Chapitre 33

82 9 5
                                    

San Diego. CA. 30 décembre. 04:35.
Chez Moon.

Dash est parti il y a maintenant cinq heures, et les numéros clignotants en rouge me narguent, les bras de Morphée ne voulant pas de moi ce soir.

Je cogite, culpabilisant d'avoir renvoyé Dash chez lui. Il est tout pour moi, je suis tout ce qu'il a. Pourtant, je l'ai sorti de ma vie pour les six prochains mois.
Je sais pertinemment que c'était la meilleure décision. Nous avons tout deux besoin de guérir. Et non de façon secondaire, mais bien définitivement.
Dash est tel le grand frère que je n'ai jamais pu avoir, mais, contrairement à ce que je me répète depuis son départ, j'ai besoin de cette distance pour aborder ma nouvelle vie, ici, sous le chaud soleil de la Californie du Sud, même en décembre.

Une boule au creux de mon ventre se sonde, la culpabilité continuant à me ronger.
Ma gorge est sèche, mes membres tendus, ma tête atrocement serré. La chaleur de la couette m'oppresse, des bouffées de chaleur me prenne.

J'ai besoin de me calmer, de prendre une bonne douche.

Ainsi, je me défait de ma couette étouffante, me rue dans ma salle de bain, enlève mon pyjama, me dévoilant face à mon miroir, nue.
Je n'aime pas les miroirs, car ils sont le reflet de notre âme la plus profonde. Ils me font peur.

Et puis, mon corps n'est pas des plus avantageux et je n'aime pas le regarder. Les bleus sur mes cuisses restent présent malgré le temps, mon eczéma toujours aussi rubicon, mes tatouages doublant mes cicatrices cachées.

Le corps des filles avec qui Elyo est sorti ces dernières semaines me reviennent, toutes différentes, toutes d'une peau au grain parfait, aux courbes désireuses et délicieuses.
La jalousie fait rougir mes joues, me brûlant davantage l'œsophage.

Je secoue la tête, revenant à la réalité, face à ce miroir, fonçant illico sous la douche.
J'ouvre le robinet et l'eau froide ruisselle sur mes cheveux, m'arrachant un cri sourd de surprise.
L'eau se réchauffe légèrement, tout ce dont j'ai besoin pour remettre mes idées en place.

Cependant, je n'ai envie que d'une chose, la voix d'Elyo traversant encore et encore mes tympans. Je veux lui parler, l'écouter, le toucher, le voir.
Ce sentiment gonfle dans ma poitrine, créant de nouveau une vague de chaude sensations inconnu dans mon bas ventre.

J'éteins finalement le robinet, constatant que mes pensées ont déferlées de Dash à Elyo.

C'est pas possible !

J'enroule une serviette blanche en coton doux autour de mon corps, enfilant un nouveau short de pyjama et un t-shirt tant oversize qu'on ne peut percevoir mon bas.

Je m'assieds sur le bord de mon lit, incertaine, Elyo dans l'esprit en continue.
Nous devons avoir une discussion, et rapidement.

Je finis donc par m'allonger, déterminée.
Mon réveil indique désormais 04:57. Le temps n'a pas bien avancé et le sommeil m'ignore toujours. Je souffle, tourne et retourne.
Je finis donc par enfiler mes AirPods, lançant la musique Surrender de Natalie Taylor.

Au moment où je crois m'endormir, mes paupières étrangement lourdes, je crois halluciner.
Mais un second coup intervient puis a l'instant qui suit, un troisième.
Mon cœur battant à la chamade, je me lève, prudemment, sur la pointe des pied.
Je m'accroupis sous mon lit, récupère la batte de baseball que Dash m'a ramené de Seattle, et prend l'objet avant de le positionner entre mes deux mains, armée.
Deux nouveaux coups reprennent.
Les tocs sont lent, comment incertain, timide.
Quelqu'un est bel et bien en train de toquer à ma porte.

Soulmate Où les histoires vivent. Découvrez maintenant