Soap (HSS bonus)

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Théodore avait senti ses yeux se remplir d'eau avec l'implacabilité de la pluie les jours d'hiver.
Il pleurait et il n'arrivait pas à s'en empêcher.
Ce qu'il avait devant les yeux le rendait malade. Ça lui donnait envie de vomir.

Il y avait là Malfoy, grand comme une articulation géante, bizarrement articulée autour de Harry Potter. Ce dernier semblait tellement petit. Ses cheveux emmêlés se perdaient dans les bras de Malfoy qui l'enserrait férocement. Il pleurait sans discontinuer, bien loin à présent de l'image que Théodore lui avait toujours associée. Un garçon prétentieux, qui aimait le succès, et qui ne refusait aucun sacrifice pour l'obtenir. Il se demandait si, depuis le début, cette image n'avait pas été la sienne.
Peut-être que depuis le début, c'étaient eux, les prétentieux et imbus d'eux mêmes, qui ne se refusaient rien. Théodore sentait la main de Pansy lui tapoter le dos avec une régularité fluctuante, et ce goût affreux dans sa bouche... Un sentiment de pur dégoût le prenait à la gorge. Il y était plutôt habitué, à ce sentiment. Pourtant... Il ne l'avait jamais vraiment ressenti envers lui-même, et c'était ce qui faisait toute la différence.

Il regardait son ami avec curiosité, aussi. Il ne comprenait pas le comportement de Drago. Ce dernier chuchotait sans s'arrêter des mots que Théodore ne parvenait pas à comprendre, mais dont il distinguait la teneur : des excuses, des pardons, des désolés. Sans doute un tas d'autres choses, un tas d'autres secrets, un tas d'autres confidences murmurées. Et tout cela paraissait tellement intime à Théodore qu'il avait envie de partir en courant, d'aller trouver un coin sombre pour y être coupable en paix et de tout laisser tomber. De tout laisser tomber déjà parce qu'il se sentait mal, et aussi parce qu'il sentait au fond de lui qu'il troublait ce moment, et surtout, surtout parce qu'il craignait de ne jamais atteindre un amour aussi profond que celui qui se déroulait devant lui.

Car c'était de l'amour, il en était sûr, comment aurait-ce pu être autre chose ?
Il avait toujours été un romantique. Il savait reconnaître ces choses là. Et devant ses yeux, c'était Roméo et Juliette, Tristan et Iseut, Draco et Harry. Il émanait d'eux une complémentarité douloureuse, une symbiose impossible, un amour maudit.

Théodore n'aspirait pas à un amour confort. Il voulait souffrir. Il voulait mériter cet amour, il voulait se battre pour l'avoir, et il était sûr qu'il s'était déjà tellement battu, qu'il avait déjà tellement souffert, qu'il ne tarderait plus à aimer. Il avait l'impression pourtant qu'il n'avait jamais autant souffert que ces deux là. Il avait l'impression pourtant qu'il lui restait bien encore à souffrir pour pouvoir aimer de la sorte. Il s'y refusait pourtant. Cela paraissait trop vertigineux, de s'aventurer dans un amour comme celui là.
Il ne se sentait pas à sa place. Il n'était pas à sa place. Il devait le dire.
Ce besoin impérieux de parler qui saisissait Théodore, c'était de la bravoure. Lui même ne le savait pas encore, mais d'autres surent le reconnaître au moment même où il ouvrait la bouche.

Blaise Zabini était posté à l'autre bout de la pièce. D'habitude, ses yeux noirs se baladaient sur tout ce qui était beau à voir, c'est a dire qu'ils restaient souvent posés sur la personne de Théodore Nott. Pourtant en ce moment Blaise fixait la silhouette de son ami blond étroitement entrelacée à une autre, celle de Celui-qui-a-survécu, et il commençait doucement à comprendre qu'il venait de participer a une connerie monumentale.
Le sentiment de malaise était présent chez lui aussi, c'est pourquoi il se décida à s'enquérir, du regard, du bien portant des autres.
Ses prunelles sombrent effleurèrent d'abord Pansy. Elle avait récemment coupé ses cheveux au carré et c'était toujours dérangeant pour le métis. C'est pour cette raison simple qu'il ne remarqua pas tout de suite que la main de son amie se perdait dans le dos d'un Serpentard cher à son cœur.
Cependant quand il comprit ce qui expliquait l'air perdu de la pauvre Pansy, un frisson de panique le traversa de part en part.

RECUEIL OS DRARRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant