Chapitre 15, menace.

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Il est encore tôt lorsque des coups sourds frappent à la porte de ma chambre et me réveillent.

— Val', chéri, on t'attend en bas il faut que tu te lèves, me prévient ma mère.

Je me redresse difficilement jusqu'à poser mes pieds sur le parquet.

— Vous voulez encore faire une randonnée ? je râle. Je t'ai déjà dit : ça ne m'intéresse pas, partez sans moi.

— Ce n'est pas ça, chéri, t'as de la visite.

Paul n'a décidément plus de limite pour venir me réveiller à une heure si matinale en pleines vacances.

J'enfile un t-shirt et un short sans me presser, puis je descends au rez-de-chaussée. Là, je retrouve, comme à son habitude, ma mère en train de boire son café. Mais, au lieu de lire un de ces bouquins qu'elle ne lâche jamais, elle est en pleine discussion avec deux agents de la gendarmerie.

Mon cœur vacille, qu'est-il arrivé ?

Je m'avance et traverse l'encadrement de la porte qui mène à l'extérieur pour les rejoindre. J'ai le ventre tout à coup noué, et les raisons qui puissent être la cause de la présence des gendarmes chez nous fusent dans mon cerveau. Je pense instinctivement à mon père. À l'avion qui aurait dû le déposer ce matin-même à Paris, pour le faire arriver ce soir dans la vallée. Et s'il lui était arrivé malheur ?

— Maman... ? je m'inquiète en arrivant à sa hauteur.

Son visage m'est alors visible. Je remarque ses traits tirés, ses yeux inquiets.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Un des deux gendarmes intervient pour me saluer.

— Bonjour, Valentin, on aimerait te parler si tu es d'accord.

J'acquiesce.

— Seulement si ma mère reste, je demande en m'asseyant à la table, à côté d'elle.

Les gendarmes nous l'accordent. Celui à qui j'ai parlé plus tôt et qui semble être le supérieur me tend alors une enveloppe. Je la saisis et l'ouvre délicatement. À l'intérieur se trouve une dizaine de clichés développés. Je les sors de leur protection de papier pour les regarder plus en détail. Mon souffle se coupe.

— Que s'est-il passé, Valentin ?

Je déglutis, incapable de produire un quelconque autre son.

Dans mes mains, des photographies datant de la semaine passée me représentent, au milieu du lac, en tenue complète de plongée. À mon étonnement, Paul et Charlie ne sont présents sur aucune d'elles.

— On a reçu ça ce matin, m'explique le gendarme. Un touriste t'aurait aperçu en pleine petite séance de plongée vendredi matin. Peux-tu confirmer que c'est toi sur les photos ?

Je jette un rapide coup d'œil vers ma mère. Les lèvres pincées, le regard blême, elle attend ma réponse.

— C'est bien moi, je réponds.

— Tu es au courant que la plongée est une activité formellement interdite dans le lac ?

Je pourrais faire mine que je n'en savais rien, mais mon mensonge ne serait pas crédible longtemps. Je ne suis pas un touriste de passage, nous venons dans la vallée depuis des années.

— Oui, je confirme.

— Valentin ! s'exclame alors ma mère. Pourquoi t'as fait ça ?

Lui dire la vérité aurait causé du tort à mes amis qui, miraculeusement, ont la chance de ne pas être sur les clichés envoyés à la gendarmerie.

Jeunesse lève-toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant