Chapitre 6 : Chloé

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L'appartement de Paul est situé au nord de la ville dans un quartier paisible, où les fleurs poussent sur les balcons pendant que leurs propriétaires boivent le thé ou regardent la télé. Tout le monde se connait, tout le monde s'aide, tout le monde s'aime. L'ambiance est merveilleusement merveilleuse et les gens se sentent en sécurité.

Sans doute parce que pas un seul d'entre eux ne soupçonne qu'au numéro 22 vit une créature qui se nourrit exclusivement de sang.

Nous montons les escaliers discrètement pour ne pas risquer de réveiller l'immeuble endormi, de sorte que nos pas émettent à peine un bruissement. Mais au même moment un voisin matinal émerge de chez lui en tenue de joggeur. Mon meilleur ami lui adresse un signe amical que l'autre lui renvoie.
Je ne peux pas m'empêcher de noter que les pulsations de son pouls sont particulièrement rapides. Et attrayantes.

"N'y pense même pas", me souffle Paul d'une voix trop basse pour être perçue par un humain. Je lui adresse une moue déçue auquelle il répond par une tirade sur l'importance d'agir comme un locataire normal et civilisé.

Ah, les apparences.

Une multitude de sons et d'odeurs aiguillonnent mes sens lorsque je pénètre dans l'appartement. Le bruit des aiguilles qui gravitent autour du cadran, le son ténu des pages d'un livre qu'on tourne et celui des gouttes d'eau qui s'écrasent l'une après l'autre dans le lavabo. L'odeur de Paul est elle omniprésente, marquant les lieux comme en gage de sa propriété. Une autre fragrance se superpose néanmoins à la sienne. Plus subtile, plus délicate. Comme en échos à mes pensées, une silhouette élancée se dessine dans le salon. Chloé.

- Coucou Alec, murmure-t-elle avec un sourire qui accentue sa ressemblance avec mon meilleur ami.

Hormis une constitution radicalement opposée, Paul et Chloé se ressemblent comme deux gouttes d'eau. De leurs cheveux d'un chatain à la couleur presque aussi claire que celle de leurs yeux, en passant par leurs expressions et leur manière de se tenir et d'agir. Ils sont aussi calmes et posés l'un que l'autre, c'est angoissant.

Mais je leur pardonne, ils sont frère et soeur.

Faux jumeaux et vampires tous les deux. Je ne sais plus lequel a transformé l'autre mais c'est un vrai miracle. Ou une aberration de la nature, les avis sont partagés.

- Salut Chloé, je réponds poliment.

Je ne suis pas aussi à l'aise en sa présence que je le suis avec son frère mais si je devais choisir deux personnes pour m'accompagner sur une île déserte, je les choisirai tous les deux sans hésiter.

- Alors qu'est-ce-qui t'amènes à Blue Springs, s'encquiert-elle tandis que Paul dépose un bisou sur sa joue avant de disparaître dans le couloir.

- La faune locale, dis-je en découvrant mes dents de manière suggestive.

Elle a un petit rire.

- Bien sûr.

- Et vérifier que Paul ne fait pas de bêtises, j'ajoute innocemment.

"Ce n'est pas moi qui me bat dans les bars." Signale Paul en revenant.

Chloé me jette un regard interrogateur.

- Il l'avait cherché, dis-je en croisant les bras sur ma poitrine.

- J'imagine bien, réplique Chloé et je peux voir qu'elle retient un sourire. Toi qui est toujours si sage, calme et patient.

- Et tellement diplomate, surenchérit Paul avec une expression narquoise.

Je secoue la tête en les écoutant poursuivre leur petite plaisanterie. Les mêmes. Exactement, les mêmes.

À l'aide.

- Ta chambre est prête si tu veux, m'avertit Paul une fois la thématique de mes non-qualités épuisée.

Je le remercie avant de m'éclipser.

La pièce n'a pas changé depuis que je suis venu, elle est seulement un peu mieux rangée. Et récemment nettoyée comme en atteste l'arôme puissant et artificiel de la cire en bombe qui imprègne l'air.
Mêmes les vêtements que j'ai laissé la dernière fois n'ont pas été déplacé, formant toujours trois piles distinctes dans l'armoire autrement vide. Je dépose précautionneusement ma montre sur la petite table qui cotoie le lit et m'y laisse tomber.

Mes excuses si je bouleverse vos certitudes. Oui les vampires dorment. Et non, pas dans des cercueils. Nous avons beau être des monstres nous ne sommes pas stupides. Encore moins au point de dormir au fond d'une cagette en bois.
En ce qui concerne la première légende, véhiculée par certains ouvrages et par certains auteurs -pour ne citer personne- elle est aussi aberrante que votre naïveté en la matière.
La preuve, si Edward-Cullen-Le-Magnifique n'avait pas besoin de sommeil il ne serait pas perpétuellement affublé d'affreuses cernes. Même Dracula vous le dira.

Les contours de la pièce s'estompent rapidement, à l'instar des chuchotements de Paul et Chloé qui discutent toujours dans le salon. En quelques minutes je plonge dans un sommeil sans rêves ni cauchemars. Vide.

Comme à chaque fois.

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Coucou, désolée pour ce chapitre un peu court et pas vraiment palpitant, il sert principalement à introduire Chloé.
Rassurez-vous, le prochain sera plus long et beaucoup plus mouvementé. Spécialement à la fin... ;)

Encore une fois merci à vous tous de lire cette fiction,
Elsa ❤️

Bloody HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant