Chapitre 21 : Ton amitié intacte

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L'hiver arrive. Le mois de novembre se termine entre les gouttes et celui de décembre avance sans qu'un flocon de neige ne daigne effleurer le bitume. Le mauvais temps n'empêche pas la rousse d'embarquer matin et soir avec son chauffeur privé. Mais aujourd'hui, aucun d'eux ne parle. Elle ne lui raconte pas son entraînement de la veille, ni le dernier épisode de son animé du moment. Elle regarde les paysages défiler. Law, lui, ne se presse pas. Il ne lui parle pas du nouveau groupe qu'il a découvert, ni du livre qu'il va acheter ce soir. Quelques kilomètres-heure en dessous de la vitesse autorisée, il se perd dans les ruelles, longe le parc, traverse un vieux pont en pierre à sens unique pour revenir sur le suivant. Hiyori ne pose pas de questions, son casque appuyé dans le dos de Law. À ce rythme, le cours commencera sans eux. Il n'a pas de destination autre que l'université, et elle le sait. Car cela fait trois mois, jour pour jour, qu'ils fréquentent la même faculté. Elle l'avait noté dans l'agenda de son téléphone, avec des émojis de joie, à l'époque où voir ces yeux noirs tous les jours était un supplice. Aujourd'hui, leur étrange contrat prend fin. Ce soir, Law la déposera au pied de son immeuble pour la dernière fois. Il récupérera le casque gris qu'il avait acheté – assorti au sac à dos de sa petite-amie de fortune. Il lui dira à demain, tout en sachant très bien qu'elle se réveillera en retard et sautera au dernier moment dans la voiture de Shachi. À ces pensées, il voudrait ralentir, mais ils arrivent enfin, ou plutôt déjà, devant l'établissement. Hiyori desserre ses bras, se demandant s'il acceptera quand même de venir à la boxe ou s'il lui tiendra compagnie lors des soirées organisées à son appartement.

- Vous en faites une tête ! S'exclame Shachi en les voyant arriver dans l'amphithéâtre, quelques secondes avant l'enseignante.

Ils échangent un rapide coup d'œil et haussent les épaules à l'unisson. Ni l'un ni l'autre n'aborde le sujet. Car ni l'un ni l'autre ne trouve la réponse à la question qui les embête : qu'est-ce qui va changer ? Le trajet retour, lui aussi, ressemble plus à un cortège funèbre qu'à une fin de journée classique. Law arrête sa moto, pose pied à terre et soupire tandis que sa passagère s'extirpe. Elle se plante devant lui.

- Bon beh... Finalement, c'était pas si horrible de jouer ta meuf, juste pour les tours sur ta bécane.

Le brun laisse échapper un petit rire à travers sa visière remontée.

- J'aurais qu'à jouer ta pote maintenant, ce sera moins difficile, rigole-t-elle à son tour en lui tendant son casque.

- Je risque de ne pas survivre une journée de plus avec toi, ironise-t-il.

Cette routine ne lui va que trop bien. Et garder un œil sur celle que pourchasse Doflamingo ne lui semble pas être une mauvaise idée. Il repousse le casque gris d'une main et démarre sa moto.

- À demain, sauvage.

Sans attendre de réponse, ni voir le grand sourire dessiné sur le visage de son acolyte, il s'éloigne. Avant qu'il ne soit trop loin, Hiyori allume le micro de son casque et y approche ses lèvres.

- Law, on n'est plus sous contrat ?

- Non, répond-t-il en jetant un regard derrière son épaule.

Il ne veut pas entendre la suite, de peur de ce qu'elle pourrait lui annoncer : son déménagement imminent pour retrouver sa famille, son refus de remettre ses fesses sur une moto, ou pire, un rencard avec Marco. Son cerveau mouline.

- Maintenant que c'est terminé, je peux tomber amoureuse ?

À la seconde où Law freine au milieu de la route, elle coupe le micro en pouffant et court se réfugier dans son appartement. Il ne voit que sa tignasse rousse passer la porte. Elle va me tuer cette meuf. Il souffle du nez, fait vrombir son moteur et repart en trombe, conscient de s'être fait avoir par cette fausse proposition. Si cette jeune femme insolente voulait vraiment de lui, elle n'avait qu'à le cueillir l'une des nombreuses fois où il a occupé son lit. Il secoue la tête et accélère. Hiyori, elle, sent son coeur s'emballer. La faute aux escaliers dont elle a grimpé les marches trois par trois, sans doute. Elle pose le casque sur le canapé et déboule dans la chambre de son meilleur ami. Elle se jette sur son lit, la tête dans un oreiller, ses pieds tapant vigoureusement sur la couette. Shachi lève un sourcil, concentré sur la partie de League of Legends qu'il tente de gagner sur son ordinateur.

Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant