CHAPITRE 8

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« – Max ? Allô mon cœur ? Comment vas-tu ? Je croyais que tu devais manger à la maison dimanche ? Tout va bien ?

– Désolée Maman, j'ai eu un changement de plan au dernier moment, je suis vraiment désolée pour le repas, je...

– Pas grave ! On fera ça dimanche prochain. Comment vas-tu ?

Max mordille la manche de sa veste en jean, en jetant un regard désespéré à Hope, accoudée au mur. Comment va-t-elle annoncer à sa mère qu'elle a quitté les études, son appartement à Lyon et toute son ancienne vie, et qu'elle vit actuellement à Paris, chez un ancien dealer marseillais ?

You cannot avoid la question eternally, Max, il faut que tu lui dises, darlin'.

La chanteuse lâche un soupir angoissé et reprend d'une voix tremblotante :

– Maman, je...

– Oh au fait ! Ton père m'a montré la vidéo, sur internet, là, où tu chantes. Je suis très heureuse que tu aies recommencé la musique, tu es très douée ! Tu as eu le temps de l'enregistrer entre tes révisions ardues, toi qui travailles tant ? Demande sa mère avec un rire.

Max prend une grande respiration, se rappelle de son bonheur sans limite, son sentiment d'être à sa place quand elle chante sur scène, et se lance en stoppant ses pensées intrusives :

– À ce propos, maman, j'ai... je ne suis plus à Lyon. Je me suis – temporairement – installée à Paris, chez un – euh – ami, et j'ai aussi quitté la Fac. En fait je crois que j'ai réalisé que j'étais plus heureuse en tant qu'artiste, en tant que chanteuse, tu vois. Je suis beaucoup plus épanouie et je comprendrais si jamais papa et toi m'en vouliez mais je crois que j'ai enfin trouvé mon bonheur.

La jeune femme reprend sa respiration, après avoir brusquement débité un monologue sorti de nulle part.

– Oh ma chérie ! Je- Je suis très étonnée par cette décision venant de toi, tu sais. Ça ne ressemble pas à l'étudiante sérieuse et studieuse que tu étais devenue depuis le lycée ! Mais tu veux savoir la vérité, Max ? Je suis très fière de toi. Tu apprends à te connaître, à écouter tes besoins, à savoir ce qui est le mieux pour toi, et ça me fait plaisir de le constater. Si tu es heureuse ainsi, alors je le suis aussi. Allez, je ne te retiens pas plus longtemps, ma chérie, j'imagine que tu as plein de choses à faire ! Tu as des grosses bises de ton père. Amuse-toi bien ma petite chanteuse ! »

Max reste bouche bée devant le combiné, et lâche un soupire soulagé. Un poids se libère dans sa poitrine, et une voix un peu cassée lui adresse :

« – Told you, il ne fallait pas s'inquiéter, ta mère a l'air sooo great !

– Elle l'est, acquiesça Max, elle l'est vraiment.

Un sourire s'étend sur son visage. Elle voit Zack arriver au loin, une grenadine à la main, proposant contre toute attente :

– Je pense qu'on va pas tarder à rentrer, Hope tu veux rester ce soir, y'aura bien une place sur le canapé, non ?

L'américaine laisse échapper un rire amer, n'ayant pas tout à fait pardonné l'accroc de la dernière fois, mais Max ne lui laisse pas le temps de refuser, et l'attrape par la manche de sa veste en cuir.

– Quelle bonne idée que tu as là ! Allons-y ! »

Et tout·es les trois se retrouvent assis·es sur la sol du petit appartement de Zack, fatigué·es après cette riche soirée.

« – Venez la prochaine fois qu'on joue, on fait du Queen, propose le marseillais avec un air rêveur.

– On n'a pas de bassiste, Zack ! Réplique Hope.

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