Quelques gouttes de sueur perlent sur son front tandis qu'elle enchaîne les coups. Face à elle, Law encaisse avec les pattes d'ours : ces gants rembourrés que doit cibler la rouquine. Elle ne lui laisse aucun répit, sa queue de cheval tressée dans son dos peinant même à suivre le mouvement de son corps. Elle semble rebondir sur ses pieds, les utilisant autant que ses poings pour atteindre son adversaire. Le brun doit se concentrer. Lui qui pensait s'en sortir sans trop de mal, ayant combattu pendant des années, doit rester alerte pour suivre le rythme. Lorsque les rôles s'inversent, l'étudiant retrouve le plaisir de glisser ses mains dans des gants moites. Loin de lui l'idée de se retenir vu la démonstration qu'il vient de goûter. Sans réel technique ni respect des règles, il attaque. Ses coups manquent de précision mais pas de force. À son tour, la rousse ne le quitte pas des yeux, consciente qu'elle s'est peut-être moquée de la mauvaise personne plus tôt dans la journée. Certes, il ne connaît pas grand-chose à la boxe, mais sa capacité d'adaptation l'impressionne. Elle ne l'imaginait pas si musclé.
" Pause, tu vas me déboiter une épaule musclor, halète notre protagoniste en laissant tomber les pattes d'ours au sol.
- On suit pas le rythme ? Rétorque-t-il pour la forme, tout aussi essoufflé.
- Tu te défends, mais t'es un énorme bourrin !
- Je faisais pas le fier non plus tout à l'heure ", chuchote-t-il.
Le compliment arrive tout de même aux oreilles de l'étudiante, ravie. Engloutissant la moitié de sa gourde, elle la jette en direction de son interlocuteur, appuyé nonchalamment sur les cordes du ring. Rafraîchit, il éponge son front tout en observant Hiyori discuter avec quelques licenciés. Comment une telle énergie peut émaner de ce bout de femme alors que sortir de son lit chaque matin semble être un cauchemar pour elle ? Il soupire. Sur quel énergumène est-il tombé ? Rien de reposant n'arrive lorsqu'ils se trouvent ensemble.
Plus longue que lui sous la douche, la rouquine retrouve son chauffeur devant la salle. À peine a-t-elle ouvert la porte qu'un vent frais vient la cueillir, ainsi qu'une odeur de fumée. Ses yeux se posent sur la cigarette coincée entre les doigts fin de Law. Elle fait claquer sa langue contre son palais, produisant le son si reconnaissable de l'agacement. D'un geste, elle vient saisir l'objet de son mécontentement et le jette par terre. Au cas où le brun aurait l'idée de la ramasser, elle fait un pas en avant et écrase le mégot, l'air satisfait.
" Les gens n'ont donc pas le droit de vivre à côté de toi ? Soupire la victime de cette exécution en règle.
- C'est quoi le but, faire croire que t'es cool en fumant du goudron ? Vous êtes tous tellement ridicules... "
Sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre, la rousse descend la rue vers le parking, agacée. Elle ne peut pas supporter ça, cette fumée, cette odeur, cette nonchalance à inhaler un produit toxique. Derrière elle, le brun lève les yeux au ciel. Cette capacité qu'elle a de se mêler constamment des affaires des autres l'exaspère. Elle s'emporte vite, si vite qu'il en oublierait le moment parfaitement sympathique qu'ils viennent de passer. Il n'a définitivement pas fait le bon choix. Tant pis. Allongeant le pas, Law remonte au niveau de l'étudiante, bousculant au passage son large sac de sport.
" Je t'emmènerai dans un endroit spécial un jour, tu vas adorer, lui annonce-t-il, dissipant instantanément sa colère.
- C'est quoi ? Demande-t-elle intriguée et loin d'être patiente sur les devinettes. Dis-moi, dis-moi, dis-moi.
- Non, tu verras. "
Sa moue renfrognée ni changera rien. Law sourit tout en déverrouillant sa moto. Il doit l'avouer, elle lui tient bien compagnie. L'entendre râler l'amuse. Rien que la voir évoluer dans son environnement le divertit. Elle s'énerve, s'emporte, devient inarrêtable lorsque le sujet la passionne, ne lâche jamais le morceau lors d'un débat et lui tient tête constamment. La frontière entre passer du bon temps avec elle et la trouver horripilante reste fine. Mais pour l'heure, elle vaut le coup de sortir de chez lui et de laisser ses livres de côté : il aura tout le temps de les lire lorsque leur contrat s'arrêtera et que chacun reprendra sa vie.
Elle veut l'enlacer, le serrer dans ses bras si fort qu'il la suppliera de le laisser respirer. Elle pourrait l'attraper, là, maintenant. Mais son corps semble figé à seulement quelques mètres de lui. L'infini s'étend en eux. Elle l'appelle. Il ne répond pas. Elle hurle. Il ne bronche pas. Son teint est vitreux, livide, si pâle qu'elle jurerait qu'il est mort. Sa gorge se noue tandis que son palpitant se serre. C'est une douleur diffuse qui s'empare de son corps, s'immisce dans ses veines, traverse sa peau. Et ce son, incessant, qui la ramène toujours à la dure réalité. Car quand les battements du cœur s'arrêtent, il prend le relais. Continue. Inarrêtable. Strident. Terrifiant.
" Yo ! Chuchote Hiyori dans le téléphone, le corps encore secoué de son cauchemar nocturne et les yeux humides.
- Yo ! Je te manque même en pleine nuit ? Il est super tard chez toi, s'étonne Luffy.
- J'arrivais pas à dormir, t'es le seul que je peux embêter à cette heure-ci, ment-elle d'une faible voix pour ne pas réveiller ses colocataires.
- Papa va surement t'appeler bientôt, il est horrifié en ce moment.
- Qu'est-ce qu'il a ?
- J'ai fait une blague sur le fait que t'allais nous remplacer par un mec autre que Shachi et il n'arrête pas de ruminer ça, explique l'adolescent en riant.
- T'es con, il va s'imaginer des trucs, soupire notre protagoniste. Comment voudrais-tu que je cale un mec dans mon emploi du temps ?
- Faudrait un sportif qui fasse de la boxe ou de la natation... Marco ?
- Pourquoi tu veux me caser avec tous mes potes ?
- J'ai peur que tu te sentes seule, plaisante Luffy tout en laissant poindre une bribe de vérité.
- Quel adorable petit frère prévenant... Concentre toi sur tes études plutôt.
- Toujours ! "
Ce n'est que l'épuisement, une heure plus tard, qui fait raccrocher Hiyori. Apaisée, mais éreintée de ces réveils douloureux. Ils la ramènent à une réalité qu'elle veut mettre de côté. Celle où elle ne reverra plus jamais le large sourire de celui qui la faisait rire sans cesse, qui la protégeait, l'encourageait, la regardait comme la prunelle de ses yeux. Elle voudrait le revoir, une dernière fois, dans des rêves plutôt que des cauchemars. Dans ses bras plutôt que dans ses larmes.
[Est-ce que je vais vous remercier de lire à la fin de tous mes chapitres ? Probablement ! Merci et à la semaine prochaine pour une nouvelle aventure qui s'annonce... particulièrement intéressante.]
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Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]
FanfictionQuand l'homme le plus convoité de la faculté propose à Hiyori de devenir sa fausse petite-amie, elle pense à une blague. Mais Law est bel et bien sérieux. L'une est sauvage et colérique ; l'autre, dragueur et solitaire. Un duo que tout oppose, oblig...