Chapitre 34

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Serena et Alexander arrivèrent enfin à la morgue, l'atmosphère pesante pesait sur leurs épaules. L'air froid et aseptisé des lieux renforçait le sentiment d'irréalité qui habitait Serena depuis qu'elle avait reçu cet appel. Ensemble, ils se présentèrent à l'accueil.

— Bonjour, je suis Serena... Serena Williams . Je suis ici pour identifier un corps, dit-elle, sa voix tremblante.

L'agent derrière le comptoir jeta un regard compatissant à Serena et hocha la tête avant de leur indiquer la direction de la salle où reposait le corps.

— Veuillez me suivre, mademoiselle Serena , monsieur, dit l'agent d'un ton solennel.

Serena serra instinctivement la main d'Alexander alors qu'ils marchaient dans les couloirs lugubres de la morgue. Chaque pas résonnait dans le silence pesant, augmentant l'angoisse qui rongeait Serena. Elle sentait son cœur battre dans sa poitrine comme un tambour assourdissant.

Arrivés devant la salle, l'agent ouvrit lentement la porte et les laissa entrer. La pièce était éclairée par une lumière blafarde, et au centre de celle-ci reposait une table métallique, recouverte d'un drap blanc. Un silence glaçant s'installa. Le médecin légiste, présent dans la pièce, s'approcha calmement.

— Êtes-vous prête ? demanda-t-il doucement.

Serena hocha faiblement la tête, son corps raide de tension. Le médecin légiste tira délicatement le drap pour dévoiler le visage méconnaissable du corps allongé. C'était Marck Williams, le visage marqué de profondes blessures. Son corps avait été maltraité, méconnaissable sous l'horreur de ce qui lui avait été fait.

À la vue de ce spectacle, Serena lâcha un cri sec, perçant le silence de la salle.

— Non... non, ce n'est pas possible ! hurla-t-elle, sa voix pleine de douleur et de terreur.

Son corps vacilla, incapable de supporter l'horreur de la scène. Alexander réagit immédiatement, ses bras entourant Serena alors qu'elle s'effondrait. Il la rattrapa juste à temps, la tenant fermement contre lui.

— Je suis là, Serena... Je suis là, murmura-t-il, essayant de la calmer.

Serena, accablée par le choc, laissa ses larmes couler librement. Son corps tremblait dans les bras d'Alexander. Elle refusait de croire que c'était réel, que cet homme, allongé devant elle, pourrait être son père.

Le médecin légiste, voyant la détresse de Serena, remit doucement le drap en place. Il leur laissa quelques instants pour se recueillir.

— Prenez tout le temps qu'il vous faudra, dit-il avec empathie avant de quitter la pièce.

Alexander serra un peu plus fort Serena, ses mains caressant doucement ses cheveux pour tenter de la réconforter. Il savait qu'aucun mot ne pourrait vraiment apaiser la douleur qu'elle ressentait, mais il était là, et c'était tout ce qui importait en cet instant.

L'agent Altamiro était en train de feuilleter des documents lorsqu'il entendit des bruits de pas lourds approcher de son bureau. Il leva la tête, surpris de voir trois membres de la brigade entrer brusquement, leurs visages fermés. L'atmosphère changea immédiatement, devenant oppressante.

— Agent Altamiro, nous avons quelques questions à vous poser, dit l'un des hommes d'un ton grave, un dossier en main.

Altamiro fronça les sourcils, confus.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il, posant calmement ses papiers sur la table.

— Où étiez-vous entre la nuit de mercredi et jeudi ? demanda un autre agent, l'air suspicieux.

Altamiro, pris de court, plissa les yeux. Il n'avait aucune idée de ce qui se passait.

— J'étais... au travail, comme d'habitude. Pourquoi cette question ? répondit-il en se redressant sur sa chaise, sentant la tension monter.

Avant qu'il ait pu dire autre chose, l'un des agents s'approcha de lui, sortant un document officiel.

— Nous avons des raisons de croire que vous êtes un potentiel suspect dans le meurtre de Marck Williams. Nous avons un mandat pour fouiller votre domicile, ajouta l'agent tout en sortant les papiers.

Le choc fut immédiat. Altamiro se leva brusquement, ses yeux écarquillés.

— Quoi ? Attendez, vous me suspectez dans cette affaire ? C'est absurde ! s'écria-t-il, la voix remplie d'incrédulité.

L'agent ne cilla pas et poursuivit :

— Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous devant un tribunal. Vous avez également le droit à un avocat. Si vous n'en avez pas, un avocat d'office vous sera désigné, dit l'agent en récitant les droits de façon mécanique.

Altamiro, abasourdi, ne savait plus quoi penser. Il était celui qui menait l'enquête, et maintenant, il se retrouvait accusé. Il chercha des réponses dans les regards des autres agents, mais tout ce qu'il vit était la froideur de leur professionnalisme. Une partie de lui voulait exploser, crier à l'injustice, mais il savait qu'il devait garder son calme.

— Très bien. Faites ce que vous avez à faire, dit-il finalement en inspirant profondément, essayant de masquer sa frustration.

Les agents échangèrent un regard, puis commencèrent à se diriger vers la porte. Altamiro sentit une sueur froide glisser le long de sa colonne vertébrale. Comment en était-on arrivé là ? Qui était derrière cette manipulation ? Il devait comprendre ce qui se passait, et vite.

L'agent Altamiro, assis sur une chaise dans un coin de la pièce, repensait à cette nuit fatidique. Il avait toujours su qu'un jour, les fantômes de son passé reviendraient le hanter. Mais il n'avait jamais imaginé que cela arriverait de cette manière.

Cette nuit-là, lui et son ex-copain avaient enterré le corps du concierge dans un endroit isolé, un acte qui, à l'époque, semblait nécessaire. C'était une situation délicate, une de celles où il n'avait vu aucune autre option. Mais aujourd'hui, ce moment refaisait surface, comme une malédiction. Chaque détail de cette nuit lui revenait en mémoire, comme si c'était hier.

Il revoyait les scènes avec une clarté terrifiante : la façon dont son ex-copain, les mains tremblantes, avait suggéré d'enterrer le corps, la sueur qui perlait sur leurs fronts alors qu'ils creusaient en silence, et ce silence pesant après que le dernier coup de pelle eut recouvert le concierge de terre.

Il se souvenait du poids de la terre qu'ils avaient jetée, mais aussi du poids qui pesait sur sa conscience. Depuis, ils n'avaient jamais reparlé de cette nuit. Leur relation, déjà fragile, s'était effondrée peu de temps après. Altamiro avait continué sa vie, son ex-copain était parti, et le secret avait été enterré avec le corps.

Mais maintenant, il se demandait si tout cela n'était pas un retour de karma. Peut-être était-ce cette action qui l'avait conduit à ce point, à être accusé d'un crime qu'il n'avait pas commis. Le destin semblait jouer une sinistre partie contre lui, le piégeant dans une toile qu'il avait en partie tissée lui-même.

Altamiro posa une main sur son visage, submergé par ces souvenirs. Il se revoyait, des années plus tôt, observant son ex-copain, dont le regard était empli de désespoir ce soir-là. Il se demandait maintenant si tout cela avait valu la peine. Si ce qu'ils avaient tenté de couvrir cette nuit-là ne les avait pas, finalement, tous condamnés.

Il inspira profondément, tentant de chasser ces pensées. Mais elles restaient là, accrochées à lui comme une ombre qui le suivait partout.

A l'encre de nos veinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant