On approche très près de la fin de cette histoire. Encore deux chapitres après celui-là, pour être exacte :)
Je marchais lentement vers le Gouffre des Corbeaux. Je n'arrivais pas à déterminer si j'étais d'humeur ou non. Rustik n'était vraiment qu'un bouffon. Toujours à me ridiculiser pour s'amuser, pour faire rire les gens autour. Mais le pire, c'était sûrement que ça marchait. Les villageois s'esclaffaient en entendant les remarques désagréables de ce débile à mon égard et tout ce que je pouvais faire, c'était supporter sans rien dire. Je savais que s'il me venait à l'idée de répondre, tout le monde serait scandalisé parce que oh mon Thor, mais comment se permet-il de nous parler ainsi alors que nous n'avons rien fait ?
Et ils gagneraient et je me ferais encore une fois punir par mon père. Tout cela parce que je refusais qu'on me traite d'inutile ou de crevette qui parle ou de bon à rien ou encore pleins d'autres insultes toutes plus blessantes les unes que les autres. Le monde était parfois injuste. Cela ne paraissait rien comme ça, le mot « crevette ». Mais tous les jours, toutes les heures, depuis 15 ans, ça commençait à faire long.
Je soupirais en donnant un coup de pied dans un caillou. De toute façon, que pouvais-je faire ? C'était un cercle vicieux dans lequel j'avais été enfermé depuis trop longtemps. Il m'était impossible de m'en extirper et même si j'y arrivais, qui m'écouterait alors ? Personne et tout recommencerait depuis le début.
Peut-être pourrais-je partir ? M'enfuir loin d'ici et ne plus jamais revenir ? M'exiler moi-même en quelque sorte. Je le pouvais, j'en avais les moyens. Mais...pour aller où ? Stoick lancerait des patrouilles de recherches dans tout l'Archipel parce que quand même, je suis inutile mais je suis son héritier. Et ils me retrouveraient et cela n'aurait servi à rien. Et même s'ils ne me retrouvaient pas, où est-ce que je pourrais bien vivre ? Parmi les dragons ? C'était affreusement tentant. Mais est-ce que les dragons m'accepteraient parmi eux ? C'était moins probable. Après tout, je n'étais qu'une crevette qui parle.
Je m'assis dans l'herbe et enfouis mon visage dans mes mains. Pourquoi moi ? Pourquoi est-ce que les dieux étaient si cruels ? Qu'est-ce que j'avais bien pu leur faire pour qu'ils soient aussi en colère contre moi ?
Je sentis une souffle chaud sur mes mains et les écartais de mon visage pour voir que Krokmou me reniflait avec un air inquiet. Il releva la tête en voyant mes joues mouillées et la pencha sur le côté, dans une mimique qui me faisait toujours rire ou du moins sourire. Sauf aujourd'hui.
Devant mon manque de réaction, Krokmou se rapprocha de nouveau et frotta sa joue contre la mienne comme un gros chat, en ronronnant fortement. Sans même m'en rendre compte, je m'agrippais à ses écailles sèches comme à une bouée en pleine mer et me mettais à pleurer, sans m'arrêter. Krokmou émit un petit ronronnement rassurant et s'installa face à moi, sans retirer sa tête.
Finalement, je finis par me calmer et, la respiration encore hachée, je desserrais mon emprise sur Krokmou, qui ne bougea cependant pas, restant blotti contre moi. J'avais l'impression que son ronronnement agissait comme une berceuse sur moi car je ne tardais pas à me sentir somnolent.
Peut-être que les dieux n'étaient pas si en colère finalement. Ils m'avaient donné Krokmou et je ne pouvais en en être plus reconnaissant. Ce dragon était mon seul véritable ami et la seule personne vers qui je pouvais me tourner quand j'en avais besoin. Il était toujours là et j'avais l'impression qu'il arrivait à me lire comme un livre ouvert. Il savait toujours comment je me sentais et y remédiait au besoin. Krokmou était incroyable et je ne l'échangerais pour rien au monde. Pas même une famille aimante.
-Merci mon grand, lui dis-je. Je t'aime, reptile inutile.
Krokmou sourit.
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Dragonniers - Harold
FanficHarold laissa exploser sa rage dans un cri de fureur. Le son de sa voix résonna dans l'immensité du ciel et de la nuit, avant de s'évanouir petit à petit. Krokmou mit un petit ronronnement inquiet, jeta un œil au dragonnier sur son dos. Il se faisai...