement qui laisse penser qu'il essuie son visage...
Même si on va se revoir, après avoir vécu des moments forts 24h/24 ensemble, ça reste un déchirement, et lui en plus, il est seul...
J'espère que ça ira pour lui aussi.
Il est temps de retrouver une vie... normale ?
Ah non... il y a elle encore... cette pensée intrusive, constamment là...

Et d'ailleurs t'as pris du poids depuis que ça va mieux chez toi, tu te relâches trop. Quand ça va pas, tu bouffes, quand ça va, tu bouffes.
Stop Jade.

Ça ressemblerait pas à mes parents de faire attention à si je mange ou non. Quoique... les choses ont changés... mais il faut que je reperde. Je vais me remettre au sport, on dira rien à l'assistante sociale, de toute façon comme j'ai récupéré elle comprendra que je ne suis pas malade, que je contrôle et sais ce que je fais puisque je mangeais quand-même un minimum ces derniers temps... un minimum...

Un peu trop.

Est-ce que cette bonne ambiance restera ? J'y crois mais en même temps je l'attends au quart de tours...
Je reste avec la peur au ventre malgré le fait que je veuille profiter des bons moments.
Puis si tout c'est bien passé quand j'y allais et que nous avons le feu vert des assistants sociaux je pense que ça devrait aller et que c'est vraiment fini tout ça.
Nous allons reprendre notre vie mais de façon normale, je vais pouvoir m'occuper de moi et de mon corps sans penser à la maison, faire mon sport, peut-être même me reinscrire en club de patinage artistique, celui où j'étais petite, et faire attention à mon alimentation.
Très attention.

Manger le strict minimum vitale en gros.

Cette semaine de vacance, on est sorti avec Marie, Ines, Ethan et Alexis mais je n'ai pas mangé avec eux. Je leur ai inventé que mes parents voulaient qu'on se fasse une bouffe ensemble. La blague, jamais de la vie je me refais de mal bouffe ! Mais ils m'ont cru. Du moins c'est ce qu'ils ont laissé paraître.
J'ai prit mon premier vrai cours de patinage, comment dire que je suis à la fois heureuse et à la fois... je ne peux pas m'empêcher de me comparer aux filles du club. Je suis d'ailleurs restée aseez en retrait, difficile de s'integrer à un groupe en plein milieu d'année, ils ont déjà leurs affinités.

Les cours reprennent, Kévin, enfin monsieur Klein, me fait tout le temps des checks quand on se croise, plus qu'avant je veux dire. Quand on a cours avec lui avant une récréation, je me retrouve à rater la récré parce que l'on finit toujours par parler tout le long, puis, quand ça sonne, je fais mine de l'ennuyer en lui disant que c'est un imbécile heureux et qu'il me fait rater mes pauses ce à quoi il se montre fière. Je suis contente de ne pas perdre notre complicité.

Jade, un trouble sous contrôle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant