Soulmate

Chapitre 24

San Diego. CA. 11 décembre. 8:01.
Université d'USD.

Une semaine.
Une semaine que je me suis réveillée dans ses bras. Que je suis parti de son appart' telle une voleuse. Et, que je fais comme si de rien n'était.

Une semaine et ça me bouffe déjà, mais une semaine que je me ressasse sans arrêt pourquoi j'ai renoncé à cette histoire.

Une semaine que je n'ai pas vu Elyo, mais qu'il a pourtant hanté mes pensées.
Où j'ai culpabilisé à chaque seconde.
Où ses regards, ses fous rires, son visage et son corps me manquent.

Il ne me raccompagne plus tous les jours, ne vient plus tous les matins et ceux, sans aucune nouvelle, mais je l'accepte tant bien que mal. C'est de ma faute tout ça et je dois bien m'y faire. Je ne dois pas me comporter comme une gamine capricieuse qui a tout ce qu'elle veut et doit comprendre Elyo.

Ça me fait du mal, mais je le dissimule.
Comme j'ai toujours eu l'habitude de le faire.
Une sorte de retour aux sources.

Une nouvelle fois, Elyo n'est pas venu ce matin.
Au début, je lui demandait où est-ce qu'il était, si il comptait venir ou me raccompagner.
Mais j'ai finalement arrêté de lui envoyer des messages lorsqu'un soir, il m'a dit texto : « Flemme de passer, à plus. »
Alors oui je m'en veux de l'avoir rejeter et oui je comprend qu'il soit mal, mais je ne le reconnais plus.

Est-ce qu'au final, ce n'est pas le vrai Elyo que je vois là ?
Et celui qu'il me montrer était une façade de lui : un Elyo charmeur et bienveillant ?
Parce que depuis une semaine, Elyo est différent.
Mais est ce que j'ai vraiment mon mot à dire ?

Et puis sérieux, comment a t-il pu changer de caractère pour ça ?
Parce que c'est pas comme si je l'avait trompé au bout de plusieurs mois de couple.
Parce que c'est pas comme si je l'avais fait espérer durant un bon bout de temps.
Parce que c'est pas comme si j'avais joué avec lui après l'avoir jeter comme une merde.

Absorber par mes pensées, je n'avais pas remarqué les trois individus qui m'avait entouré.
Victor, Idris et Tao.

Je les salue avant de m'éloigner d'eux, gênée vis à vis d'Elyo, vers l'université.
Mais ils ont bien compris mon petit manège et ne perdent pas une seconde pour me bloquer le passage vers la tranquillité.

Quand je pense qu'ils vont me poser tout un tas de questions sur Elyo et moi, ils en font tout le contraire. Ce que par ailleurs, j'apprécie.

- Moon, pourquoi on ne te vois plus en ce moment ? Me demande Idris, d'un air confus mais espiègle à la fois. Cet air malin qui ne quitte jamais sa gueule d'ange.

- C'est pas contre vous les garçons... me restreint-je a dire, baissant les yeux, fuyant leur regard.

C'est vrai que je n'aurais pas dû les ignorer. Ni eux, ni Elyo.
Mais les voir, ou plutôt le voir, m'aurait fait du mal, j'aurais regretté puis culpabiliser et la Moon toxique que j'avais réussi à tenir à l'écart serait revenu au grand galop.

- Si c'est pas contre nous, qu'est ce qui se passe ? Tu sais très bien qu'on est tes amis et que si tu as besoin, tu peux nous parler. On est toujours vraiment désolé pour notre réaction, tu sais... assène Victor. Je n'aime pas les voir comme ça : désolé et atteint.

Malgré ça, un petit sourire heureux et rassuré se dresse un chemin sur mes lèvres.
Les savoirs présent pour moi et mon bien être, me donne un sentiment de légèreté.

- Merci, mais je vous ai déjà dis que c'était du passé toute cette histoire, vous êtes pardonné et je vous comprend. Je rajoute avec un énorme goût amère dans la gorge, et puis, je vous assure que je vais bien, j'avais besoin d'être seule un petit moment, absorbé par mes livres et ma musique, ma bulle personnel. Vous comprenez ?

Ils sourient tous en même temps, comprenant que mes intentions de solitudes n'étaient pas dirigées vers eux.
J'avais vraiment besoin de me retrouver seule. Je n'en avait plus l'habitude et le changement a été si soudain que mon corps a du revenir aux sources le temps de cette semaine.
Le temps de relativiser par rapport à Elyo.

- Ouais on comprend, mais du coup ça va mieux ? Tu nous acceptes à nouveau ? M'interroge Tao, muet depuis le début, d'un ton enfantin mais inquiet.

Après quelques secondes pour assimiler ses questions, je rigole franchement et leur rire se mêlent au mien.
C'est si agréable.
Une belle et douce mélodie.
Un song rarement entendu auparavant, que je ne comprend pas comment j'ai pu passer à côté.

- Oui ça va un peu mieux. Je leur dresse un clin d'œil avant de reprendre. Et puis, je vous ai toujours accepté, malgré moi à certain instant. Idris me bouscule gentiment l'épaule en signe de « t'abuse meuf » accompagné d'un large sourire, je lui offre un nouveau clin d'œil.

- On à une petite surprise, tu finis les cours à quelle heure ? Me demande Idris, avec son air malin qui me hurle de me méfier de sa « surprise ».

J'ai cours de droit jusqu'à 11 heure avec Lou, puis j'enchaîne avec langue ancienne jusqu'à 12:30.

- Midi trente.

- Ok, on te laisse aller manger et on te récupère sur votre banc, où Elyo et toi êtes toujours, vers 14:30. Ça te va ?

Outch.
L'entente de son prénom me revient en pleine face, nos souvenirs en pleine mémoire et son visage en plein cœur.
Ça fait un moment qu'on ne s'est ni vu, ni parler, outre son fameux « message ». Je ne l'ai même pas aperçu, alors que malgré moi, je l'ai cherché.

- Parfait. Conclu-je avant de m'éloigner vers l'université une bonne fois pour toute.

Je marche dans les couloirs bondés d'élèves.
Depuis le début de l'année j'aurais pu m'y habituer, mais tout le contraire.
Je me sens toujours autant compressée et oppressée.
Encore plus depuis une semaine.

A cet instant où je marche, essayant de toucher le moins d'élève possible, pensant à lui, je le bouscule, de son corps imposant.

Nos regards se croisent, j'ai l'impression d'être dans un film où la scène est au ralenti, que des milliers de souvenirs me donnent une claque un par un, que ses yeux m'envoient des éclairs, que nos cœurs battent enfin et à nouveau au même rythme.

Il détourne les yeux sur la personne à côté de lui. Cette personne où le bras d'Elyo est posé sur ses épaules, entourant sa nuque. Cette fille aux traits parfait et à la chevelure dorée qui me foudroie du regard, avec un sourire méprisant. Je ne l'avais jamais vu auparavant d'ailleurs.

Mes yeux reviennent sur ceux d'Elyo, puis il esquisse un petit sourire au coin des lèvres.
Un sourire qui ne reflète pas le soleil et les étoiles mais un sourire qui reflète le dédain et l'arrogance.

Il est différent.
Et cette fille...

Il a alors tourné la page ? Si vite ?
Je n'étais qu'un passe temps ?
Qu'est ce que j'étais en vrai pour lui ?

Je m'en fiche, c'est moi qui l'ai jeté dans les bras de cette fille au final, je ne peux m'en prendre qu'à moi même.
Et puis, c'est si toxique d'avoir espéré qu'il me court après alors que je l'ai rejeté et que j'aurais continué.

Pour nous protéger.
Pour me protéger.

Je reprend ma route, le corps tremblant avec un goût indélébile écrit sur le cœur.
Malgré moi, des larmes se déversent silencieusement sur mon visage, j'arrive dans l'amphi, m'installe à ma place près du mur, à côté de Lou, tel un robot, dans le plus encombrant des silences intérieur, dans mes plus belles larmes extérieures.