Chapitre 8

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Il avait tenu parole. Le nez à l'air, les yeux plongé dans le ciel, je profitais des rayons de soleil qui réchauffait mon visage.

« Comment tu te sens ? M'interrogea Marnie.

-Bien, fis-je honnêtement. Aller dehors m'avait manqué. »

Je bougeais mes béquilles, faisant attention à ne pas réveiller ma jambe. Les douleurs étaient constantes, et parfois elles me rendaient dingue. Je finissais toujours dans un état second, cajolé par deux bras puissants. Pas une seule fois, lorsque mes douleurs me prenaient la nuit, je m'étais retrouvé seul. Kai était apparu à chaque fois, me lovant contre lui. Le plus dingue dans cette histoire était que mon corps réagissait, et je me détendais. Sa présence me reposait, ce qui était incompréhensible. J'étais son ennemi... Il n'aurait jamais dû être tendre avec moi. C'était une erreur, qui pouvait être fatale. Je le savais très bien. Ma seule entorse au règlement pour ce jeune loup me l'avait fait comprendre. Il avait dû périr et j'étais resté enfermé plusieurs semaine peu alimenté et seul dans une cave. Mes parents ne m'avaient pas tuer parce que j'étais encore sauvable et que ce n'était pas entièrement de ma faute. Suite à cela, j'avais été déscolarisé parce que l'éducation qui prônait la tolérance entre individus se répercutaient sur moi et ma vision des choses. Mon frère, lui, n'avait jamais eu de problèmes à bien connaître les limites même en allant à l'école pour mieux se fondre dans la masse... Je soupirais, secouais mon visage pour chasser ces horribles souvenirs et scrutais les lieux autour de nous. Je notais des enfants qui jouaient, des parents qui regardaient leur progéniture tout en me scrutant d'un coin de l'oeil. Marnie suivit mon regard et nota :

« Laisses-leur le temps de s'habituer à ta présence. »

Mon regard fit fuir le leur et je m'arrêtais. Je pouvais comprendre ce qu'ils craignaient, et ils n'avaient pas tort. Si je partais d'ici, je ne pourrais pas ne pas revenir. Et je ne serais pas seul.

« Ils ne devraient pas, marmonnais-je alors. »

Je repris mon avancée, prenant une cadence plus grande parce que je ne voulais pas expliquer mes pensées à Marnie. Je sentais la culpabilité qui pointait, le regret et l'amertume en moi. Cela faisait des années que je les portais en mon coeur. Je m'étais rendu compte treize ans auparavant que je n'aurais pas le choix que de vivre comme ils le voulaient. Mon libre arbitre était faux. Si je voulais cesser d'être chasseur, alors je savais que je serais retrouver sans vie. C'était la règle. Être chasseur, c'était jusqu'à la mort. Ils le prenaient littéralement en compte. Je n'étais qu'un pion sur un échiquier. Ce qui me fit craindre que toute cette mascarade ne soit provoquée par les chasseurs pour coincer la meute d'Onyx. Pourquoi ? Je n'en savais rien. Mais plus les jours passaient, plus je devenais parano et je me répétais que je ne devais surtout pas me lier avec les chihuahuas. Mon clan était capable de tout. Je regrettais d'être loin d'eux parce que des journées libres me poussaient à penser bien trop. Je ne pouvais pas être faible, et encore moins dans cette tanière. Alors que j'étais encore perdu dans mes pensées, et que j'avançais, je n'entendis pas les pas lourds qui semblèrent faire trembler la terre. Ce ne fut que lorsqu'une bête fine mais robuste sauta sur moi et me renversa que je me rendis compte qu'il y avait un petit problème. Je tombais à la renverse, ma jambe et mon dos prenant le choc et je hurlais sous la douleur. Un souffle s'abattit sur mon visage, et deux yeux rouges me fusillèrent sur place, menaçants. Les babines retroussées, le loup me surplombait de toute sa hauteur. Or, plutôt que d'être effrayé, j'étais bien trop préoccupé par ma douleur lancinante. Mon esprit dans le brouillard capta tout de même le cri de Marnie :

« Bébé ! Dégages-toi de Jessy ! »

Le loup gronda puissamment et je tournais difficilement mon visage dans la direction de la rousse, qui avait les mains sur les hanches et les sourcils froncés.

Le clan Benett - T1 - Jessy - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant