Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]

Chapitre 28 : Ta peur palpable

La jeune femme ne répond rien, ses yeux balayant la salle à toute vitesse. Derrière elle, le malabar aux muscles saillants resserre sa prise autour de ses cervicales. Presque sur la pointe des pieds pour éviter de quitter le sol, elle déglutit à peine. Des détails lui sautent au visage, comme s'il n'y avait que ça à observer : les gouttelettes de sang à peine visible sur le mur immaculé derrière Law, la table en verre fissurée en plein centre, le manteau en fourrure rose de Doflamingo lui aussi tâché et le poing américain coincé entre ses phalanges.

- Doffy, laisse la partir, supplie Law en lui jetant un regard désespéré. Je ferai tout ce que tu veux.

- T'as cinq ans de retard pour ça, Law, crache l'intéressé en s'approchant de l'étudiante.

Il jubile. Sa proie se présente à lui toute seule. Il commençait à se lasser de la chasser.

- On parlait de toi trésor ! S'exclame-t-il.

Il laisse glisser sa langue sur ses lèvres rêches. Ses doigts, aussi longs que fins, viennent se poser autour de la mâchoire d'Hiyori. Une odeur de whisky et d'eau de cologne manque de la faire vomir. De loin, il semblait porter le masque d'un ange ; de près, sa peau marquée par l'alcool et ses cheveux grisonnant lui donnent l'air d'un fou. Il la scrute d'un sourire ravi, comme un enfant qui déballe son premier jouet. La rousse ne le quitte pas des yeux malgré son corps tremblant. Une bouffée de colère monte en elle, traverse son sang pour venir contracter ses muscles. Elle lève le bras et sort le couteau, se coupant au passage la paume de la main.

- La garce !

Doflamingo s'écarte et attrape l'arme tout en regardant son manteau déchiré. La seconde main de l'homme baraqué se referme sur le cou d'Hiyori, l'étranglant sans retenue. Plus aucun son ne sort de sa gorge. Elle décolle du sol. Ses jambes se balancent vivement pour tenter de se libérer tandis que ses ongles s'enfoncent dans les mains de son assaillant.

- Pica, lâche-là ! Elle étouffe ! Hurle Law, en se jetant vers elle.

C'est le coude de Doflamingo qui l'accueille, en plein dans le larynx. Il recule de trois pas et s'effondre à nouveau, le souffle coupé, une vive douleur l'empêchant de se relever. Le rire de Doflamingo brise ce silence forcé. Un rire terrifiant, fou. Il se délecte de ce déchaînement de violence, ses pupilles dilatées par l'excitation. Tout en jetant le couteau dans un coin de la pièce, il chuchote.

- Attendez, attendez.

Il fait signe à Pica de relâcher sa prise. Hiyori tombe au sol, les mains autour de son cou pour tenter de retrouver sa respiration. Sa cage thoracique se remplit difficilement d'air. Tout son corps la brûle. Elle voudrait s'allonger, se recroqueviller pour ne plus jamais se relever, fermer les yeux et pleurer. Mais Doflamingo ne lui en laisse pas l'occasion.

- J'ai une idée, continue-t-il. On va faire un peu de place.

Sans se soucier de ce qui l'entoure, il envoie valser la table basse, déjà brisée, qui percute la baie vitrée. Il réserve le même traitement à la télévision et au meuble qui la supporte, puis à une plante ayant eu le malheur de se trouver sur son chemin.

- Voilà, c'est mieux.

Pour attirer l'attention de son audience, déjà pendue à ses lèvres, il tape dans ses mains. Hiyori relève la tête, son visage assombri par la peur, mais le regard rempli de haine.

- Tu vas nous faire une petite démo, lui explique-t-il. Ce soir, le combat verra s'affronter Pica, la forteresse...

Il applaudit sa propre présentation puis attrape le bras de la rousse pour la remettre sur ses pieds, face à son adversaire.

- À Red, la chienne enragée !

Il salue un public inexistant et chuchote à l'oreille d'Hiyori.

- Il t'ira très bien ce nom.

Cette proximité la dégoûte. Elle tente de se débattre, mais la poigne de Doflamingo l'en empêche. D'une main, il lui retire son manteau, sous les yeux enragés de Law, incapable d'imaginer une seule solution pouvant les sortir de cet enfer.

- Donne moi ton code de portable, je vais quand même vérifier que t'as pas appelé les flics, ordonne le blond en récupérant le téléphone de la jeune femme dans sa poche.

Elle s'exécute, se souvenant par la même occasion qu'une lueur d'espoir de voir des agents débarquer existe encore. Ne fouillant que l'historique d'appel, Doflamingo se réjouit. Sans prévenir, il attrape la natte de l'étudiante et la tire en arrière, l'obligeant à le regarder dans les yeux.

- T'es plus conne que je le pensais.

Un nouveau fou rire le prend alors qu'il la relâche et la pousse en direction de Pica, dont le regard vide ne laisse transparaître aucune émotion. Sans qu'elle ne l'entende, trop concentrée sur l'ennemi qui lui fait face, Doflamingo murmure.

- Si tu tentes quoi que ce soit, il va de soi que je la bute.

Law se fige, le morceau de verre qu'il venait de ramasser glisse lentement au sol. Il ne sait plus où regarder. Vers Doflamingo, pour déceler la moindre faille et tenter de le planter en prenant le risque qu'il se venge sur Hiyori. Vers elle, et l'observer se faire frapper par Pica - et ses cent trente kilos de muscles. Vers le sol, pour oublier l'enfer qui l'entoure et la forte probabilité qu'aucun d'eux ne repartent d'ici en vie. Ses yeux se posent sur la natte à moitié défaite de son acolyte. Il la voit rebondir dans son dos en même temps qu'elle esquive les coups. L'espace restreint l'empêche de se mouvoir autant qu'elle le voudrait, tout comme son corps tendu qui lui rappelle que ce n'est pas qu'un combat dans un ring, mais bien un affrontement pour tenter de sauver sa vie. Loin d'elle l'idée de gagner. L'énergumène qui se tient devant elle ne bronchera à aucun des coups qu'elle pourrait lui infliger. Ne lui reste qu'à gagner du temps en priant assez fort pour que des policiers viennent les sauver. Malgré son gabarit, Pica ne la laisse pas se reposer. Ses poings filent, pressés d'en finir. Plus elle l'évite, plus il s'énerve, peu enjoué à l'idée de s'adonner à ce spectacle. Debout au milieu du salon, Doflamingo s'amuse, imaginant déjà les différents adversaires qu'il pourra placer sur le chemin de cette rouquine et la montagne de billets qu'elle lui rapportera. Entre le bruit de ses pas sur le sol et celui des coups de son adversaire, Hiyori entend les ricanements du blond. Elle enrage. La décharge d'adrénaline qui parcourt son corps accentue sa haine. Dans un cri, elle attaque. Son pied tente de toucher le genou de l'inconnu, sans succès. Elle sent un coup l'atteindre à l'estomac. Son souffle se coupe tandis que ses bras encerclent naturellement son ventre. Pliée en deux, elle ne voit pas la jambe de son adversaire la frapper à la cuisse. Elle le sent. Envoyée au sol un mètre plus loin, sa tête percute le parquet. Incapable de se relever, ses muscles endoloris, elle peine à lever les yeux pour observer le combattant s'approcher. Derrière lui, la porte d'entrée s'ouvre avec fracas et trois hommes font irruption dans l'appartement.

[Un combat aussi déséquilibré doit bien valoir un petit vote sur ce chapitre, non ? Merci encore d'être là après tous ces chapitres !]