Chapitre 41

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Il venait de passer devant l'éléphant et descendait la dernière marche lorsqu'il entendit cette foutue porte cogner dans le mur en brique.

« TAEHYUNG !»

Sa voix se cassa sur la dernière syllabes de son nom. Tae se retourna et il le vit, il le vit lui, debout les poings serrer en train de le regarder comme s'il était un fantôme. Droit comme un I, il était plus pale que jamais.

Mais surtout à travers les siennes, Taehyung vit ses larmes rouler comme des billes éclatantes sur ses joues pleines. Elles étaient deux, peut-être trois, mais elles retenaient son attention comme si elles étaient des milliers.

« Je, je, je, je,... »

Il répétait le même mot, comme s'il n'arrivait pas à exprimer la suite. Ses pleurs l'étouffaient littéralement. Il ne ressemblait plus au Yoongi violent d'il y a quelques secondes. Il était le Yoongi fragile, l'ange à qui on avait arraché les ailes. Il était l'homme que Taehyung aimait dans son intégralité.

Alors le brun voulut l'aider et enchaîna d'un ton calme, parce que c'était ainsi qu'il se sentait, apaisé.

« Tu ? »

Yoongi renifla mais il semblait développer toute l'énergie du monde pour ne pas le quitter des yeux. À son échelle, cela paraissait difficile.

« Je, merde, je... »

Mais il s'arrêta quand Taehyung s'avança vers lui, et se retrouva juste devant son corps qui tremblait. Yoongi le guerrier, la froideur incarnée, frissonnait. Les larmes de Tae avaient cessé de couler, mais celles du blond inondaient encore ses joues.

« Tu ?, répéta Taehyung à nouveau.

- Je te déteste. », souffla le blond en éclatant en sanglots.

Je t'aime.

C'était un je t'aime.
  

Et ce fut doux, bien plus que la première fois. Taehyung ouvrit ses bras et Yoongi s'y glissa comme un enfant ayant besoin d'amour, parce que c'était exactement ça.

Min Yoongi se battait pour les autres, personne ne se battait pour lui.

Le plus vieux les tira à l'intérieur, et ils montèrent tous les deux directement dans la chambre. Taehyung ne put se retenir de jeter un œil au piano, toujours le chef des lieux. Le second chef le regardait en se tortillant les doigts, comme s'il avait régressé, comme si toute son assurance était partie en fumée.

Il n'était que lui, dans sa plus profonde neutralité.

« Taehyung je... »

Mais Taehyung ne répondit pas. Cette fois-ci, il ne l'aida pas à formuler une phrase. Il s'assit juste au bord du lit et tendit la main.

Une invitation.

Ils furent de retour quelque temps auparavant. Yoongi regarda la paume vide de son vis-à-vis et tendit la sienne pour la glisser à l'intérieur.

À nouveau, le feu rencontra la glace.

Taehyung le tira vers lui et ils s'embrassèrent.

Aussi facilement que cela. Comme si les cicatrices laissées par les mots tranchants, allaient se refermer grâce aux baisers. Peut-être ce fut le cas. Parce que Taehyung se sentit vide, un vide appréciable. Ils échangèrent des gestes tendres, d'une douceur décuplée, profitant l'un de l'autre comme ils ne l'avaient pas fait depuis longtemps. Puis recouvrant son assurance égarée, Yoongi le poussa vers le milieu du lit, ce grand lit qui avait déjà accueilli Taehyung une fois et qui, une seconde, lui ouvrait les bras.

Polaris - TaegiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant