Soulmate

Chapitre 40

San Diego. CA. 1er mars. 09:20
Garde de vue du centre de la DEA de San Diego.

- Tu n'es pas coupable. Je ne te crois pas. Je ne crois pas Gabriella. Je ne crois pas ces officiers. Je ne crois personne, tu es mon Elyo, tu es clean, tu n'as rien fait de mal, à part pousser peut être trop fort un autre basketteur. Je fais tout un monologue, droit dans les yeux d'Elyo, en pleure.

- Moon, ma chérie, laisse moi tout te raconter.

Alors il est vraiment coupable ?
Je m'assieds alors devant sa cellule, prête à l'entendre, des ruisseaux coulant de mes yeux, plus gris que bleu aujourd'hui.

- Tu te souviens, quand mon père a tué ma sœur, Zoé, laissant ma mère et moi seul.
Un moi après, je me suis inscrit à la boxe, j'avais besoin de défouler toute cette rage, toutes ces images et paroles qui me hantaient. Puis j'ai rencontré Idris, mon sauveur. Il m'a fait rencontrer toute sa famille, dont son frère aîné, Achille. Idris a toujours été pauvre et Achille faisait vivre sa famille grâce à un trafic de drogue à travers tous les Etats-Unis. Quand mon père est parti, laissant ma sœur en sang dans les bras de ma mère et moi, il a aussi laissé derrière lui toute une source financière. Ma mère, comment pouvait-elle avec son seul emploi d'infirmière, réussir à payer les pompes funèbres de ma sœur, mes cours, la boxe, la nourriture pour elle et moi, l'essence... C'était impossible. Alors j'ai travaillé. Et puis, à 14 ans, je n'ai pas le droit de travailler, alors j'ai fais le choix de l'illégalité, pour nous sauver, maman et moi. Et je sais que ça ne légitime rien, mais je n'avais que ce choix, je te promets Moon que sinon j'aurais fait autre chose, je te le jure. Et puis, Achille est parti en prison, et il m'a nommé « chef » du trafic.

Mes larmes dévalent mes joues, encore et encore. Chacun de ses mots est une vérité en plus que mon cœur encaisse. Me retournant le ventre.

- Pourquoi as tu continué, Elyo ? Lui demandais-je, faiblement, entre deux sanglots de larme silencieux.

- Moon, dans ce milieu c'est impossible d'arrêter. Surtout quand tu le diriges. J'ai voulu arrêter dès que je t'ai vu, c'est pour ça que je t'es tant collé. Tu étais l'espoir de ma vie, de mon avenir. Quand je t'ai vu, j'ai directement su que grâce à toi, je serais meilleur. Je serais enfin le Elyo avant ce drame. J'ai failli arrêter, j'étais à deux doigts, mais j'ai failli mourir. Le second du trafic était a rien de me tirer une balle direct dans le crâne. Alors la meilleure option qui s'est dressé face à moi : la prison. Et puis Moon, je devais t'éloigner de moi, avant que ce ne soit trop tard. Une fois encore : la prison est la meilleure option.

- Alors tu m'abandonnes ? Comme tout les autres ? Tu pars ? Tu prends la meilleure option qui s'offre à toi pour laisser tout derrière toi, dont moi. Tu m'abandonnes, merde ! Elyo, tu m'abandonnes ! Comme mon père, comme ma mère, comme les policiers qui ne m'ont pas cru, comme Dash... comme tous putain ! Et je te pensais différent ! Ça ne pouvais pas être aussi simple...

Et pourtant tu es et tu resteras toujours ma putain d'âme sœur. Voilà la seule vérité.

- Ne dit pas ça ma Wilson. S'il te plaît. Je ne t'abandonnes pas, ce sera jamais des adieux entre nous, toujours des à bientôt, ma belle.

- Pourquoi as tu fais ça, Elyo, je te faisais confiance, plus qu'à n'importe qui. Je ne peux pas te laisser.

- Je regrette Moon, bien plus que de ne pas avoir réagit face au meurtre qu'à commis mon père sous mes yeux. J'ai merder, Moon. Je ne me le pardonnerai jamais. Mais c'est trop tard, c'est fini.

- Elyo...

- Moon, je vais rester au moins 10 ans en prison, avec un peu de chance, je vais sortir avant. Écoute moi bien, je veux que tu vives. Tu es une jolie femme, adorable, gentille, drôle, tu es fantastique ma Moon. Je veux que tu vives ta vie comme elle le doit, que tu rencontres des gens, que tu fasses la fête, que tu te tatoues encore, que tu obtiennes ta licence d'histoire et que tu fasses le métier que tu aimes. Je ne te demande pas de m'oublier, mais je te demande de penser à toi, c'est enfin toi Moon, tu es libre. Vis pour toi. Sois heureuse. Je t'en supplie, Vas t-en, Moon. Vas t-en égailler la vie de chaque personne que tu croiseras, vas t-en vivre la vie que tu souhaite, une vie pleine de rêve exaucés et de réussites époustouflantes. Vis, et ne regarde jamais derrière toi. Tu mérites ce que ce monde a à t'offrir.

- Je ne veux que toi.

Et je pleure encore, encore, encore.
Il prend ma main derrière ma cuisse pliée, cachée des gardes qui nous surveille attentivement.
Sa main est froide, mais toujours aussi douce. Elle m'électrise, m'apaise.
Je ne veux que toi Elyo, je t'en supplie ne m'abandonnes pas. Je ne veux pas t'abandonner, moi.

- Moon, je t'ai trahi, reste la dessus. Déteste moi. Ce sera plus simple pour toi, ma belle.

- Elyo, je veux rester à tes côtés, je t'ai déjà pardonné. Je sais que tu es sincère. Je t'ai déjà pardonné, crois moi.

- Laisse moi me pardonner, alors. Il me regarde d'une douceur apaisante, tout en caressant du pouce la paume de ma main. Ce ne sont pas des adieux, je te le promet. Si le destin nous a réuni une fois, il nous réunira une seconde. J'en suis persuadé.

- Je ne veux pas te quitter, Elyo. Je crois que je n'aurais jamais autant pleurer de tout ma vie, pas même après la mort de mon père.

- On se retrouvera, je te le promet. Me chuchote-t-il, comme si c'était la promesse d'un esprit.

- J'ai peur Elyo. Terriblement peur. Je n'y arriverais pas.

- Ma Moon, accroche toi à ma trahison, au pardon, mais aussi à ça : Moon, mon coeur n'a jamais battu aussi puissamment que quand je te vois. Mon âme n'a jamais vibrée aussi fort que quand je te sens, jamais tant irréel que lorsque tu me prends dans tes bras. Tu es mon âme sœur, c'est gravé sur nos peaux. Tu seras toujours à moi, je serais toujours à toi. Pour toujours, on sera ensemble. Tu es ma femme, ma belle, ma princesse, ma Moon. Je t'aime de tout mon cœur.

C'est impossible que je lui réponde. Mon seul regarde planté dans ses yeux signifie tout.
Je n'y arriverais jamais, mais il le faudra. Et je l'aimerais pour toujours, peu importe ce qu'il a fait, ce qu'il m'a fait.

Les talons de Gabriella résonne dans le couloir. Elle revient.
C'est la fin.
Ce sont mes dernières secondes avec mon Elyo, celui qui m'a trahi mais qui m'a tant aimé, et qui m'aimera lui même, toute sa foutue vie.
Je le ressens.
Elyo aussi l'entend, il me serre un peu plus fort la main, des larmes aux yeux.

- Moon, ça a toujours été toi, ça a toujours été moi. Prends ma bague, il me la prendront dans tous les cas. Il me tend son anneau, toujours à son doigt depuis que je le connais. Prends en soin. Prends soin de notre souvenir. Je t'aimerais pour toujours.

La porte s'ouvre, le regard des gardes est viré sur la porte, j'en profite pour embrasser Elyo, interdite.
Je l'agrippe, et l'embrasse d'une puissance inexplicable.
Sûrement parce que c'est la dernière fois de ma vie.
A travers ses lèvres, je sens des milliards de sensations, mais je me concentre sur l'amour qu'il me porte.
Sur leur douceur, leur fermeté.
J'aimerais le prendre dans mes bras, impossible.
Je me raccroche tout de même à ses lèvres, seulement quelques secondes, mais ce sera mon repère, pendant des années.

La porte s'ouvre dans un clic et nous nous lâchons. Mes joues sont rouges et trempées de larmes, Elyo pleure aussi, plus discrètement, mais ses yeux humides et ébènes ne me mentent pas.

Gabriella, silencieuse, place une main sur mon épaule, comme pour dire « c'est finit, dis lui adieu. »
Elle tourne ses talons, m'attirant avec elle.
Dans un chuchotement, Elyo me lance :

- À bientôt Moon, n'oublie pas que ça sera toujours toi. Je t'aime.