Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]

Chapitre 12 : Ta surprise inattendue

Il lui avait promis, près de deux semaines auparavant. Et pour sûr qu'Hiyori ne le lâcherait pas là-dessus. Tous les jours en grimpant sur la moto, elle le harcelait : quand ? Où ? Pourquoi faire ? Les mêmes questions, matin après matin. Depuis l'incident de la dernière soirée, elle s'était pourtant promis de moins l'embêter. Mais le naturel revient bien plus vite que ses bonnes résolutions. Law finissait par lui hurler de prendre son mal en patience et, comme à une enfant, la menaçait de ne pas l'y emmener. Elle boudait, il soupirait. Mais, malgré ce manège incessant de ces deux caractères opposés, constamment en confrontation, ils avaient fini par supporter sans mal la présence de l'autre. Le brun avait pris l'habitude d'accompagner la rouquine à la boxe, tandis qu'elle l'intégrait à chaque fois dans ses groupes de travail à la faculté. Des échanges de bon procédés, pensaient-ils chacun de leur côté. Alors, le jour-j enfin arrivé, la jeune femme ne tient pas en place.

" C'est bon, tu peux me dire maintenant, on va où ? Questionne-t-elle dans le micro de son casque, les bras encerclant le ventre de Law.

- Dans un endroit où il y a trois règles, Hiyori.

- Quand tu m'appelles comme ça par mon prénom, j'ai l'impression que je vais me faire engueuler, rigole-t-elle.

- La première, tu ne t'éloignes pas de moi et on reste au fond de la salle, liste-t-il tout en enfonçant la moto dans une petite ruelle. La seconde, tu ne parles à personne d'autre que moi. La troisième, tu ne parles pas de cet endroit à qui que ce soit.

- Il est interdit de parler du fight club, pouffe la rouquine en citant le film iconique, dans une pâle imitation de la voix de Brad Pitt.

- Tu crois pas si bien dire... "

Oui, elle ne croyait pas si bien dire. Alors qu'elle retire son casque et libère sa crinière, l'étudiante commence à entendre des voix s'élever du sol. A ses pieds, un caniveau laisse entrevoir des têtes et de la lumière. Pourtant, aucune enseigne de bar ou de lieu festif ne l'entoure. Ce n'est qu'une ruelle sombre où trônent quelques deux roues et un local en béton. Replaçant sa veste d'un coup d'épaule, elle emboîte le pas à son conducteur, intriguée. Lui, se demande encore si sa surprise vaut le coup de retourner dans cet endroit. Il connaît bien les lieux, car il sait parfaitement qui tient la boutique. Mais vu le monde, personne ne le reconnaîtra. Il peut bien dévoiler à Hiyori un spectacle dont elle se souviendra. Devant la porte en fer, qui garde le seul bâtiment de l'impasse, il toque trois fois et montre sa main droite à l'œillet, celle avec un tatouage en forme de rond. Faudra que je lui demande un jour pourquoi il a tous ces tatouages, se note notre protagoniste. Dans un fracas, la porte s'ouvre et un homme au crâne rasé, cigarette aux lèvres, les fait rentrer. Connaisseur de l'endroit, Law fait signe à la rousse de le suivre et dévale un escalier.

Arrivée en bas, elle comprend. Au milieu de toute cette fumée de tabac hautement toxique, elle entend le son si familier des pas sur un ring et des coups envoyés vers l'adversaire. Le tout recouvert d'un brouhaha de hurlements et d'encouragements. Devant elle, des hommes de toutes les corpulences et de tous les âges s'échangent des poignées de billets froissés, grommelant ou jubilant de l'argent perdu ou gagné. L'effervescence l'a prend au corps, Hiyori se sent grisée, émerveillée. Elle en avait pourtant entendu parler, de ces fight clubs où seule la loi du plus fort régnait. Mais jamais elle n'aurait pensé pouvoir assister à l'une de ces soirées secrètes, cachées sous le nez de tous, dans un sous-sol abandonné, gardé par un malabar en marcel. Quelques mètres la séparent du ring, entouré d'une centaine de supporters. Law les a emmené au fond, contre un mur, pour observer de loin la scène qu'il voulait à tout prix lui montrer. Il savait que l'endroit lui plairait, que cette énergie débordante des combats qui s'enchaînent la fascinerait. Car, lui aussi, est toujours aussi impressionné. Pourtant ce combat ressemble à tous ceux qu'il a vu ou vécu. Ceux qu'il a gagnés ou souvent perdus... Plongé dans ses souvenirs, il repense à ses premiers pas sur le ring, sa capacité à encaisser les coups sans broncher, comme si le monde pouvait bien s'effondrer autour de lui qu'il ne flancherait pas. C'est pour ça, qu'Il l'avait recruté, au départ. Mais plus que le spectacle, que la ferveur ou la ténacité, ici, l'argent mène la danse. Et lorsque les poings ne semblent pas assez affûtés, alors il faut quitter le ring et trouver une autre utilité. Car avec Lui, personne ne reste au bord des cordes sans remplir son rôle : celui du parieur, de l'encaisseur, du perdant ou... du recruteur. Le poste n'était pas bien difficile : repérer les têtes brûlées, les rebuts d'une société qui ne voulait pas d'eux, les téméraires, les bagarreurs, mais surtout ceux qui n'avaient rien à perdre, tout à gagner. Law en a fait monter, des combattants, sur ce ring mobile, qui change de place dès que les autorités prennent possession des lieux, poursuivant depuis des années celui qui contrôle, tel un marionnettiste des enfers, ces combats où personne d'autres que Lui ne remporte totalement la victoire. Tout ça s'est fini, pense Law en jetant un œil à Hiyori, à sa gauche, des étoiles dans les yeux, sur la pointe des pieds pour tenter de voir le plus d'actions possibles. Fini. Il l'a juste emmené pour lui montrer, rien qu'une fois. Une seule et unique fois. En restant là, il ne peut rien leur arriver de mal.

" Alors t'en penses quoi ? Questionne le brun tout en observant le combat au loin.

Le silence l'accompagne comme seule réponse.

- Hiyori ? "

Trop tard. Ses yeux tombent sur le sol, à la place où devait pourtant se tenir une tête rousse disciplinée, docile et conciliante. Affolé, il la cherche du regard à droite, à gauche, d'un côté et de l'autre du ring. Que peut-il lui arriver ? Pas grand-chose, il l'espère. Mais un bout de jeune femme à la crinière pareille et au postérieur bien moulé ne passera pas inaperçu dans cette foule de testostérone. Et c'est bien ça, que voulait éviter à tout prix l'étudiant : se faire remarquer.

[Patientez encore une petite semaine et je vous promets un chapitre bien fourni et que vous allez adorer ! Merci d'avoir lu <3 ]