Chapitre 92

183 38 34
                                    




[POINT DE VUE EXTERIEUR]





Jugnio - Ce, sera, toi.





Il était concentré sur la jeune fille à abattre. Il avait la batte pointée sur celle-ci, menaçante avec sens dents tranchantes.





Jugnio - A la première qui bouge, à la première qui ouvre sa gueule, vous lui arrachez les deux yeux et vous les faites bouffer aux deux autres ! lâcha-t-il au gang. Et là, on passera aux choses sérieuses ! Vous pouvez respirer. Vous pouvez cligner des yeux. Vous pouvez pleurer, et ça, vous allez toutes le faire, reprit-il pour les filles.





Il prit un grand élan, comme s'il allait faire un trou avec une pioche. Les yeux rieurs, le regard assez sérieux. Il prenait son pied. Il aimait ça. Il était ce qu'il était ; un dangereux malade.

La batte atteignit le crâne de la fille. PAF ! PAF ! PAF ! Les trois premiers coups sur la tête furent fatal. Cette sensation... Et ce bruit... Mou, mat, et sec... Ce sang qui gicle... Ces regards d'incompréhension et de terreur. Charlotte étouffait un cri, tremblante, submergé par les larmes qui ne cessaient de couler. Brooke serrait la mâchoire d'horreur et de frustration, spectatrice de ce terrible événement cauchemardesque.





Jugnio - Regardez-moi ça !





Jugnio fit un petit mouvement rapide, histoire de retirer le surplus de sang et de chair sur la batte. Brooke et Lisa furent aspergées de ce sang. De ce sang rouge qui colle. De ce sang à l'odeur nauséeuse. C'était son sang. C'était le sang de la violoniste. C'était le sang de Loïs.

Au premier coup, elle tomba la tête la première sur le sol. Au deuxième coup, elle ne bougeait déjà plus. Au troisième coup, c'était pour le plaisir de Jugnio qui ne cessait de s'accroître.

Charlotte s'était penchée en avant, en pleure. Le corps de Loïs gisait juste à côté d'elle, à quelques centimètres. La blonde pleurait, soufflait, elle respirait mal. Le coeur était en folie. Lisa était pile en face de Loïs, elle se mit à hurler son nom. Elle disait d'arrêter, elle gémissait, elle criait... Elle souffrait. Brooke avait les yeux ronds, elle ne disait rien. Elle était choqué.





Jugnio - Voilà le visage que je voulais voir sur toi, BROOKE ! hurla-t-il en folie.





Loïs était morte. Son corps ne ressemblait plus à un corps humain. Ce n'était qu'un foutu tas de chair et d'os broyés. Charlotte se mit à vomir. Lisa continuait de geindre.





Brooke - Lisa, Lisa, lui dit-elle en chuchotant. Calmes-toi. J't'en prie, calme-toi... reprit-elle en se tournant vers elle, démunie.

Jugnio - Tu devrais écouter Brooke, Lisa Mongomery. A moins que tu veuilles goûter à ce jouet toi aussi ?





Lisa n'arrivait pas à se contrôler, elle en était incapable.





Jugnio - Haa... Je ne voulais pas en arriver là, mais on ne me laisse pas le choix, lâcha-t-il faussement désolé encore une fois en souriant.





Tremblante, mais courageuse, Brooke se redressa avec du mal. Elle était face à Jugnio.





Brooke - Tu ne feras rien.

Jugnio - Répètes ? Je n'ai pas très bien entendu...





Il tendait grossièrement l'oreille.





Brooke - J'vais me le faire... grogna-t-elle en serrant sa lèvre inférieure avec ses dents.





La rage commençait à prendre de l'altitude.





Jugnio - Aah... Brooke, t'as pas compris... Tu n'as jamais compris, reprit-il hilare. C'est fou d'avoir autant d'audace devant quelqu'un qu'a une batte de baseball dans les mains...

Brooke - T'es vraiment qu'un...

Jugnio - Hé, ho, ho ! Attention... Ne jamais insulter un mec armé, simple question de bon sens Serrano.





Le visage de Brooke changeait doucement, mais certains détails avaient leur importance. Quelque chose reflétait dans ses yeux. Quelque chose grandissait dans son ombre. Les tremblements de corps avaient cessés, l'aura avait changée.





Jugnio - C'est ça qu'est excitant avec toi Brooke, quand tu dérailles ! dit-il rieur. Faites ce que vous voulez des deux autres ! reprit-il pour le gang. J'en ai rien à foutre de qui elles sont.





Lisa tremblait, elle avait redressée sa tête, spectatrice malgré elle de ce qui allait arriver à Brooke. Charlotte avait la tête baissée, profondément blessée par tout ce qu'elle voyait et tout ce qu'elle entendait.





Jugnio - Celle-là, en revanche, dit-il en pointant Brooke avec la batte, je vais essayer de ne pas trop l'abîmer. Ce jeu est trop simple avec elle !





Il brandit la batte, prête à donner un coup à Brooke. Elle le regardait droit dans les yeux. La peur y était, mais elle ne voulait pas le montrer. Elle préférait que Jugnio voit ce côté de folie, comme il l'avait sous-entendu. Ca l'arrangeait, à Brooke.

Elle se posait des questions ; avait-elle la force de tenir avec un seul coup ? Pouvait-elle agir après ce premier coup ? Est-ce qu'elle pourrait aller à sa droite, sans s'emmêler les pieds avec Lisa ? Pouvait-elle agir en fonçant directement sur Jugnio ? Devait-elle obligatoirement attendre d'obtenir ce coup presque fatal ? Pouvait-elle agir avant ?





Jugnio - J'attends ce moment depuis bien trop longtemps...





Tout juste menaçant, il allait plaquer l'objet en bois sur le crâne de la jeune fille. Charlotte s'était bouché les oreilles et avait exagérément fermé les yeux. Elle ne voulait plus entendre ce bruit affreux de morceaux de crâne qui se brisaient, qui se déchiquetaient sous le poids violent de la batte. Elle ne voulait pas voir, ni entendre. Lisa tremblait, choquée. Elle avait vu droit devant elle son amour interdit mourir, sous ses yeux larmoyant. Les retrouvailles avec elles furent nulles, sans sentiments chauds. Lisa aura vue une Loïs différente, déjà morte en fin de compte. Et, là, elle allait revivre ce moment à en faire vomir ! Elle allait voir cette odeur infâme de lavande se casser à tout jamais.

Brooke ne baissait pas les yeux devant lui, devant Jugnio. Un honneur ? Une fierté ? Ce n'était pas simple à comprendre. Toujours est-il que la batte de baseball était en l'air, au-dessus de la tête de ce monstre, prête à foncer droit sur le crâne de Serrano. Seulement, une imposante masse fonça droit sur Jugnio ; il s'était fait repoussé plusieurs mètres à l'opposé des filles.

Cette imposante masse, silhouette, qui avait sauvée la vie de Brooke - entre autre - reprenait sa respiration. Elle était essoufflée, elle avait le regard dur envers ce psychopathe. Brooke avait tout vu. Lisa avait entre-aperçu, la bouche légèrement ouverte de par sa surprise, sa stupeur. Seule Charlotte n'avait pas compris tout de suite qu'un individu avait sauvé la jeune fille.

Brooke se mit à observer cette silhouette un peu plus grande qu'elle, qui était juste devant elle comme pour la protéger. La silhouette reprenait toujours son souffle et, d'une voix soulagée, Brooke dit :





Brooke - Miles...

LES PAS DU 403 (Tokyo Revengers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant