Soulmate

Chapitre 31

San Diego. CA. 24 décembre. 12:16.
California Burritos.

Alors que nous arrivons enfin à destination, après une quinzaine de minute à marcher et parler du beau temps, nous nous faisons accueillir par un jeune homme de la vingtaine, blond au yeux bleu, portant un pull de Noël ringard mais qui le rend plutôt mignon.

Je reconnais ce jeune homme, c'est celui qui travaillait après moi au SuperMarket. Mais il a été renvoyé après trop d'heures manquées.
Léon.

Léon nous installe sur une banquette aux allures rétro, nous plongeants directement dans l'ambiance américaine des années 70. Les décorations de noël arriérées semble faire rire Dash.
C'est vrai, ces décos rouge et verte paraissent sortir du grenier de mes grands parents, mais cette touche de couleur me ramène des années en arrière, où mes grands parents étaient encore présent.

Léon nous interroge sur les boissons que nous voulons boire, je commande une Piña Colada et Dash un jus d'orange pressé. Léon s'éloigne avec nos commandes notées sur son calepin et je prend la parole, suite à une grande inspiration.

- Alors t'as vraiment arrêté l'alcool ? Je souffle entre mes dents, un peu gênée.

- Et la drogue, aussi. Affirme t-il, fier.

Je lui sourit, rassurée à moitié.

Cette nuit catastrophique.
Révélant mes pires cauchemars.
Parce que malgré cette nuit de l'enfer, où ce vieux m'a violait, l'enfer ne s'est jamais arrêté dans cette ruelle faiblement éclairée.
Il a même continué... et de plus belle.

- Moon, il pose ses mains sur les miennes d'un geste affectif, je te jure, je suis clean depuis quatre mois. C'est vrai que ça n'a pas toujours été le cas, mais désormais je le suis depuis septembre.

Je baisse le regard, intimidée.
Mon cœur explose de peur en repensant à cette nuit de nouvel an.
Mon ventre se serre et une nausée terrible progresse dans mes intestins.

Des choses horribles me revienne en pleine cervelle.
Dash.
Ma mère, Aurore.
Du sang.
Cette substance blanche.

- Je suis tellement désolé de t'avoir fait subir tout ça, Moon. Il prend mon menton entre deux de ses doigts, replongeant mon regard dans le sien. Je sais que je n'ai pas été le meilleur ami du monde, qu'après ce qu'il s'est passé j'aurais du tout arrêter, mais c'était plus fort que moi. J'en suis devenu dépendant et c'était pas censé finir comme ça, je pensais que je contrôlait mais j'en était devenu accro. Finalement, il baisse son regard sur le menu, honteux.

- Je suis désolée de ne pas avoir insisté plus que ça pour que tu arrêtes. J'aurais du t'y obligé, tout jeter dans les toilettes. J'aurais jamais dû te virer de la maison quand tu-

- Non Moon, me coupe t-il, tu as bien fait. J'aurais même pas dû venir habité chez toi vu les circonstances dans lesquelles j'étais. D'autant plus que tu venais de perdre ta mère et je n'étais qu'un drogué en manque.

Ma mère.
Ma colère que j'avais fini par dissimuler, revient de plus belle.
Pourquoi a t-elle fait ça !?
Je n'étais qu'une enfant de 18 ans, violée.

- Choisi ce que tu veux manger, Dash. Je finit par répondre, sèchement, avec le goût amère des souvenirs de cette nuit là.

Alors que je commençais à mettre de côté cette partie de ma vie, que j'essaie de sortir de ma noyade conflictuelle en ayant déménagé à San Diego, revoilà mes démons du passé refaire surface.
Et, pas que mon viol.

Mon cœur est brisé, serré.
Mon âme a retrouvé sa couleur noirci qu'Elyo et les garçons avaient éclairci.
Ma tête tambourine tel un concert de hard rock.
Mon ventre est retourné, ma nausée se fait de plus en plus présente.
Voire trop présente.
Cette bile dans le fond de ma gorge m'étrangle presque, l'amertume sur mes lèvres soulève mon estomac.
Je vais vomir.
Je me lève en hâte de la banquette, fonce sur un serveur qui porte trois plateau bourré de bouffe. Je lui demande où sont les toilettes et il me les montrent du menton.

Je m'y dirige, enfonce la première porte ouverte, m'accroupis face à la cuvette et rejette le peu qu'il y avait dans mon estomac.
Principalement du liquide en sort.
Mais les images dévalant dans mon esprit me refont éjecter le moindre contenu présent dans mon intestin.

Le corps livide, sans vie de Dash étalé sur la moquette.
Un élément blanchâtre sortant par ses lèvres.
Ses yeux retournés dans leur orbite.
Son souffle quasiment inexistant.

Le corps ensanglanté de ma mère.
Une carabine étendu sur le sol.
Le trou noir dans son crâne pâle.
Le sang qui devenait marron sur le tapis beige de son bureau.
Une lettre.

Ces deux scènes, que j'ai découverte simultanément, a plusieurs minutes d'écart.
Qui ont pris le peu d'âme qui me restait.

Je me sens bête d'avoir cru pouvoir échapper à mon passé, se trouvant à Seattle, dans ce quartier sombre.
Malgré les kilomètres me séparant de la ville de mes plus sombre cauchemars, ceux-ci persistent, même lorsque je suis éveillée.

Le grincement de la porte principale des toilettes s'ouvre, la voix de Dash traverse mes oreilles.
En quelques secondes, il est derrière moi, à tenir mes cheveux ondulé, relâcher, couvrant mon tatouage en commun avec Dash.

- Je me souviens quand on l'a fait ce tattoo. On en était bien fiers en plus. Snoop Dogg gravé sur nos peaux respective, quel honneur pour lui. Ricane t-il pour alléger la tension dans l'air.

Je fronce les sourcils, c'est pas le moment de parler tatouage. Et encore moins de faire de l'humour. En plus, je comprend pas ce qu'il raconte, ça m'agace davantage.

- Ta gueule, Dash ! Dis-je en m'étranglant avec les images de mon esprit et la substance qui sort de ma gorge.

Dash murmure un « Désolé » presque inaudible.
Après quelques secondes à vomir mes tripes, je m'assoie a côté de la cuvette.
Mon corps est froid, mes avant-bras sont devenus plus pâle que ma peau ne l'est déjà.

- Moon, excuse moi pour tout ce que je t'ai fait subir. Je t'ai plus causé du mal que t'apporter du bien. J'ai fais trop de conneries, et tu étais là pour m'aider à les réparer. Mais mes plus grosses conneries, je l'es ai faites sur toi, et je ne l'es ai jamais réparés. Et j'en ai affreusement honte.

Dash aussi est assis à côté de moi, ses bras sont relâchés, ses jambes tendus devant nous, sa tête honteusement baissé.
A mon tour, je relève son menton avec deux de mes doigts, nos yeux se retrouvant.

- Tu en as fait des bêtises Dash, mais toi comme moi savons que si tu n'étais jamais venu à ma rencontre il y a quatre ans, sur le perron de ma pauvre maison, en ce soir de solitude, nous en serions pas là. Toi tu serais en centre de desintox, et moi... avec les étoiles. De légères larmes salées se fraye un chemin sur nos joues.

Les yeux de Dash me montre toute sa souffrance la plus enfouie, son cœur détruit, son âme errante cherchant désespérément la bonne voie.

- Tu es ma plus belle connerie, Dash.

Sur cette dernière phrase, il me prend, d'un geste chagriner, dans ses bras chaleureux.

- Tu es ma plus belle réussite, Moon. Murmure t-il à mon oreille.