Soulmate

Chapitre 15

San Diego. CA. 20 Novembre. 9:41. Université de SD.

Je me demande comment j'en suis arrivée là, dans les jardins de l'université, une clope et un chocolat chaud à la main, face à quatre mecs qui sont limites à genoux pour que je vienne à leur dîner de Thanksgiving.

- Aller Moon, on sera que tout les cinq en plus !! M'annonce Victor.

- Tu vas t'éclater grave ! Dit Idris.

- En plus, Elyo et moi on sera aux fourneaux et je te garanti le meilleur repas de thanksgiving de ta life meuf ! Continu a son tour Tao.

- Moon tu ne le regretteras pas. Conclu Elyo en m'adressant un beau sourire amusé.

Je sais pertinemment que je vais accepter, je passe la plupart de mes journées avec eux désormais.
Ça m'étonnes que ça a été si facile et rapide, d'ailleurs.
Bien évidemment, je ne suis pas encore en pleine confiance, mais je me sens pas si mal et c'est tout ce qui m'importe pour le moment.
Je ne pensais pas, mais depuis la soirée d'Halloween nos caractères ont vraiment accroché et je me surprend à les apprécier de plus en plus.

Bon, Elyo est toujours et restera mon Numéro 1 de la bande, il m'a posé la question un jour, j'ai trouvé ça mignon qu'il s'en préoccupe.
De plus, même si maintenant on est en « plus grand comité », nos moments rien qu'à deux sont indispensables.
Il aime me voir comme ça, plus souriante, moins fermée.

Personnellement, je sais très bien que ça ne va pas durer, un imprévu surviendra et tous ces efforts seront ruinés.
C'est le destin.
Mon destin.
Que j'ai accepté il y a longtemps maintenant.
Une raison de plus à mon attachement minimum aux gens.

« Protège toi avant de penser aux autres Moon. » 

Même si je sais que je vais accepter ce dîner de thanksgiving, j'ai envie de m'amuser, les voir galérer.
Diabolique, n'est ce pas ?

- Uhm... je sais pas, vous savez très bien que c'est pas mon truc les soirées, petit ou grand comité... et puis j'ai autre chose de prévu, vous savez... je rigole intérieurement.

Ils ont tous une tête de dépité, ils sont mignons et extrêmement drôle.
Le seul qui a compris que je mentais, c'est bien évidemment Elyo.
Il a cette manie de comprendre chaque particule de mon cerveau.
Il sait quand je mens et il me le fait bien comprendre à travers son regard.
Je lui répond avec un petit sourire de diablotin.

Il enchaîne, essayant de me prendre à mon propre piège :

- Ah oui ? Et tu as prévu quoi miss mystère ?

Je réfléchis.
Je ne peux pas dire que je vais voir de la famille, je n'en ai plus.
Je ne peux pas dire que j'ai un dîner avec des amis, puisque ce sont les seuls que j'ai, sans compter Dash.
Je ne peux rien dire en fait.

Bien joué Elyo.

Je hoche la tête et lui lance un clin d'œil en signe de « bravo mec, tu m'as bien eu »
Mais Elyo, je suis plus forte que toi.
Après tout, vous ne connaissez pas mes secrets.

- Je vais voir ma grand mère, figure toi.

Je ne peux pas évoquer mes parents, je n'en ai parler ni à Elyo, ni aux garçons, mais mettre des mots sur eux, me fait du mal, je n'ai pas envie de penser à eux.

Mais 30 secondes après avoir annoncé ça, je me souviens avoir dit à Elyo qu'elle était décédée.
Putain.
En plus il a une bonne mémoire ce con !

Elyo rigole discrètement et me regarde intensément.
Je le lui rend.
Oui bah hein, j'avais oublié !

Idris prend la parole, ce qui rompt notre bataille de regard.

- Bon, c'est quoi le truc !? Qu'est ce qu'il se passe.

Idris a du remarquer nos regards voulant dire peu et énormément à la fois.
Seulement, nous deux pouvant nous comprendre d'un regard.
Un lien unique apparemment.

D'un seul coup, nous rigolons en cœur.

- Idris, je vous mène en bateau ! Bien sûr que je viendrais à votre dîner sacré ! D'autant plus que Tao se vente de ses talents culinaires, je veux vérifier !

Leur quatre visages d'ange s'illumine.

- Eh ! Moi aussi je cuisine. Me dit Elyo, faussement vexé que je l'ai oublié.

Tao tappe dans l'épaule de son meilleur ami.

- Mec, je fais quasiment tout ! Dit-il avec un immense sourire aux lèvres.

- Pfff mais n'importe quoi ! Fais gaffe Tao, tu vas finir fourré à la place de la dinde !

C'est à leur tour de rigoler ensemble.
Une sacrée bande de taré qui me plaît beaucoup.

Je sourit.
Mais c'est un sourire absent que j'arbore.
La vérité ?
La vérité c'est que j'angoisse depuis deux semaine. Depuis que j'ai commencé à m'attacher.

J'angoisse a l'idée de leur faire du mal.
J'angoisse a l'idée qu'ils me fassent du mal.
J'angoisse a l'idée de les perdre, eux et ce qu'ils m'apporte.
J'angoisse a l'idée qu'ils m'acceptent pas avec mes blessures et mes traumatismes.
J'angoisse, j'ai peur, je panique.

Je sais très bien qu'un jour, et encore plus le jour où ils connaîtront la signification de mes cicatrices, de mes blessures, de mes traumatismes, de mes tatouages, ils partiront, ils me fuiront comme j'ai toujours fuit.

Une boucle sans fin.