Indienne McTuffy (La Trilogie - Tome 1)

Chapitre 9

Comment mon ennemi est devenu mon allié, mon plan Q puis mon pote en moins de deux heures.

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Léona parcourut la pièce du regard, cherchant désespérément une issue de secours : le t-shirt rouge de Neto, l'opulente chevelure de Tasha, n'importe qui ou quoi qui puisse la sortir de là. Mais déjà le rouge-gorge l'abordait.

-Tiens, Léona – elle haït instantanément la manière dont Deymee prononça son prénom – tu as perdu ton petit-ami ?

Son rictus suffisant la hérissa, mais elle s'efforça de lui servir le même sourire hypocrite qu'elle avait accordé à cette folle de Lekan.

-Ce n'est pas mon mec, mais oui je le cherche. Ça m'étonne que tu ne sois pas à ses côtés à rattraper votre amitié perdue.

Il lui rendit un sourire digne d'une publicité pour dentifrice, mais ses yeux brillèrent d'un éclat meurtrier.

-Ah, je vois que Tasha t'a parlé de cette vieille histoire. Mais puisqu'on cherche tous les deux la même personne, pourquoi ne chercherions-nous pas ensemble ?

Avant qu'elle n'ait eu le temps de protester, il l'attira contre lui et murmura à son oreille :

-Un conseil : reste avec moi. Tu n'as pas idée de l'endroit où tu as mis les pieds. Tu vois ce groupe là-bas, à côté de la sono ?

Sa vision était en partie bloquée par les groupes alcoolisés mais Léona fit de son mieux. Un vertige la saisit.

-Poussière de fée.

-Exact. Il faut que tu sortes de cette maison. Suis-moi.

Il s'écarta d'elle avec un sourire ironique et lui arracha son gobelet pour l'avaler d'un trait. Léona haussa les épaules et suivit le rouge-gorge à l'intérieur, le remerciant vaguement lorsqu'il lui tendit son sac sorti de nulle part. Maintenant qu'elle y prêtait attention, la quantité de drogue qu'elle voyait circuler de main en main la faisait frémir ; et, bien qu'elle ne lui fasse pas confiance, elle devait avouer que Deymee était le seul qu'elle n'ait pas vu en possession de poussière de fée. Lui, Neto et Tasha.

La possibilité que Neto l'ait faite venir ici pour pouvoir se fournir en drogue lui éclata au visage. Un hoquet d'horreur lui échappa. Voyant qu'elle ralentissait, Deymee lui lança un regard interrogateur mais d'un geste, elle lui fit signe de trouver un endroit plus calme pour parler.

Il la conduisit d'un air suffisant dans la salle de bain de l'étage et ferma la porte derrière eux. C'était plus que tendancieux mais, pragmatique, Léona décida de passer outre. Elle avait d'autres choses à se préoccuper que ce que pouvait penser une bande de drogué·e·s.

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

Aussi stupéfiant que cela puisse paraitre, Deymee lui sembla vraiment préoccupé. Secouant la main comme pour diminuer l'importance de ses pensées, Léona exposa avec désinvolture :

-Je viens de me demander si Neto ne trempait lui aussi pas dans tout ce trafic, et si Tasha n'était pas une sorte de baronne de la drogue à la Pablo Escobar.

Le rouge-gorge lui attrapa le visage entre ses mains. Horrifiée, elle crut qu'il allait l'embrasser mais la porte s'ouvrit à toute volée, le stoppant net. Il laissa échapper un grognement de frustration.

-Putain, tu ne vois pas qu'on est occupé·e·s ?

-Il y a des chambres pour ça, connard... Léona ?

Sa voix, mi-horrifiée, mi-dégoutée, provoquèrent des sueurs froides le long de la colonne vertébrale de la jeune fille. Neto. Il allait tout mal interpréter !