Chapitre 1 : Ton air insupportable

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Le réveil sonne. Une fois. Deux fois. Trois fois.

" Hiyori ! " Hurle Shachi à l'autre bout de l'appartement.

Elle n'y arrive pas. Se lever à l'heure un lundi matin lui semble relever de l'impossible. Ses paupières collent entre elles, scotchées. Elle s'étire en travers du matelas, ses longues mèches de feu contrastant avec le vert pomme ravissant de ses draps. Cadeau de son paternel pour son emménagement, l'an dernier, sous les rires moqueurs de son petit-frère. D'une main, elle saisit, sur la table de chevet, son téléphone portable qui entonne le dernier titre d'Orelshi, rappeur à la mode. Sa voix encore caverneuse, elle reprend les paroles tout en sortant du lit. Sa tignasse emmêlée brinquebale le long de son dos alors qu'elle se rend dans le salon, traversant le couloir des trois chambres qui composent le logement. Elle s'affale sur le canapé, toujours vêtue de son pyjama léger, un short et un débardeur à fines bretelles.

" Alors cette compète ? Questionne son colocataire et meilleur ami, Shachi Heart, en arrivant de la cuisine, un café à la main.

- Deuxième sur le 100, troisième sur le 200, pas de relais, Marco bossait.

- Et le 50 ?

- La place du con, soupire la rousse, encore déçue malgré ses bons résultats sur les autres épreuves de sprint en nage libre.

- Bien joué tocarde ", lui sourit-il en tapant dans sa main.

Mais quand est-ce qu'il va enfin aller chez le coiffeur ? Se demande la rouquine depuis quelques jours. Ses cheveux châtains tombent en bataille sur ses épaules fines. Il n'a jamais été le sportif du duo, mais son corps frêle lui laisse la possibilité de se goinfrer sans s'inquiéter. Depuis le collège, Hiyori ne l'a pas vu s'épaissir malgré les kilos de burgers ingurgités, son plat préféré. Elle le connaît par cœur, sait sonder n'importe quelle émotion au fond de ses yeux verts et peut presque deviner ses pensées rien qu'en l'observant. Et pour cause : les deux amis sont inséparables, surtout maintenant qu'ils habitent ensemble.

Un chocolat chaud et deux tartines beurrées avalées plus tard, notre protagoniste enfile sa tenue du jour, élaborée. C'est-à-dire les premiers vêtements qu'elle trouve dans son placard, principalement rempli d'affaires de sport. Difficile de faire de la place quand les maillots de bain, les joggings, l'équipement de natation et celui de boxe occupent tout l'espace. Aujourd'hui, ce sera crop top noir et slim en jean foncé. Après plusieurs coups de brosse, elle dompte enfin sa crinière rassemblée en une longue queue de cheval tressée. Son sac à dos gris jeté sur ses épaules, elle rejoint Shachi dans l'entrée pour leur départ. Ils habitent ensemble, étudient à la même université, dans la même formation, dans la même seconde année de master d'arts appliqués. En somme, ils ne se quittent pas. Surtout depuis que les deux hommes de la famille d'Hiyori ont déménagé, un an auparavant. Son petit-frère, Luffy, venait de décrocher une opportunité d'étude incroyable au Canada, littéralement à l'autre bout du monde. Leur père l'avait suivi.

" Tu conduis ? Demande Shachi alors qu'ils arrivent en bas de l'immeuble.

- T'as peur d'avoir encore un gramme dans chaque bras ? " Rétorque-t-elle en riant, sachant son ami fêtard.

Seuls quelques kilomètres les séparent de l'université, un peu trop pour les faire à pied. La rentrée s'est faite deux semaines auparavant, rassemblant pour une nouvelle année la soixantaine d'étudiants qui composent la classe du duo. Particulièrement sociable, Shachi connaît tous les noms de ses camarades. Plus sauvage, bien qu'amicale, la rousse se contente de discuter quand l'opportunité se présente. Les échanges de courtoisies ne sont pas sa tasse de thé. Ni populaire, ni solitaire. Ce jour-là, une étrange excitation règne pourtant dans l'amphithéâtre. La présence de Sanji, le président du bureau des étudiants, met la puce à l'oreille à notre protagoniste.

" Sanji, il se passe quoi ? Interroge la rouquine en entrant dans la pièce.

- Ma chérie, souffle-t-il en diminuant l'espace vital qui les sépare, vous allez accueillir un nouvel étudiant.

- Personne n'a encore porté plainte contre toi pour harcèlement ? Soupire-t-elle, reculant pour les ramener à une proximité raisonnable. Ça justifie pas pourquoi l'intégralité de cet amphi semble prêt à voir arriver une rockstar.

Elle accompagne ses mots d'un geste, pointant les groupes compacts formés ci et là. Un volume sonore plus conséquent qu'à l'habitude - surtout pour un lundi matin - tapisse la classe. Les discussions fusent, les rires aussi, particulièrement les plus stridents lâchés par quelques jeunes femmes surmaquillées à son goût.

- Apparemment c'est un beau gosse qui a passé un an d'échange universitaire aux Etats-Unis, la foule est déjà conquise.

- Ah, si c'est que ça. "

Décidément, ça à la côte l'Amérique. Sans en demander plus, elle part s'installer à sa place habituelle, au centre, rangée du milieu, sur le dernier strapontin, à côté de son meilleur ami. Cette euphorie la dépasse. Sans prêter attention à l'effervescence autour d'elle, la rouquine sort son ordinateur portable et un bloc-notes, prête à démarrer le premier cours théorique de la semaine. C'est le coude de Shachi, logé entre ses côtes, qui la reconnecte à son environnement. D'un signe de tête, il lui montre l'objet de toutes les discussions arriver. Un grand brun ténébreux passe le pas de la porte, sous le regard attentif de ses futures groupies. Un t-shirt à manche courte noir épouse parfaitement les courbes de ses épaules, plutôt carrées, tandis qu'un jean droit, légèrement resserré aux chevilles, moule un fessier rebondi. Sanji n'a pas menti, le nouveau est loin d'être désagréable à regarder. Deux paires de boucles d'oreilles dorées accrochées à ses lobes lui donnent un air rebelle, renforcé par ses tatouages aux bras et aux mains.

" Il a déjà la promo à ses pieds, chuchote Shachi, non sans cacher sa déception.

- Encore un connard de plus ", soupire Hiyori, le voyant arriver dans la classe.

Son sourire en coin l'insupporte déjà. Il semble savoir qu'il plaît et en joue. Exactement le type d'homme qui fatigue notre protagoniste. Il est attendu, roule des mécaniques devant tout le monde et file s'installer à une place quelconque. Cette entrée en star la débecte. Qu'importe, elle n'aura pas grand chose à voir avec lui, pense-t-elle naïvement. Alors qu'il monte les marches le menant aux sièges plus en hauteur, leurs regards se croisent. Hiyori lève légèrement la tête, lui la penche. Leurs yeux noirs s'interceptent durant une seconde, infinie. Aucun n'évite ce contact visuel. La rouquine fronce les sourcils, le brun les lève. Il n'a pas intérêt à s'asseoir ici. Avant même de pouvoir s'installer deux rangées plus haut, le nouveau venu se fait alpaguer de tous les côtés. Outre les jeunes femmes particulièrement attirées par la perspective de mettre le grappin dessus, ce sont aussi les membres de clubs sportifs qui se ruent sur lui dans l'espoir de le recruter. Seule l'arrivée de l'enseignante lui permet de réchapper aux interrogatoires qui l'attendent. Elle lui propose de se présenter avant le début du cours. Il soupire.

" Je m'appelle Law, Trafalgar Law. "


[Ne me dis pas je t'aime, c'est un chapitre à lire tous les dimanches ! En attendant n'hésitez pas à aimer, commenter ou aller lire mes autres fanfictions. Merci !]

Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant