Chapitre 22 : Ta peine adoucie

211 27 0
                                    

Plus les minutes passent, plus Law hésite à arrêter sa moto sur le bas-côté pour rendre l'intégralité de son petit-déjeuner dans le fossé. Les bras de sa passagère, serrés autour de son ventre, n'aident pas à calmer le tourbillon qui l'agite. Sa nuit n'a pas été plus simple. Mille questions l'ont tourmenté : celles qui se trouvent sans réponses depuis des années, celles qu'il veut absolument lui poser au parloir et celles auxquelles il n'avait pas encore réfléchi. Le peu de sérénité que lui a apporté le message d'Hiyori s'est envolé alors que son réveil sonnait. Sur son GPS, il voit les minutes défiler et la distance qui les sépare de la prison diminuer. Avant qu'il ne puisse arbitrer ses propres pensées, ils y arrivent. Son rythme cardiaque s'emballe à la vue du gigantesque portail coulissant qui garde l'entrée. Il relève sa visière et s'arrête à hauteur d'une cabine.

- Bonjour, j'ai un droit de visite, annonce-t-il en sortant l'autorisation et sa carte d'identité de sa veste.

- Le parking visiteur est sur votre gauche, répond un homme en uniforme de l'autre côté d'une épaisse vitre.

Son regard s'arrête sur la rousse.

- Votre passagère devra attendre dehors.

Law ne relève pas, trop concentré sur l'ouverture du portail. En somme, tout ce qui peut l'empêcher de prendre ses jambes à son cou. Va-t-il lui en vouloir ? Le détester pour s'être fait attraper par sa faute ? L'insulter ? Refuser de le voir ?

- T'inquiète, prend ton temps, lui sourit Hiyori en récupérant ses affaires alors qu'ils viennent de se stationner près de l'entrée.

Law hoche la tête et avance vers le bâtiment en pierre entouré de grillages, eux-mêmes surplombés de barbelés. La rousse le regarde hésiter, serrer ses poings et gravir les quelques marches qui le séparent d'une porte en fer pour le moins effrayante. L'idée même qu'elle se faisait d'une prison. Elle soupire, observe la buée sortir de ses lèvres et dégaine son portable pour patienter. Heureusement qu'il fait beau, pense-t-elle en ouvrant une application de streaming. L'accueil n'est pas plus accueillant que la vue du centre de détention. Le brun s'avance timidement dans un sas pas plus large que sa salle de bain et patiente derrière une ligne rouge tracée au sol. Des bruits de ferraille, de grilles qui s'ouvrent et se ferment, arrivent jusqu'à lui. L'ambiance lui paraît pesante, autant que les questions qui écrasent ses épaules depuis la veille.

- Avancez, l'interpelle une femme, elle aussi en uniforme.

Derrière sa vitre, elle esquisse un sourire en croisant le regard de l'étudiant. Un si beau minois, ça ne s'observe pas tous les jours ici.

- Bonjour.

- Bonjour, répond-t-il du tac au tac, nerveux. J'ai un permis de visite.

Sans même décliner son identité, il tend les documents. Tandis que son interlocutrice tape sans interruption sur son ordinateur vieux comme le monde, il la fixe. Seul moyen de se concentrer et d'oublier ses voix intérieures qui débitent un flot de paroles que lui-même ne peut pas suivre. L'air satisfait, elle lui indique un couloir à sa droite.

- Vous passez le portique, portable, montre, ceinture, bijoux dans un bac, liste-t-elle par cœur. Mon collègue vous fouillera, puis vous pourrez attendre votre tour dans la salle. Je vous rendrai votre pièce d'identité à la fin.

Assis sur une chaise inconfortable, probablement faite pour que ceux qui patientent ne reviennent pas trop souvent, Law gigote. Son pied bat la mesure de son palpitant. Autour de lui, trois personnes attendent – bien moins stressées. A chaque sonnerie stridente, un agent appelle l'un des visiteurs et l'emmène dans une salle annexe dont il ressort au bout de quinze minutes. Pas une de plus.

Ne me dis pas je t'aime [Law X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant