Blanc Dans Noir.

08 - Redevable.

Point de vue de Stella.

Nous sommes au centre commercial avec Ana depuis déjà une bonne heure, elle sait comment me changer les idées, acheter des appareils photos anciens ou des nouveaux livres qui se rajouteront à la pile de livres que je dois lire. Ana est d'ailleurs mon mannequin attitré et je suis sa photographe, et je sais dorénavant qu'elle ne vas pas tarder à me demander une nouvelle séance photo car dans ma main droite se tient un sac du magasin d'ancien appareil photo. Me voici propriétaire d'un Kodak RF Retina IIIC, ce qui me rend euphorique.

Parfois, je me demande combien d'argent j'ai déboursé avec tous les livres et appareils photos qu'arborent mon appartement puis je finis par me dire qu'il ne vaudrait mieux pas que je le sache.

— Je ne veux pas que tu t'enfermes dans tes livres Sté.. Je veux  que tu puisses découvrir la réalité.. Les bons côtés je veux dire. Et puis après tout.. Peut être que tu vivras un amour comme dans tes bouquins.

Je rigole brusquement, un fou rire me prend avant de me calmer, Ana, elle, fronce les sourcils, ne comprenant pas mais elle ne me le demande pas.  Elle a appris qu'il était préférable de ne pas savoir ce qu'il se passait dans ma tête.

Bordel si elle savait que je suis loin du conte de  fée. J'en suis même à des décennies. Non, je suis plutôt entrée dans un livre où les pages sont sombres et tachées de sang.

Nous continuons notre marche dans les couloirs du centre commercial, Ana bave devant les vitrines  luxueuses tandis que je rigole de mon amie.
Mon granité à la main, la paille rencontre mes lèvres et j'aspire le liquide froid.

Ana, elle, croque dans sa gaufre qui sent divinement bon. Donnant envie à tous les  enfants qu'elle croisent. Évidemment elle en joue, les narguant sans scrupule.
Puis elle se met à rire quand elle entend à chaque fois l'enfant demander à sa mère d'acheter une gaufre.

Elle est irrécupérable, mais j'avoue que ça me fait rire également.

C'est le don d'Ana Smith. Elle arrive à me faire rire alors qu'il y a quelques  heures j'étais enfermée dans une chambre froide et sinistre, kidnappée par des tueurs.

Je me demande encore, cette question tourne dans ma tête, comme un mauvais cauchemar.

... Pourquoi m'a-t-il laissé partir ?..J'ai rêvé ?

Mes yeux se posent sur Raiko, tenu en laisse par Ana qui n'arrête pas de le gâter de dizaines de jouets et friandises, quand je le regarde, j'essaye d'entrevoir une vérité, sachant que lui seul connait la vérité, j'aimerais qu'il puisse me dire si je deviens folle ou non. Ça n'aurait aucun sens.. Pourquoi m'avoir laissé partir.. ?

Et mon sang se glace quand ma réponse me vient enfin.

Ce n'est pas fini.

Non, car je le vois au loin. Au bout de ce couloir parmi des enfants, des familles. Son épaule adossée au mur. Il me sourit froidement et j'en perds tout contrôle à la seconde. Me décomposant.

Immédiatement, j'attrape la main d'Ana et fait demi-tour, marchant à une vitesse rapide. Elle m'interroge du regard, se demandant ce qu'il se passe.

— J'ai vu les chaussures que tu voulais dans un magasin tout à l'heure !

Des étoiles dans les yeux tandis que je regarde à de nombreuses reprises derrière moi.

— Sérieusement ? Me demande t-elle euphorique.

— Oui ! J'affirme, me retournant une nouvelle fois vers le tueur, qui.. a disparu.

Bordel.