De retour dans ma chambre, je comptais presque les secondes passer pour m'occuper. Je me faisais chier à mourir, et je ne cessais de ressasser aussi mon passage dans le sous-sol. Je n'avais pas été torturé, mais je me doutais qu'ils avaient tenté de jouer avec mes nerfs. Ils allaient sûrement joué avec ma psychologie pour me faire craquer. Je soufflais, fermais un instant les yeux. Je me doutais que la confirmation de mon identité allait être un avantage pour eux. C'était aussi une malédiction. Le clan allait se mettre à les flairer et les retrouver, puis les exterminer. On ne touchait pas aux chasseurs.
« C'est le repas, lança une voix fluette. »
J'ouvris un œil et notais l'arrivée de Marnie. Je coulais ensuite un regard au ciel et compris qu'il était midi. J'avais droit à deux repas : midi et soir. Sinon, j'avais de l'eau. Marnie s'assit sur mon lit sans me demander, maintenant habituée à ma présence ou alors c'était l'inverse.
« C'est poulet curry riz ce midi, m'indiqua-t-elle. J'adore ce plat. »
Sans la regarder, j'articulais :
« Ne fais pas semblant d'être sympa avec moi. »
Sa réponse fut longue à venir, mais lorsqu'elle passa sa bouche, je ne m'attendais pas à ça.
« Je ne joue pas la comédie. »
Elle marqua une pause, et soupira :
« J'ai surtout de la peine pour toi. »
Je roulais des yeux, je n'avais pas besoin qu'on me voit en victime. Je n'étais pas à plaindre pour l'instant. Il y eut de nouveau un silence, et Marnie déclara :
« Pour être honnête, je suis triste que tu ne veuilles pas voir la vérité en face. »
Cette réflexion me fit tourner le visage vers elle, et je notais qu'elle regardait ma nourriture d'un air absent. Rien dans ses traits ne m'indiquaient qu'elle mentait. Plus encore, je commençais à entrevoir que cela faisait parti de sa personnalité, et ça me mettait dans une situation délicate. J'étais mal à l'aise, et perturbé.
« Je sais que tu viens d'un clan de chasseur qui extermine toutes les espèces hormis les humains, sans de réelles raisons. Ça veut dire que tu as été élevé dans une idéologie biaisée, et qui ne représente pas la réalité. C'est ce qui me rend triste pour toi. »
Elle déballa mes affaires, et les plaça d'un air absent à ses côtés ensuite.
« On t'a fait grandir dans une logique de haine, et la haine n'attire que la haine.
-Tu ne serais pas né dans une famille très croyante, par hasard ? M'entendis-je dire. »
Elle se figea et planta ses prunelles claires dans les miennes. Elle acquiesça doucement, et avoua doucement :
« Croire permet de faire face à l'adversité et de mieux comprendre certaines choses du monde. Ça permet aussi d'être plus en paix. »
Je ne dis rien, et me redressais pour attraper le plateau repas et manger. Marnie m'observa un instant, et déclara alors que je portais ma fourchette à ma bouche :
« Est-ce que ta maison te manque ? »
Je redressais mes yeux, la sondais et me rendis compte que je n'étais pas capable de répondre. Le mot « maison » n'avait pas vraiment de sens pour moi.
« Quel que soit la personne face à vous, si celle-ci est du côté des monstres, alors vous devez l'abattre. Humain, ami, frère ou sœur, nous indiquait notre père constamment. Nous sommes une famille que si nous sommes sur la même longueur d'onde. »
VOUS LISEZ
Le clan Benett - T1 - Jessy - Terminée
FantasiDans le monde des Benett, il n'y a pas de place pour la clémence. Un chasseur se doit d'abattre son ennemi. Une discipline à laquelle Jessy Benett, fils des chefs de ce clan s'est toujours assuré de suivre. Or, quand il se retrouve blessé, faible, i...