36 - J'étais cette fille..

2.2K 160 10
                                    







Point de vue de Stella.









Je ne veux pas retourner à la villa. Pas encore.

Rien que l'idée de croiser Aaron me serre la poitrine. Mes pensées s'entrechoquent, un chaos de doutes et de vérités que je ne suis pas encore prête à affronter.

Pourtant, malgré tout, mon corps hurle le contraire. Il me supplie de faire demi-tour, de courir jusqu'à lui, de plonger dans ses bras pour qu'il m'explique encore et encore tout ce que je redoute et espère à la fois. Mais je ne peux pas. Pas tant que je n'ai pas rassemblé les pièces, tant que je ne suis pas absolument sûre de la vérité.

Sur le trajet, Noah se dirige machinalement vers la villa d'Aaron, mais je l'interromps.

Non... Emmène-moi chez moi, s'il te plaît. À mon appartement. Quitte à ce que tu restes dormir, mais s'il te plait.. ne m'emmène pas la bas.

Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ce choix. Peut-être pour me retrouver. Qu'inconsciemment j'ai besoin de me sentir libre, libre de mes choix, libre de mes gestes. Ou bien, peut-être parce que j'ai besoin de temps, loin de tout.

Dans le couloir de mon immeuble, je fini par me demander si  ce n'était pas une mauvaise idée. Cet appartement... ce lieu... Il ne m'appartient plus vraiment. Je m'y suis réfugiée un temps, mais je n'y vivais pas vraiment. J'étais une coquille vide, une ombre errante, attendant que la vie finisse de me briser ou que la mort vienne enfin m'achever.

Quand je passe devant la porte d'Ana, un pincement au cœur ou une haine viscérale me traverse.

N'y pense pas, souffle Noah comme s'il lisait dans mes pensées. C'est une garce.

Tu crois qu'elle est...

Morte ?me coupe t-il. . Non. Aaron ne tue pas les femmes, même celles qui le méritent. et puis,  il sait qu'elle est suffisamment intelligente pour disparaître et ne plus emmerder Aaron, ni même toi.

  Malgré tout, une part de moi se sent soulagée. Savoir qu'elle est en vie quelque part et non en train de baigner dans une mare de son propre sang me rassure, aussi irrationnel que cela puisse paraître.

Je suis une idiote. Elle voulait me tuer..

Quand j'ouvre la porte de mon appartement, une vague d'émotions me submerge. Rien n'a changé. Tout est figé dans le temps, comme si je n'étais jamais partie. Le salon est intact, sauf les fleurs dans un vase sur la table. Elles, sont fanées, les pétales sont tombés autour comme un écho de mon propre état.

Je reste figée devant cette vision, un nœud dans la gorge.

Tu m'accompagneras demain ? demandé-je soudain à Noah, brisant le silence.

Où ça ? répond-il, distrait, en jouant avec un cadre sur ma bibliothèque, manquant de tout faire tomber.

Au cimetière ?

Voir ma tombe, ajouté-je tout en roulant des yeux. C'est bizarre dit comme ça..

Il sourit avant d'hocher la tête.

Bien sûr ! J'adore les cimetières.

Je lève un sourcil, dubitative.

Évidemment...

Non, vraiment ! Mais pas pour les raisons que tu crois. Les gens trouvent ces lieux pesants, mais moi...  je les trouve réconfortants. J'imagine les âmes veillant sur leurs proches, sereines et en paix...J'imagine mes proches m'attendre, me prendre dans leurs bras et -

Blanc Dans Noir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant