C'était presque devenu coutumier que je sois abandonné dans le salon, que je commençais à connaître par cœur. Ils prenaient toujours autant soin à ne me faire entrer en contact qu'avec Marnie. Je voyais l'alpha qu'au levé et au couché. Il n'était pas très loquace, et se contentait de m'abandonner à mon sort. Alors, ce matin, quand il m'attrapa et m'aida, je m'empressais de lui demander :
« Tu prends le petit-déjeuner avec moi ? »
Il se figea naturellement à ma demande, et me regarda longuement. Ses prunelles se plissèrent, et il déclara :
« Je sais très bien ce que tu as derrière la tête, et ce ne sera pas facile comme tu le penses. »
Je jouais les innocents, m'agaçant :
« J'en ai juste marre de passer ma journée seul, sans contact extérieur. »
L'alpha – dont je connaissais toujours pas le nom – roula des yeux. Il m'installa sur le fauteuil, prépara le nécessaire et quand je fus fins prêt, il posa ses mains sur les accoudoirs et planta ses onyx sur moi.
« Tu essaies d'endormir notre méfiance, et donc de gagner notre confiance, comprit-il. Ca ne marche pas comme ça, surtout quand on a un Benett chez nous. »
Je soupirais, agacé qu'il voit dans mon jeu aussi clairement. J'étais vraiment nul à jouer aux détectives. Tuer était plus simple. C'était pourquoi le clan m'envoyait toujours faire le sale boulot. J'étais nul dans tout le reste.
« Pourquoi me garder en vie ? Déclarais-je alors. »
Il me jaugea longuement, ne bougeant pas. Seules nos respirations emplissaient la pièce. Mes yeux plantés dans les siens, je patientais pour la réponse qui fut longue à venir. Quand elle tomba, elle ne m'apprit rien :
« Nous avons nos raisons. »
Sur ces paroles, il se redressa et s'apprêta à m'abandonner. Je tendis donc ma main, agrippais son poignet. Ce fut comme une brûlure pour nous deux. Il m'écarta vivement, et je ressentis une grande chaleur dans ma poitrine et ma main. Je fronçais les sourcils, passant de mes doigts à l'alpha. Finalement, je me repris.
« Attends, s'il-te-plaît. Juste ce matin. »
Ses prunelles me jugèrent durement, et il se contenta de secouer son visage sans rien dire et de disparaître, en m'enfermant naturellement dans cette foutu pièce.
« Fais chié ! M'énervais-je alors. »
J'en avais ma claque d'être ainsi coincé, empêché de me mouvoir. Je laissais mon crâne tomber sur le dossier du fauteuils, me disant que cette situation me rendait dingue. Je pensais avoir un mental assez fort pour supporter cette solitude, mais cela devenait pesant. J'espérais simplement que les choses bougent, s'améliorent et me donnent une porte de sortie. C'était sans espoir. Si ma vie devait se résumer à ça encore de longues semaines, j'allais perdre ma patience.
***
Dans l'après-midi, alors que je somnolais, des pas attirèrent mon attention. Je me redressais, et découvris alors une gamine aux traits fins, à la peau mat et aux cheveux bouclés et clairs qui me rappelaient vaguement un loup blond. La petite se figea quand elle s'aperçut que j'étais éveillé et son regard fut peureux. Je la toisais, curieux, et en même temps des images s'imposèrent à moi. J'avais tué des gamins de son âge. Je détournais donc le regard, ce qui sembla la convaincre de rentrer. Elle ferma la porte, et j'entendis quelle s'adossa quelque part.
« On dit que faut pas t'approcher, déclara-t-elle.
-Alors pourquoi t'es là ? Dis-je, mal-aimable.
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Le clan Benett - T1 - Jessy - Terminée
FantastikDans le monde des Benett, il n'y a pas de place pour la clémence. Un chasseur se doit d'abattre son ennemi. Une discipline à laquelle Jessy Benett, fils des chefs de ce clan s'est toujours assuré de suivre. Or, quand il se retrouve blessé, faible, i...