Lien -3

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Les draps de l'infirmerie sentaient un curieux mélange de jus de citrouille, naphtaline et propreté. Harry avait le nez fourré dedans depuis une vingtaine de minutes, donc il avait fini par constater la senteur si particulière de sa literie. Sa literie, parce qu'il allait rester dans cette pièce stérile, moche, et normalement réservée pour les porteurs de maladies contagieuses, située sous la petite infirmerie de Mme Pomfresh, une semaine.

Il n'osait pas relever la tête parce que Malfoy était sur le lit à côté du sien. Mais il n'imaginait pas non plus rester avachi face contre son oreiller tout sa vie, donc il se demandait s'il ne devrait pas trouver un moyen de passer le temps. Hermione lui avait laissé des livres, mais il n'avait pas la tête à ça, et Ron un jeu d'échecs, sauf qu'il se voyait mal proposer une petite partie à Malfoy.

- Vas-tu rester longtemps ainsi ? demanda Malfoy dans un reniflement dédaigneux.

Harry avait envie de répondre "oui", mais il ne le fit pas, parce qu'Hermione lui avait déjà dit qu'en combat verbal, la meilleure réponse était d'ignorer son adversaire.
Non, Malfoy ne l'avait pas attaqué, mais ça ne saurait tarder. Et non, il n'écoutait jamais Hermione en temps actuel, mais là, elle était l'excuse parfaite pour se taire lâchement.

Drago soupira discrètement. Il s'ennuyait beaucoup. Il n'avait pas l'habitude de rester assis sans rien faire, sans même un livre pour s'occuper. Il regarda la pile de livres laissée par la sang-de-bourbe avec envie, puis retourna à la contemplation minutieuse des dentelles de son drap. Le motif floral se répétait continuellement, rien de très intéressant en soi. Il inspecta les environs, agissant comme s'il ne l'avait pas déjà fait les vingt dernières minutes. Les murs étaient grossièrement taillés dans la pierre, ainsi que le sol. L'ensemble faisait un peu grotte. Les seules choses décentes, dans cet endroit insalubre, étaient leurs deux lits d'hôpital et la porte en bois qui menait, si l'on montait un grand escalier, à l'infirmerie. Drago se souvenait encore de l'infirmière qui leur avait expliqué sans délicatesse aucune qu'on avait mit là les victimes de la peste, il y avait un temps, avant de savoir la soigner. Ça n'avait évidemment pas du tout rassuré Drago. C'était répugnant. Et cette saleté de Potter qui l'ignorait! Il n'avait rien fait, pourtant. Il avait même essayé d'engager la conversation avec cet énergumène inférieur.

- Malfoy ? lui parvint la voix étouffée d'Harry Potter.

Drago se retourna avec décidément beaucoup trop d'enthousiasme. Le brun avait toujours la tête engoncée dans son lit, tant pis, au moins il avait retrouvé ses capacités d'élocution. Il ne put contrôler la joie dans sa voix lorsqu'il répondu d'un ton voulu supérieur :

- Potter ?

Harry se sentit sourire dans les pliures du tissu. Drago était heureux, ça lui était suffisant pour l'être aussi. Mais n'importe quoi. C'était quoi, cette phrase tirée des magazines People de la tante Pétunia ?
Maintenant, il fallait répondre. Il se tourna dos à Malfoy, pour pouvoir mieux parler.

- Je... Suis désolé...

Malfoy leva ses sourcils, véritablement étonné. Il s'attendait à autre chose. Comme la discussion qui s'imposait sur leurs sentiments respectifs.

- Pourquoi donc ?

Harry se mordit les lèvres. Ça lui avait échappé. Il se sentait terriblement responsable des souffrances du blond, la matinée.

- Ça va te paraître stupide, maugréa-t-il, mais j'ai l'impression que c'est de ma faute si tu... Tout à l'heure.

Bien, bien, très clair Harry, bravo !

- C'était totalement ta faute, répondit sérieusement Drago.

- Je viens de m'excuser, Malfoy, ça va.

RECUEIL OS DRARRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant