Indienne McTuffy (La Trilogie - Tome 1)

Chapitre 36

See you in Hell, my sweet summer child!

Son estomac se contracta encore une fois sans que rien n'en sorte. Chancelante, Debby s'appuya sur les toilettes de sa chambre d'hôtel dans l'espoir vain de se relever. Les images continuaient de danser devant ses yeux, obsédantes, entêtantes...

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Le cercueil, construit de manière artisanale à partir de quelques planches de bois vermoulues par les années, contenait bel et bien le petit squelette d'un·e enfant. Debby n'était pas une experte, mais elle estimait que l'enfant avait moins d'un an. Quelques fragments restaient encore sur les os, rendant encore plus écœurante la scène. Depuis combien temps ce bébé reposait-iel ici, pour que les insectes délaissent cette sépulture ?

S'armant du peu de courage et de volonté qui lui restait, Debby enfila des gants et préleva quelques échantillons avant de les placer dans un tube scellé et une enveloppe à bulle. Elle devait l'envoyer à Indienne par BALI dès qu'elle serait de retour à l'hôtel pour que le bulldog procède à des tests et détermine si le petit cadavre était bien l'enfant de la Sanseverina et de O'Connor, et à quelle période iel était décédé·e.

Elle remit en place et referma le trou en luttant contre son envie irrépressible de s'évanouir. Effaça toutes traces de son passage. Répandit une potion achetée à Vancouver sur le sol. Tout ceci avait duré moins de dix minutes. Sans trop d'espoirs et au bord de la rupture nerveuse, elle se lança tout de même dans la longue randonnée qui lui servait d'alibi. Le paysage ? Elle ne le vit pas, trop accaparée à remettre de l'ordre dans ses idées et se recomposer une façade innocente et avenante avant de redescendre à Prince Rupert.

Elle avait profané une tombe. Ouvert un cercueil. Prélevé des morceaux sur un cadavre.

Un monstre, voilà ce qu'elle était.

Elle redescendit au terme de sa randonnée, frigorifiée, mais l'état de choc était passé. Bien sûr, elle se doutait que dès qu'elle serait de nouveau seule les images reviendraient la hanter ; mais au moins elle ne laissait rien transparaître de son trouble. Où diable avait-elle appris à faire ça ?

Elle s'engagea dans les rues de Prince Rupert, désertes en cet après-midi du 24 décembre, déterminée à rentrer à son hôtel et à s'enfermer dans sa chambre jusqu'au lendemain, date de son départ. Elle prendrait soin du peu de santé mentale qui lui restait, et elle pourrait rejoindre la civilisation comme si de rien n'était. Comme si elle n'avait pas profané une tombe.

Elle en était là dans ses réflexions morbides lorsqu'elle percuta quelqu'un. Il fallait qu'elle se concentre. Debby se retourna promptement, prête à s'excuser, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Face à elle, visiblement très amusée par la situation, se tenait Pernelle Drainier.

-Teagan Ulsterson ! Quelle surprise de vous croiser là !

-Oh... bonjour, Pernelle.

Elle n'avait qu'une envie : fuir. Courir loin de cette femme qui n'avait rien à faire là. Mais elle, au contraire, n'avait visiblement pas l'intention de la laisser filer.

-Que faites-vous dans ce bout du monde ?

-J'étais venue faire de la randonnée, avoua Debby du bout des lèvres.

-Excellent choix ! Le Mont Hays est splendide pour marcher. Ce que je préfère, c'est tomber au hasard sur des maisons abandonnées et laissées dans leur jus ! Personnellement, j'adore cet endroit.

Debby essaya de rester imperturbable malgré la panique qui la gagnait et paralysait son cerveau. Elle savait. Pernelle savait quelque chose. Elle devait rester calme, elle... elle savait quelque chose. Pernelle la fixait toujours de ses grands yeux noirs en amande. Elle savait.