Chapitre 3

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Comme s'il y avait un côté lumineux - était de ceux-là. Lorsque Lee eut fini d'emballer le corps de Marc dans la bâche de protection, il a levé les yeux sur Crawford. Des yeux morts, s'était dit Jonathan Crawford, les yeux d'un enfant filmé dans un pays en guerre. Lee n'avait pas eu la peine d'enlever son casque, et ses écouteurs, à lui, ne diffusaient pas du hip-hop, du rap, ni même du rock à pleins tubes. Il écoutait pratiquement non-stop des CD des chanteurs tels que Pink, Beyonce, toutes ces grandes divas.

- Je l'emmène chez Mazé ? A-t-il demandé. Il s'exprimait d'une voix curieusement lente, comme un personnage des Peanuts.

Jonathan Crawford hocha la tête. Mazé dirigeait un crématorium où on incinérait bien les déchets. Et débarrasse-toi de ça ; il a tendu à Erick Lee le calibre vingt-deux. Le pistolet paraissait minuscule, comme un faux dans l'énorme main de Lee. Erick fronça les sourcils, probablement déçu que Crawford ait préféré ce gadget à ses talents exceptionnels, et l'a fourré dans la poche. Avec un vingt-deux, la balle ressortait rarement de l'autre côté. Autrement dit, il y avait moins de pièces à conviction, le sang avait été contenu par la bâche en vinyle, ni vu ni connu.

- Et pour sa femme ? Demanda Lee.
- Elle respire encore ? Interrogea le gros.
- Oui!!
- J'ai fait une promesse à son mari. Dit le gros en regardant Lee.
- À plus tard alors, a fait Lee.

Jonathan Crawford lui a adressé un salut de la tête. Il n'avait pas pris un grand plaisir aux souffrances de Williams. Mais cela ne l'avait pas dérangé non plus, le problème était simple, Crawford devait s'assurer que personne ne les avait vus et qu'ils n'avaient pas laissé traîner des preuves compromettantes.

Le portable de Crawford s'est mis à vibrer. Il a appuyé sur un bouton.

- Oui, dit le gros.
- Vous avez eu la clé USB ? Demanda le chef.
- Oui, a répondu le gros.
- D'accord, je vous attends au lieu habituel, dit le chef avant de raccrocher l'appel.

Crawford, à son tour, compose le numéro de la police.
*

Le huit septembre deux mille deux, vingt-deux heures, État du Texas. Il se fait tard, tout en sueur, Serena Williams revenait de la salle de sport, pénétrant dans son appartement, elle a jeté son sac sur le canapé. Après avoir retiré son téléphone du sac, elle a constaté quatre appels manqués, suivis d'un message vocal. À cet instant précis, elle a su que quelque chose n'allait pas.

Le téléphone en main, l'éclairage embué de l'appareil laissait apparaître un nom choisi soigneusement pour souffler son orgueil. Elle a ouvert la note vocale, et là, ce fut un choc, le «babe» était devenu comme un ticket de loto sans valeur. Elle ne s'attendait pas à ça, pas de lui, pas tout ça.

Elle voyait tout partir en fumée, elle sentait le sol se dérober sous ses pieds quand elle a entendu ça.
«Serena, ma chérie, j'espère que tu vas bien. Ce que je vais te dire va peut-être te faire un choc, mais je me suis rendu compte que toi et moi sommes incompatibles, nous devrons nous séparer. Ne me prends pas pour un salaud, ni pour un méchant, mais je ne sens plus rien entre nous. Je suis désolé, j'espère que tu seras heureuse, pardon. »

Serena demeura un moment stoïque, silencieuse, calme, puis, sans les contrôler, des larmes se mirent à dévaler ses joues.

Non ! Cria-t-elle en balançant son téléphone qui atterrit sur l'autre canapé.
Elle se laissa tomber lentement sur le sol, vidant les larmes que ses yeux pouvaient libérer. Jamais elle n'aurait cru que Tyler lui ferait un truc pareil. Avait-elle donné trop d'importance à cette relation ? S'était-elle trop fait d'illusions ? Avait-elle été trop naïve ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, elle se sentait perdue. Était-ce de sa faute ? Qu'avait-elle mal fait ? Elle n'arrêtait pas de se tourmenter, elle se sentit tout d'un coup lasse, épuisée, vide. Elle aimait Tyler, mais en ce moment, maintenant, elle se demandait ce qui avait manqué à cet amour Elle pleurait, voulait se vider la tête, se défouler. Elle n'aimait pas souffrir, alors elle préféra s'en débarrasser sur le champ. Comme une possédée, elle se leva et renversa son canapé sur le sol. Elle brisa son miroir et son vase en verre, jeta tous ses livres, sa table et ses effets, ainsi que leurs photos.

Elle alla ensuite dans la salle de bain et ouvrit le robinet, la tête en dessous de celui-ci. Elle resta là, sentant l'eau envelopper sa tête. Elle prit une résolution : « C'est bon, c'est terminé. Je n'en peux plus, tout est fini.

A l'encre de nos veinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant