Kai me posa sur mon lit, et je grimaçais sous l'effet de la douleur. Mes inspirations étaient difficiles, et je me sentais faible. Physiquement mais aussi mentalement. C'était la première fois que j'étais à ce point handicapé. Même lorsque j'avais été blessé ailleurs, je ne m'étais pas senti aussi impuissant. Après tout, ma convalescence était réduite au maximum avec les chasseurs. Je ne pouvais pas me reposer sur mes lauriers, et encore moins faire preuve de faiblesse. Devant des créatures nocturnes, c'était synonyme de mort. Ces êtres étaient bien plus puissants que nous autres, humains, et nous savions que nous ne nous battions jamais à armes égales. Nos chances de survies étaient réduites face à eux. Deux mains glissèrent le long de mon mollet accidenté, et je recentrais mon attention sur le loup qui inspectait son état. Je ne l'avais pas senti retirer les bandages, signe que la douleur devait vraiment être puissante. En scrutant ce membre scarifié, j'en frissonnais et détournais mon visage. Si tout ça n'était jamais arrivé, je ne serais pas coincé ici à m'interroger sur tous les doutes que j'avais tant repoussé depuis mes onze ans. Tuer, tuer, tuer. C'était ma seule rhétorique. Il était hors de question que ce soit moi qui meurt, je tenais trop à la vie. L'alpha tourna ma cheville et j'avalais un râle. Ses yeux me sondèrent alors, et il articula :
« Ta cheville a sûrement été foulée, rien de bien grave. »
Je soupirais, fermant les yeux et me maudissant. Si je n'avais pas épargné cette gamine à l'époque, alors peut-être n'aurais-je pas été agressé ainsi. Pourtant, je ne le regrettais pas. Je n'avais jamais eu de remords à en épargner. A l'époque, je pensais que c'était pour qu'ils souffrent. Je remettais mon jugement en doute. Il me semblait plus probable que c'était parce que j'étais faible, et mes parents n'avaient pas torts à l'époque. Même encore aujourd'hui, tous faisaient attention avec moi. J'avais tant essayé d'être l'un des leurs, j'avais mis les bouchées doubles...
« Jessy, entendis-je alors près de moi et mes yeux rencontrèrent deux orbes jaunes. »
Je me raclais la gorge, et lançais :
« Quoi ?
-J'ai besoin de te redresser mais il me faut ton aide. Tu as aussi une douleur dans le dos. »
Je fronçais mes sourcils, n'ayant pas eu souvenir de l'avoir énoncé à voix haute. Ou alors, je l'avais dit. Je ne m'en souvenais plus vraiment.
« Ok, fis-je. »
Je me tortillais pour qu'il puisse m'agripper et finalement, il me redressa avec douceur. Comme à son habitude, il se glissa dans mon dos et me permit d'être en position semi-assise. Je soufflais de bien-être, ayant l'impression que je ne portais plus entièrement mon corps. Je laissais mon crâne tomber sur son épaule, et son souffle vint caresser mon cou. Je n'aurais pas dû apprécier cela, et encore moins que ça ne devienne une habitude. Un rituel qu'il initiait à chaque fois que j'avais mal. Nous ne parlions jamais vraiment, pourtant sa présence m'était rassurante. Et c'était mal, parce que c'était mon ennemi.
« Tu as vraiment épargné des vies ? Entendis-je alors. »
Je soufflais, n'ayant pas envie d'en discuter. J'ouvris alors mes prunelles, les glissais dans les siennes. Ses yeux étaient si vivants et lumineux.
« Ce n'était pas pour la bonne cause, dis-je en doutant de ce mensonge que je m'étais répété. »
Il y eut un long bruit réflexif. Il me demanda ensuite :
« Pourquoi être chasseur ? »
Avais-je eu le choix ? Jamais. Même partir m'était inconcevable. Je m'appuyais plus sur lui et ses bras vinrent s'enrouler autour de moi tandis que ses jambes se redressèrent pour nous stabiliser. Une chaleur se creusa dans mon ventre, et je me détestais pour ça. J'étais faible.
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Le clan Benett - T1 - Jessy - Terminée
FantasiaDans le monde des Benett, il n'y a pas de place pour la clémence. Un chasseur se doit d'abattre son ennemi. Une discipline à laquelle Jessy Benett, fils des chefs de ce clan s'est toujours assuré de suivre. Or, quand il se retrouve blessé, faible, i...